Depuis ses débuts en 2009, Whoresnation a laissé bien plus qu’une simple marque dans le paysage grindcore français puisque les Bisontins ont rapidement mis tout le monde d’accord et continuent à le faire d’ailleurs. Véritable machine toute aussi efficace sur disque que sur scène, le groupe brille par la richesse de ses sorties renfermant toutes de véritables perles de compositions grind matinées de death metal et au son délicieusement old school. Après les albums salués « Whoresnation » (2012), « Mephitism » (2018) et un bon paquet de splits et EP’s, Whoresnation revient avec un « Dearth » d’une qualité indéniable et faisant passer l’examen du 3e album avec mention. Avec un virage Death metal assumé mais qui ne met jamais à mal la base grindcore de la bande, ce dernier opus est encore une fois une collection de riffs du plus bel effet posés sur le lit d’une section rythmique aux reins diablement solides. Ajoutez à cela la production issue du Disvlar Studio (Blockheads, Eastwood…), connu pour mettre le grain qu’il faut là où il le faut, et vous obtiendrez un album savoureux, riche et subtil à sa manière. À écouter mais aussi à voir en live si l’occasion vous est donnée.
Si vous découvrez Thornhill comme moi, vous serez surpris, voire séduit, par le charme de leur album. Le frontman Jacob Charlton fait preuve d’un réel talent pour faire ressentir toute l’émotion à ses compositions. Prenez le cas de « Arkangel » qui commence comme un bon vieux Deftones mais effectue un virage à angle droit pour donner une impression de flottement. Thornhill a rapidement dépassé ses premiers signes extérieurs de metalcore (très présents dans leur précédent album « Dark Pool ») au profit d'un son et d'une esthétique plus luxuriants, audacieux et pleinement réalisés. « Valentine » pourrait être le titre le plus révélateur de l’ambiance nébuleuse et de l’émotion que j’essaie de vous expliquer dans ces lignes tant par son côté doux que par le chant (et accessoirement la batterie) sensuelle pouvant aisément accompagner les préliminaires d’une partie de jambes en l’air ;-D à contrario de « Casanova » qui est plus agressif (dans un sens léger du terme) et accompagnerai par la suite l’acte sexuel en lui-même. Je n’avais pas de meilleur exemple à donner pour retranscrire l’émotion ressentie à l’écoute de cette pépite australienne.
Difficile de ne pas comparer R.O.T. à Within Destruction à l’écoute de leur album. Changeant complètement de registre par rapport à leur précédent album, R.O.T. expérimente différents sons électro/moderne pour les incorporer à leur Deathcore. Violent, puissant et chant déchirant, les compositions sont cependant adoucies par une mélodie de fond absolument magnifique rendant aux différentes tracks une sensation de flottement pas du tout désagréable. J’ai osé faire la comparaison à WD au début de ma chronique mais cela n’est pas péjoratif du tout car effectivement la ressemblance y est mais le combo italien ne se contente pas de bêtement copier, ils ont leur propre son et signature, ce qui rend les compositions aussi plaisantes à l’écoute. Bref, changement quasi complet de registre pour R.O.T. par rapport à leurs débuts et c’est un changement gagnant. Quelques corrections seraient encore à apporter mais le résultat est très satisfaisant. Amateurs de Within Destruction et aux débuts de Heaven Shall Burn, laissez-vous tenter.
Après la sortie en 2021 de leur album « L.A. Collection » chroniqué par mes soins, je m’attendais à une nouvelle mouture dans la même veine. Quelle ne fut pas ma déception de retrouver le rythme très classic rock de l’album précédent. Non pas que celui-ci soit mauvais, loin de là mais c’est un peu comme si vous attendiez par exemple un nouvel album de Korn et qu’il vous sorte « The Path of Totality » (album de Korn avec une orientation dubstep). La majorité des chansons de « The New World » sont très plaisante à l’écoute et certains morceaux comme « Older » font penser à Twenty One Pilots (dans ce cas-ci à leur track « Stressed out »). Lucer change de registre et choque son public mais reste dans la catégorie des groupes qui savent ce qu’ils font et le font bien. Si vous aimez le changement et n’avez pas peur d’aller dans l’inconnu, votre âme d’aventurier sera servie.
