Hielkin

Hielkin

Troisième album du groupe qui ne garde que le trio de chanteurs de base, Aor, Jane et Kiara et voit l’arrivée de Manuele di Ascenzo (batterie) ainsi que Kublai Kapsalis (guitare). On retrouve également des chœurs et un orchestre pour le côté symphonique. Mixage, enregistrement et mastering sont comme à l’accoutumée gérés par le groupe lui-même. L’album débute avec « Windburn » qui sonne un peu comme une bande son alternative pour « pirate des Caraïbes » et tout l’album navigue entre ce côté épique que l’on retrouvera sur « The Way Is The Aim » ou « Shackles Of Gold » et le folk, fort présent sur « Legend Of The Free », « To The Edge Of The Know » et « Distant Shores ». Un morceau sort du lot, « The Wheel » avec son approche plus power heavy. Le dernier morceau est la seule originalité et un vrai tour de force avec ses 18’ ! L’album est dans l’ensemble de bonne qualité, mais à force de vouloir tout gérer seul, Imperial Age manque cruellement d’un regard externe pour se renouveler.  Il plaira cependant sans aucun doute aux amateurs de métal grandiloquent et symphonique… Et aux amateurs de pirates.

Deuxième full album pour ce groupe de fans de death old school. L’album a été enregistré  au Sound Control Studio par Lukas Flarer, le mix et mastering ont été assurés par Obey Mastering. L'artwork est le produit de Vladimir Chebakov. L’album propose 9 titres aux ambiances diverses, aux rythmiques évolutives passant du dark, à la saccade via l’énergie pure. Bien que old school, l’album est complètement dans son temps et nous prouve que le death a toujours de beaux jours devant lui. On y retrouve forcément l'influence des grands groupes du genre mais tout en restant propre à l’univers du groupe et agrémenté de riffs de toute beauté. Bref c’est un excellent album de death et ceux qui pensaient que la page de cette mouvance était tournée n’ont qu’à bien se tenir.

Un deuxième album pour cette formation issue du regroupement d’anciens membres de groupes black-death-doom. L’album a été enregistré, mixé et masterisé aux Studios Moontower par Javi Félez et l'artwork est de César Valladarez. C’est un hommage aux films d’horreur des années 70-80 au travers d’un thrash influencé par des groupes tels que Sodom, Obituary, Possessed, Bathory, … Des textes sombres portés par une voix growl et des instrus puissantes : voici un résumé de l’album ! Les 9 titres nous en envoient plein les oreilles et déversent leur énergie sans discontinuer. Un très bon album thrash old school dont la note finale n’est due qu’au fait, pour ceux qui me lisent et me connaissent, qu’au manque d’originalité ou de nouveauté. Cela n’enlève rien aux qualités de cet album qui reste une méga claque d’énergie et de technique.

14.11.21 13:23

Park Rock Festival

Tous les festivals rock sont en Flandres ! Tous !? Non ! Il existe dans nos contrées, un festival rock, géré par des passionnés, qui ne demande qu'à ravir vos yeux et vos oreilles. Sa potion magique :  c'est vous et votre motivation ! C'est pour cette raison que le Park Rock Festival a créé la "Winter Edition" les 11 et 12 décembre de cette année. Nicolas Sand, organisateur, va nous accompagner pour un petit tour du propriétaire.

Comment est né le Park Rock Festival ? Il a été créé par des jeunes de l’entité de Saint-Ghislain qui voulaient faire un festival dans le parc. Ça a commencé par un petit truc genre boy-scout et d’année en année ça a grandi. En ce qui me concerne, j’ai repris le festival pour la 15e édition en 2018, puis la 16e. Pour la 17e édition en 2020, ça a été annulé à cause du COVID, rebelote cette année et donc la 17e édition devrait avoir lieu en 2022 si tout va bien. L’idée de faire une édition d’hiver était déjà dans les cartons et on s’est dit que tant qu’à attendre un an pour la faire, autant la faire maintenant. On profite d’un subside qu’on a reçu pour l’annulation du festival pour la deuxième année consécutive. Subside qui était donné si on faisait un festival à jauge réduite, répondant aux conditions sanitaires et donc nous voilà !

Le concept de Winter Edition va perdurer ? Nous, on aimerait bien ! On va voir comment se passera cette première édition et comment réagira la commune même si avec Rock Nation, ils nous font confiance. L’idée est en effet d’avoir un Park Rock Winter et un Park Rock Summer.

