Chroniques

Chroniques (703)

Le combo d’Atlanta est attendu au tournant avec ce nouvel album intitulé « The revenge of rock », tant les retours perçus par son prédécesseur « Imaginary Creatures » étaient excellents. Alors, pourquoi changer une équipe qui gagne ? C’est une nouvelle fois avec le producteur Andy Reilly (Bruce Dickinson, Ufo, Cradle of Filth, …) que le groupe s’est enfermé au Muse Productions. Il en résulte « The revenge of rock », probablement l’album le plus diversifié de la carrière des Américains. Ce nouvel opus est un condensé de ce qui se faisait et se fait le mieux sur la scène rock et hard-rock. Qu’on l’aime puissant, lourd et mélodique (« Freak show », « Strange »), entrainant avec de gros backings façon Mötley Crüe (« War »), fédérateur et en mode hard fm (« Looking for me », « Somebody new » - véritable hit que Bon Jovi aurait pu pondre) ou bien percutant et nous donner envie de faire la fête (« Rat race », « The revenge of rock »), … tout se retrouve dans ce nouvel album de Kickin Valentina. On poussera même jusqu’à l’obligatoire ballade mélodique et mélancolique que tout bon groupe des « eighties » doit livrer avec le plutôt réussi « Heart tattoo ». Sans réelle identité, Kickin Valentina réussit le pari de nous faire voyager à travers les époques du rock, ne nous laissant à aucun moment l’envie d’écouter autre chose, et surtout nous donne l’envie de passer un bon moment musical. « The revenge of rock » est à recommander aux fans de Guns N’ Roses, AC/DC, Mötley Crüe, Bon Jovi mais également aux fans du Bruce Springsteen de la première époque.  

Jahbulong s’est invité au Sabbat Noir, mené par le Magicien Électrique, pour invoquer le dieu Sommeil. Au fil de quatre longues compositions, enfumées et parfois traversées de leads acides, les Italiens, l’esprit hanté par les 70’s, étirent à l’infini, sur un rythme toujours plus lent ("The Eremite Tired Out" conclut en apnée ce disque étouffant, ce qui est un compliment), des riffs gras sur des guitares riches en fuzz. La basse menace, tapie dans l’ombre, quand les rares vocaux sont lointains, comme des échos d’un enfer qu’ils ne veulent pas quitter. Sans compromis, adepte des canons du genre, le trio signe un album de doom/stoner qui ravira les puristes. Éteignez les lumières, allumez les bougies, brûlez l’encens, activez le bong… et posez "Eclectic Poison Tones" sur la platine : décollage immédiat pour une autre dimension.

22.02.21 18:35

FROZEN SOUL - "Crypt of ice"

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Il y a des groupes dont vous ignorez totalement l’existence qui, avec un petit coup de pouce d’un gros label, vous explose à la figure. C’est le cas ici avec les Texans de Frozen Soul qui sortent leur premier album intitulé « Crypt of ice ». Et après une simple écoute de ce brulot, on comprend tout de suite pourquoi Century Media a voulu les signer. Doté d’une production ultra glaciale, Frozen Soul délivre un death metal teinté de grind comme personne n’en a jamais proposé. On parle ici principalement de mid-tempo ravageur et lourd à souhait. Imaginez un peu ces fameux mid-tempo à la double pédale façon Obituary mélangé à un death metal explosif à la Bolt Thrower. Ajoutez-y un jeu de batterie rappelant Morbid Angel et surtout des passages ultra lourds de grind ainsi que des moshparts allant de Mortician à Kataklysm (époque « In the arms of devastation »). Mettez tout cela dans un shaker et vous obtenez une machine redoutable qui fait très mal. Frozen Soul ne fait pas dans la dentelle. Prenez les morceaux « Beat to dust », « Mercyless » ou « Twist the knife (et sa basse distordue typiquement grind)… tous ces joyaux sont là pour vous mettre en pièce et tout détruire sur votre passage, vous y compris. Les Américains m’ont fait prendre un kiff de dingue en écoutant l’intégralité de « Crypt of ice » et cela ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Bestial, glacial et puissant, Frozen Soul est à mettre entre les mains de tout fan de death metal et de grind.  

Ende, derrière un blizzard norvégien, dessine des territoires hantés. Au-delà de la fureur des riffs, au-delà de l’ardeur de la batterie, au-delà de l’horreur de la voix, se glissent des ombres malsaines, nées ici d’une guitare sèche désespérée, là d’un sinistre violon, là encore d’un inquiétant coup de cymbales. Dès l’intro, le malheur, qui suinte de la magnifique pochette, régnait… et il ne cesse de se développer au fil de longues compositions, aux rythmes variés. Tantôt frénétiques, tantôt mid-tempo, toujours lancinantes, presque hypnotiques, les chansons se déploient comme un vol de corbeau au-dessus d’une forêt enneigée qui cache mille histoires morbides, mille secrets inavouables.