Toujours une crainte au ventre, je me suis lancé sur cet album de Death Metal. Il est toujours difficile de ne pas tomber dans la routine et de créer des tracks vues et revues ou plutôt entendues et réentendues. Quelle ne fut pas ma surprise en m’attelant à la tâche et lançant les premiers morceaux d’Imperious. Variant les rythmes et la lourdeur dès leur début sur « Not My Funeral », Inexorable mixe parfaitement la lourdeur du Death Metal avec la technicité à la guitare et au chant gras qui s’accompagne. Je ne sais pas vraiment à qui comparer nos compères tant, à mon humble avis, leurs compositions sont uniques. Pas de fioriture, ni d’ajouts inutiles, Imperious est un diamant brut auquel il ne faut rien rajouter pour obtenir l’essence même du Death Metal. Rare sont les groupes à avoir compris qu’il ne faut pas une multitude d’instruments, de musiciens, de matériel pour faire du très bon. Inexorable est parvenu à un résultat quasi parfait, c’est une réussite inexorable. (Désolé je n’ai pas pu m’empêcher de la faire)
Nous étions quelque peu passé à côté de ce second album des Polonais de HIV qui sortait en début d’année. Que voulez-vous ? On ne peut pas être partout. Mais si les lignes que vous lisez en ce moment sonne bien comme une séance de rattrapage (pratique assez courante pour votre serviteur, soit dit en passant), c’est que le jeu en vaut peut-être la chandelle si vous aimez le grindcore qui fait la part belle à ses racines punks tout en y insufflant des variations de (très) gros death metal. Le programme est assez simple : 18 morceaux brefs et directs qui respectent les traditions et alternent joyeusement blasts et passages crust mid-tempo, le tout sur fond de lourdeur abyssale servie par une production rocailleuse à la Nails. Avouez que rien que sur le papier, ce trio a de quoi séduire l’auditeur averti. Ça tabasse sévère et ce juste le temps d’un café, ce qui laisse l’occasion de s’enfiler le disque 2 voire 3 fois d’affilée. Aucune subtilité et c’est tant mieux. Si vous aimez la sensation délicate du bloc de béton envoyé à bonne allure dans le coin du faciès, alors « The Bright Side Of Everything » est peut-être fait pour vous.
Fier guerrier du Heavy Metal, dans la lignée d’Accept sur son précédent album "Colder Than Heaven", Gengis Khan a calmé sa monture et rengainé son sabre sur "Possessed By the Moon". Le groupe dérive vers un Power qui évoque Powerwolf, sans jamais atteindre l’efficacité diabolique des Allemands ; aucune chanson n’est immédiate, aucune mélodie n’est imparable. Les incursions des claviers frôlent parfois le ridicule (le mid-tempo éponyme) et nuisent à des morceaux réussis, comme le vif "Possessed By The Wolf". Chœurs vaillants ("The Wall Of Death") qui soutiennent un chant efficace, rythmique solide (mention à la double grosse caisse), riffs tranchants (le musclé "Sandman" au refrain à entonner le poing levé) et soli bien troussés (le court mais intense "Extreme Power") sont certes au rendez-vous mais l’ensemble manque cruellement de personnalité.
Bien qu'ENTRAILS se soit formé au début des années 90, appartenant ainsi à la " première vague de Death Metal suédois old school ", le groupe fait un comeback d‘entre les morts en 2008 pour au final devenir dans les années qui ont suivi, un des groupes emblématiques de ce que l'on qualifiera à juste titre de nouvelle vague de Death Metal suédois old school. La formation tente ici avec "An Eternal Time of Decay » une sorte de nouveau départ représentant une sorte de redémarrage avec des chansons plus recherchées et originales tout en incorporant également une technicitée équilibrée sans perdre le côté old-school. Aimant leur genre bien-aimé, ils sont là pour tout simplement l'honorer et le font avec brio. Dans la même veine que des groupes comme Grave et Dismember, ENTRAILS réussit à garder cette énergie propre au genre, c 'est-à-dire brut et sans prise de tête. Certains morceaux comme “ Slayed to a Pile of Flesh” et Inverted Graveyard en sont la preuve vivante, le groupe le prouve ici à merveille.
Au final, ENTRAILS réussi à trouver son propre style, en mélangeant les riffs sur le thème du film d'horreur Ceux-ci imprègnent leurs chansons, tout en gardant une grande partie de l'essence de ce qu'est le Death suédois de la vieille école et qui n’est autre qu’une ambiance sombre avec une batterie qui explose, vous rentre dedans, avec quelques riffs mélodiques à certains moments et le tout bien mélangé avec un niveau technique entretenu. "An Eternal Time Of Decay" a de très bons atouts dans sa manche et permettra aux fans de passer un très bon moment.