La structure du festival est toujours la même: un premier jour de tribute bands et un deuxième jour de groupes originaux ? Avant c’était une journée et ce n’était que de la compo. L’organisateur mélangeait beaucoup de styles différents : du death au blues en passant par de la pop et du reggae. Il y avait vraiment de tout. Quand on a repris le festival avec Rock Nation, notre volonté, car on avait remarqué que la commune n’aimait pas trop les “extrêmes”, était de les gommer et de garder un festival rock, d’où le nom. On va essayer de développer la fréquentation qui a toujours plafonné entre 800 et 1200 personnes. L’idée est d’atteindre un premier palier à 1500 et puis 2000 et donc de le faire grandir. Pour que ce soit efficace, je sais que le tribute marche toujours bien et a franchement la cote. Je me suis donc dit pourquoi ne pas profiter de l’infrastructure, qui coûte quand même bonbon, une soirée de plus et faire la veille une soirée tribute. Attention, il s’agit de tributes, ce sont des groupes hommage et pas des groupes cover généralistes qui font du Claude François et du Deep Purple dans le même set....et un Johnny ! (rires) Cette structure a bien fonctionné les deux premières années et on attend avec impatience de faire l’édition suivante sous la bannière Rock Nation. On a d’ailleurs utilisé le même concept pour la Winter Edition parce qu’on sait que ça marche. On va continuer un petit peu avec cette formule, mais je ne te cache pas que, comme on a surnommé ça le “Park Rock Legends Tribute Night”, j’ai déjà dans l’idée de garder le “Park Rock Legends”, mais de supprimer “Tribute Night” et de ne faire venir que des “Legends“ du rock comme Thunder, Bad Company. Un peu comme a fait le Golden Age Festival à Liège. On aurait donc un jour de légendes du rock au sens large et le Park Rock Festival pour les découvertes et les groupes actuels. Voilà un peu l’idée que l’on voudrait développer, mais on va déjà reprendre là où l’on s’est arrêté, même un peu en arrière, puisque pour la Winter Edition on parle d’une jauge de 300 places par jour seulement.

Tu nous as parlé de l’agence Rock Nation, dois-je comprendre que beaucoup de groupes viennent de là ? On a placé évidemment quelques groupes comme tout agent organisateur, mais on a toujours essayé de garder une parité entre les groupes Rock Nation et les autres. Ce n’est pas le Park Rock Nation Festival. Pour l’édition hivernale, par exemple, pour les tributes c’est vrai qu’ils sont quasi tous dans l’agence sauf un, mais pour les compos il n’y en a que deux. C’est aléatoire et notre but n’est pas de faire repasser tous les ans les mêmes groupes.

Comment définirais-tu le Park Rock ? Quelle serait sa particularité ? L’environnement : c'est un très beau parc ! Quand tu es dedans, tu te sens bien et un festival pour moi c’est ça : c’est une atmosphère et il faut s’y sentir bien. La particularité c’est qu’en gommant certains trucs, on veut rester un festival rock à tout prix. On a l’impression que tous les festivals de rock comme Dour, Les Ardentes sont devenus des festivals électro-rap enfin tout ce qui est à la mode. Y’a plus beaucoup de festivals de rock généraliste. Il y a du hard, du metal, de l’extrême, mais ce n’est pas la même chose et j’ai envie de garder cette spécificité-là. Si je pouvais faire monter Little Richard, je le ferais ; pour montrer que le rock est parti de fous furieux comme ça. Je pourrais parler des développements que l’on essaye de faire : des animations pour enfants, faire travailler des artistes locaux, faire des expos. On n’a pas encore eu le temps de faire tout ce que l’on voulait, on a eu que 2 éditions jusqu’à présent. Mais on a déjà fait un atelier de lutherie sauvage pour les enfants : avec un bout de bois et de la corde, ils faisaient une harpe, avec des capsules un tambourin! C’est un festival familial un peu comme l’on fait avec la salle Zik Zak. Donc pour résumer : familial, rock et bel endroit !