Ende signe un avec "Mörnöyr, bienvenue en terre du Diable" une pépite black, qui brille d’une honnêteté et d’une maîtrise rares.

Nemtheanga poursuit une carrière sans faute. Que ce soit avec Primordial, son groupe principal, la plupart de ses projets (Blood Revolt, Twilight Of The Gods) et donc Dread Sovereign, le charismatique chanteur maintient un niveau de qualité impressionnant. "Alchemical Warfare", troisième opus de DS, ne fait pas exception. S’éloignant des rivages obscurs du doom – même si de belles traînées de ce style demeurent – le trio plonge désormais dans un heavy poisseux, placé sous le signe de Black Sabbath, sali par la rêche influence de Venom ou Bathory, dont il reprend le direct et jouissif "You Don’t Move Me (I Don’t Give A Fuck)".

Les compositions ont l’immense qualité de prendre leur temps, de s’étirer, de se développer en longues plages instrumentales aux atmosphères variées et magiques, souvent inquiétantes, à l’image de la terrifiante intro, "A Curse On men". Ainsi, quand surgit la voix de Nemtheanga, invocatrice, pour déclamer ses paroles diaboliques, l’effet est-il impressionnant, comme si jaillissaient les incantations d’un grand prêtre satanique ("Nature Is The Devil’s Church"). Le groupe sait aussi tisser des riffs accrocheurs, posés sur  une batterie martiale, dessiner des refrains qui restent en mémoire ("She Wolves Of The Savage Season") pour signer un disque de haute tenue.

Sans aller dans les détails plus ou moins légaux et complexes (même si la mention « pays » en atteste quelque peu), on se contentera de dire que le groupe propose ici une nouvelle salve après les deux premières incursions début d’année passée avec son nouveau chanteur Stéphane Gerbaud (qui apparemment, serait resté longtemps dans l’ombre après ses participations à Anorexia Nervosa et Necromancia !). Bref, même si le nom de l’album demeure assez nul (jamais deux sans trois, mais pour le coup…), on se dit qu’il est finalement assez bien choisi : il est d’une immanquable continuité à la saga débutée il y a plus de cinq ans de cela. Les thématiques sont nombreuses dans le genre et on n’est guère étonné de retrouver celle du cauchemar pleinement personnifié pour un troisième tour de carrousel (ou de train fantôme, c’est de circonstance). Le titre est ici en un seul morceau et non divisé en deux comme pour le précédent : sans doute plus logique, il faut bien le dire. Un peu moins long aussi, mais gardant l’essentiel d’une bonne recette. Le titre est très atmosphérique, avec des teintes lugubres et obscures, parfois même réellement inquiétantes et oppressantes. On nous offre que très peu de répits durant ces trois quarts d’heure d’intensité hypnotique, flirtant parfois avec le réel malaise, mais toujours calmé par le travail fait sur l’ambiance, notamment à l’aide de « bruits » rajoutant une couche de « réel », d’autant plus immersive. Malgré ces petits instants d’accalmie, notamment lorsque la voix du sieur Gerbaud se met à jouer des coudes pour écarter la guitare, on admettra tout de même que cette longue virée cauchemardesque est tout de même un peu longue, au point d’être un peu lassante dans son dernier quart (même ce que l’on qualifierait d’outro s’éternise pendant bien trois minutes !) Pour le reste, les fans du bonhomme seront contents de retrouver ce troisième opus, dans la digne lignée du second plus encore que du premier et qui pose la question : est-ce qu’on doit s’attendre à une tradition annuelle désormais ?

22.02.21 18:12

156/SILENCE - "Irrational pulse"

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Pour tous ceux qui n’ont pas encore entendu parler de 156/Silence, la possibilité vous est donnée de découvrir ce terrible opus des Américains via une version « deluxe » proposée par Sharptone records. Mais 156/Silence, c’est quoi ? C’est un hardcore metal déjanté qui fait mal, voir très mal. Un mélange de riffs et rythmiques apocalyptiques complètement destructrices avec des mélodies sublimes laissant entrevoir un quelconque espoir… futile. Chaque instrument est à sa place, en commençant par une basse ultime, le tout provoquant un impact irréversible sur notre cerveau et notre corps… bref, des dommages collatéraux à prévoir. On pourrait citer Code Orange pour le type d’impact que « Irrational pulse » peut provoquer. Sur cette version « deluxe », en plus des dix morceaux déjà présents sur la version dite classique de l’album, on retrouve « Vexation » et son rythme plus fédérateur taillé pour la scène et « No angel », véritable bombe dans la pure lignée du style proposé par le combo de Pittsburgh. Mais la pépite de cette réédition est bien la reprise étonnante du « Them bones » de Alice in Chains, complètement retravaillée dans l’esprit de 156/Silence qui réussit à s’approprier totalement l’hymne des légendes du grunge. Vous l’aurez compris, « Irrational pulse » ne m’a pas laissé indifférent. 156/Silence vaut le détour. Sur ce, je vais me reprendre un uppercut !