Downset, originaire de Los Angeles, récemment signé et de renommée mondiale Nuclear Blast Records, et ayant récemment sorti des rééditions de leurs démos originales, nous sort ici leur tout premier album Maintain après 8 ans d’existence. La formation américaine nous revienne ici avec leur hardcore old-school, et ont puisé dans l’énergie et le code qui les caractérise depuis le début avec des thèmes primordiaux pour eux : la vie, la mort, l'amour, la haine, l'injustice... et la rue. Ce qui fait la force de cet album, c 'est que tout au long de l’écoute, les chansons sont liées les unes aux autres grâce au travail fourni sur les paroles. Les thèmes abordés par le chanteur sont nombreux, les amis, son équipe, son dévouement au travail syndical, on ressent clairement l’implication du chanteur dans beaucoup de domaines différents et est très sérieux à leur sujet. Les choses qui lui arrivent ou qui arrivent à ceux qui l'entourent sont très importantes pour lui et cela se ressent. Niveau musical nous ne sommes pas en reste pour autant dès les premières notes on se retrouve propulsés dans les années old school et ça fait du bien. Downset représente clairement le hardcore à l’ancienne, comme les piliersque sont Madball, Agnostic Front est bien d’autres que l’on ne vous présente plus. La basse bien clean et ronde, bien présente comme sur le morceau “Wreck it” ou “On lock (only the defest)”. Le chant avec ses vibes rap et par moment clean apporte une force au morceau. « The place to be » nous offre cependant des petites notes légèrement différentes. Rogelio "Roy" Lozano, guitariste et fondateur du groupe, ayant travaillé dans divers studios de renom a tout enregistré, aidé par Nick Jett de Terror et est finalisé par Howie Weinberg à Los Angeles. Le groupe nous propose comme produit final une belle palette d’énergie old school qui marche à la perfection.
Une intro un peu longue pour un album qui ne manque pas d’intérêt. Troisième album pour Charles Sangnoir qui succède à « Charlie Plays the Blues » et « On Fire ». Ambiance lounge où sont principalement utilisés des instruments des années soixante et septante. On peut aisément s’imaginer dans un salon à cocktail avec un bon verre, un cigare et Charles Sangnoir en fond musical voire même pour les plus connaisseurs d’entre vous, et je sais qu’on est plus nombreux qu’on ne le croit, assis entre amis à une table de poker avec un verre de whisky pure malt. Ne vous attendez pas à des riffs de guitare comme on peut en entendre dans un rock’n’roll à la Elvis Presley mais plutôt à un bon blues rock à la Johnny Winter ou une version plus calme d’un Gary Clark Jr. Si vous aimez la guitare électrique d’époque jumelée à une bonne vague de blues, Bunker est fait pour vous. Petit coup de cœur pour la track « Paris/Lisboa » qui m’a littéralement permis de m’évader hors de mon quotidien.
Suite à leurs 2 démos très réussies, Chaotian nous revient ici avec “Effigies of Obsolescence”. La formation danoise nous propose avec leur premier véritable full effort une combinaison puissante. Entre riff groovy et harmonies bien placées, ils nous envoient leur excellent Death metal en pleine tronche. La lourdeur des guitares sur les morceaux et l’accompagnement de bon gros blast beats nous fait l’effet d’une claque dans la gueule. Le morceau « Effigies of Obsolescence » nous balance une intro bulldozer d’une grande efficacité qui est limite déconcertante. Le morceau éponyme des danois nous met littéralement KO, le morceau « Fustuarium » ne laissera pas en reste certains fans de grosse ligne basse bien travaillées. Les morceaux s'enchaînent et l’écoute générale ne se décroche pas tellement, c ‘est massif et compact. A noter que les voix des deux chanteurs, guitare, chant et batterie-chant ont une grande importance à la réussite de leur premier LP. La lourdeur et le côté caverneux de leur chant se combinent finalement de manière magistrale à l’ensemble des compositions. Chaotian nous montre ici leur plein potentiel avec leur Death metal old school et brutal à la fois ce qui nous délivre une association parfaite.
Anachronistic est le produit de deux expatriés (un Américain vivant en Corée du Sud et un Ukrainien vivant en Pologne) unissant leurs forces pour créer quelque chose de vraiment unique, un son heavy black metal, mais recouvert de voix hardcore. En effet, Matt Ramarge (Chant-Paroles) et Umarlak (Multi-instrumentiste) se sont joint pour sortir ce « huit pistes » pour le moins original. Sonnant très old-school tant dans son enregistrement que dans sa composition, « 700 and 19 Ways of Decay » ravira ceux qui souhaiteraient retrouver le bon vieux son des années quatre-vingt, début nonante. Au départ, il était destiné à être un projet de créations orales, mais il s'est transformé en un groupe unique et ironique qui prend au sérieux les riffs lourds et les voix énergiques. 700-19 sont les documents contractuels réels pour travailler en Corée en tant qu'entrepreneur américain, la pochette de l'album, réalisée par Adi Dechristianize, présente le bureau réel de Matt avec son personnage Major Skinnis sortant du moniteur. C'est le premier chapitre d'une histoire vraie hilarante qui s'étendra sur trois albums, le suivant est déjà en cours. Mélange étrange de Black metal et de hardcore, Anachronistic a le mérite d’essayer quelque chose qui ne me ravi pas personnellement mais pourrait trouver son public d’un côté comme de l’autre de la barrière musicale.