22.02.21 17:59

SURUT - "Surut"

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Surut, quintet en provenance de Finlande, matérialise son existence avec ce mini-EP de quatre titres tout en intensité. Dès les premières notes, se fait remarquer le son très travaillé à la texture riche et enveloppante propre au shoegaze. Le groupe sait créer des ambiances qui prennent aux tripes et n’hésite pas à piocher dans plein de styles différents pour créer des atmosphères élaborées et variées qui emportent l’auditeur dans un état contemplatif. De « Vihollinen » aux relents hardcore à « Palo » aux éléments black old school et post-rock, ce mini-EP est un pur joyau de blackgaze qui n’a pour unique critique que d’être trop court. Voilà un groupe à suivre de près et nous attendons la sortie de leur premier album avec impatience.

02.02.21 18:51

TURPENTINE VALLEY - "Etch"

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Il y a des groupes dont on oublie de parler, pour une raison ou l’autre, au moment de sa sortie, mais qui vous rattrapent un jour ou l’autre et qui viennent vous mettre une claque monumentale. C’est par hasard lors d’un trajet banal en voiture que « Etch » s’est mis en route, véritable monstre me punissant par sa puissance. Originaire des Pays-Bas, le trio pratique ce que l’on appelle du post metal, mais pour moi Turpentine Valley joue du Turpentine Valley. Durant les sept morceaux qui composent ce nouvel album, on passe par tous les états possibles, variant les morceaux, tantôt bestial, tantôt nous prenant aux tripes. En effet, la force de « Etch », c’est de permettre à l’auditeur de s’imaginer une histoire et une trame et de la faire évoluer dans sa tête. Et de pouvoir recommencer ensuite. Ici, on ne parle que d’instrumental, avec une basse ultra claquante qui vient pousser les guitares mélodiques en tout temps (que ce soit sublime ou dissonant). La superposition rythmique vient créer une réelle différence avec tout ce que l’on peut entendre de nos jours. De « Abrupt » rappelant Deftones à « Compromis » dont la lourdeur évoque Mastodon, Turpentine Valley se veut sombre, magnifique, oppressant (« Onweer »), effrayant (« Ballast »). Les deux meilleurs exemples sont « Trauma » et « Compassie », deux bombes de plus de sept minutes, véritable condensé d’émotions, atteignant leur apogée, nous rendant vulnérables et heureux en même temps. « Etch » ne pourra pas plaire au plus grand nombre, car étant anti-commercial. Mais au final, on s’en fout. Au-delà de la musique proposée, le coup de maître des Hollandais est d’avoir créé une bande son pouvant servir l’imaginaire de l’homme, et au groupe de s’immiscer dans l’univers de chacun, et non l’inverse. Juste sublime ! 

Le lockdown provoque chez certains l’envie de composer et proposer de nouveaux morceaux aux fans. C’est le cas pour The Fallen Prophets qui, déjà auteur d’un full album en février dernier (« Relentless Killing Motivation ») remettent le couvert en cette fin d’année avec un nouvel ep au titre évocateur au vu de la situation actuelle : « No end in sight ». Après plusieurs écoutes cette récente offrande, on peut clairement dire que l’ombre d’Aborted et Benighted plane constamment sur les Sud-Africains. Les mélodies malsaines et la brutalité sans nom du premier mixée aux passages lourds et au death direct du second font de « No end in sight » une arme redoutable. Mais le problème, c’est que durant l’écoute des six morceaux de cet ep, la sensation constante de déjà entendu se fait ressentir. De la production en passant par le chant, l’impression si l’on ferme les yeux de voir l’ami Sven De Caluwé en action vient ternir l’envie d’en vouloir plus. Et ce n’est pas l’arrivée d’éléments plus techniques comme sur « Believe » rappelant The Black Dahlia Murder et Cattle Decapitation qui y changera quoique ce soit. « No end in sight » est percutant, direct, brutal, apocalyptique et surtout sacrément bien foutu… Mais sans identité propre. La nouvelle livraison plaira tout de même aux fans du genre en attente de nouveauté de la part des groupes précités.