“Plus c’est long, plus c’est bon » ? Dans tous les cas, ce sont dans les extrêmes que je prends mon pied dernièrement ! Entre titres Garage Rock/Punk bien abrasifs dépassant rarement la minute et grosse épopée contemplative en trois actes comme sur du post-rock, du psyché ou du stoner… Mon petit cœur balance et flanche ! Inutile de préciser que c’est du second cas que l’on va parler aujourd’hui.
D’emblée, le groupe interpelle par son nom qui n’a rien d’un cadavre exquis : il illustre le contraste entre les pirates des temps modernes et les super-riches qui se dorent la pilule dans leurs forteresses aquatiques. Pas besoin de chercher beaucoup plus loin dans les revendications ou symboles du groupe : les textes sont simples et le chant sporadique, usés généralement comme d’un élément supplémentaire, rajoutant de la couleur au son, que comme vecteur d’une histoire. Non pas que le trio ukrainien n’ait rien à dire bien sûr, seulement il faudra aller plus loin que les énigmatiques titres de leurs six chansons, se résumant à un « Gold », « Silver » ou « Obscurum » pour guider nos pensées.
En comparaison à d’autres groupes œuvrant dans la musique atmosphérique et majoritairement instrumentale, Somali Yacht Club ne bascule pratiquement jamais dans l’angoisse, dans le très lourd ou même l’emballement de rythme. Le tout est assez doux, reposant même, et semble hors du temps… et hors du monde aussi (peut-être l’origine du nom de l’album finalement !). J’utilise souvent ce terme « introspectif » en abordant ces genres plus posés et déployant leurs atouts sur le long terme, mais « The Space » est peut-être l’un de ceux illustrant le mieux ce que je veux dire par là : il invite à se déconnecter, à se vider la tête et à simplement savourer. Les voix caverneuses sont douces, les guitares invitent au voyage, et même la batterie nous berce plus qu’elle nous réveille… C’est un pur nuage de rondeur, qui n’a pas ce côté « feel-good » d’un album plus dynamique, mais bien l’effet apaisant d’un voyage initiatique offert par des chansons qui prennent bien leur temps. Le dernier titre, « Momentum », en est le distillat parfait. Douze minutes trente alternant entre quatre rythmiques très différentes : un début lent et impactant, une suite plus en douceur et luminosité, un troisième quart minimaliste au possible… Avant une dernière montée d’adrénaline pour mieux clore l’album, et le triptyque constitué au préalable de « The Sun » et « The Sea ».
Comme souvent pour le style, en disant peu, ils racontent en fait énormément. Et même pour le genre, on est sur une formule d’une sérénité rarement acquise. Mais entamer une écoute doit être un investissement… Écoutez le d’une traite et avec un bon son ! Nul doute que « The Space » sera une parenthèse des plus bienveillantes et bienvenues dans votre journée de métalleux !
Les grands anciens ont toujours la pêche ! Auteur du référentiel "Court In The Act" en 1983, au cœur de l’âge d’or du heavy metal, SATAN, revenu aux affaires en 2013, a sorti trois albums de qualité, avec le line-up des années quatre-vingt considéré comme classique. "Earth Infernal" est ainsi un feu d’artifice de guitares, une explosion de riffs diaboliques couplée à des soli fabuleux - joués parfois à l’unisson comme sur le formidable "Burning Portrait". Il se dégage de ces notes une grande sensibilité, une réelle émotion, fruits de la complicité des deux six-cordistes. Comme les refrains sont souvent percutants ("From Second Sight"), et comme la voix de Brian Ross, malgré un tout léger manque de puissance, reste remarquable ("Earth We Bequeath"), "Earth Infernal" ne connaît aucun temps mort. Le disque offre un instrumental concis, sans bavardage inutile ("Mercury’s Shadow") et colore l’intro de "A Sorrow Unspent" de teintes originales. La production à l’ancienne, brute et sans artifice, est parfaitement adaptée aux compositions millésimées des Anglais, qui enchaînent les temps élevés (la bombe "Twelve Infernal Lords", parmi de nombreux autres) sans jamais faiblir : SATAN garde un rythme d’enfer !