La dernière question c’est une carte blanche qui t’es offerte pour un sujet non abordé, mais dont tu voudrais parler. Ça peut paraître bateau, mais je trouve important de le souligner. Je t’ai parlé de la ville de Saint-Ghislain depuis le début, le Bourgmestre Daniel Olivier, soutient ce festival. La commune nous subsidie de manière conséquente pour un festival de village. Je trouve ça assez rare pour le souligner et d’avoir tous ces gens du Bourgmestre, des Échevins jusqu’aux ouvriers qui s’occupent de l’électricité ou du transport qui se dévouent pour le festival, c’est impressionnant. Je ne suis pas pour ce genre de message, mais je suis à chaque fois ébahi par ce soutien et cette énergie. La première année de notre reprise, le Bourgmestre voulait que l’on garde un concours musical, j’étais pas trop pour parce que pour le concours t’as que les musiciens , leurs potes et leurs familles dans la salle. On faisait ça en intérieur et il faisait 35° dehors. Le bourgmestre qui avait déjà un certain âge, est resté du début à la fin assis dans la salle malgré la chaleur pour regarder tous les groupes. C’est pour bien montrer à quel point il soutient ce festival et une commune qui soutient le rock mérite qu'on le souligne !

20.06.21 10:32

InHuman

Tel un papillon qui sort de son cocon et nous présente ses nouveaux atours, voici InHuman, connu précédemment sous le nom d’Anwynn. Son nouvel album éponyme a laissé de côté le folk pour faire place à une ambiance plus sombre, plus death mais en gardant toute sa superbe symphonique et mélodique. Déjà sous le charme de l’album, je ne pouvais rêver mieux que de me laisser guider par la multitalentueuse Astrid pour en découvrir davantage sur son univers et sur cette nouvelle facette du groupe.

Ma première question ne sera pas à propos du changement de nom, car tu y as déjà répondu plusieurs fois et nos lecteurs pourront facilement trouver l’information sur votre page Facebook. J’aimerais surtout savoir ce qui a fait évoluer votre musique d’un style plutôt folk vers le death symphonique- gothique. C’est arrivé naturellement. C’est une vision qu’on avait avec les membres actuels depuis assez longtemps et vers laquelle on se dirigeait petit à petit. On voulait faire avec ce nouvel album beaucoup de violence, de symphonies, de mélodies. Beaucoup de tout en fait, jusque dans la production ! C’était une vraie intention.

L’album, les paroles, le trailer, tout laisse à penser que l’être humain, la nature humaine est vraiment le thème central de l’album. Ton travail en est-il l’origine ? Tout à fait, tu as bien cerné l’album ! J’ai en fait deux passions principales ; tout ce qui est psychiatrie et psychologie, car je suis effectivement psychiatre et tout ce qui est condition humaine, nature humaine, psychologie, maladie mentale m’intéressent très fort et m’inspirent. Ça se reflète dans ce que j’écris, dans mes paroles, dans ma façon de voir le monde, dans mon interaction avec les gens et dans ce qui me pousse à faire du créatif donc oui, clairement.

Ça a été facile d’embarquer les autres dans cette aventure ? Franchement oui. Au niveau conceptuel et là je mets la compo pure de côté, c’est surtout la chanteuse Eline et moi. Elle est dans le même trip à ce niveau-là et on se complète super bien. Les paroles sont également écrites par nous deux, plus ou moins à moitié-moitié et donc on est complètement sur le même bateau.

Le visuel de la pochette, qui a d’ailleurs un lien avec un de vos clips, me fait penser au « Parfum » de Süskind et cette envie de mettre l’essence humaine en bouteille. À moi aussi. Ce n’était pas un lien conscient, mais clairement en ayant cette idée en tête depuis longtemps et en travaillant dessus j’ai pensé à plusieurs trucs et mettre l’essence humaine dans une fiole, c’est exactement ça ! Bien vu !

Il y a un morceau qui, pour moi, sort du lot : « Cassus Belli ». J’y ai vraiment vu, plus que dans les autres, un court métrage. Tu as tout compris et je suis super contente que tu l’aies ressenti comme cela. Car c’est effectivement un « film » et à la base, avant que je ne réalise le coût de cela, je pensais faire un film d’animation dessus. J’ai vite compris que je n’avais pas €300,000.00 et on a mis cela de côté. En gros, c’est l’histoire d’un personnage qui doit partir à la guerre et on retourne ici un peu dans notre tendance « moyenâgeuse ». Il doit y aller pour protéger son enfant. D’où les bruits d’enfant et autres bruitages. Il n’a pas envie d’y aller, a très peur et le fait uniquement pour son enfant. Puis, quand il part pour la guerre, il se retrouve à tuer quelqu’un par hasard, enfin je veux dire de manière non intentionnelle puisque c’est pour se défendre. Il est alors envahi d’émotions : comment a-t-il pu tuer un autre être humain ? Mais il se rend compte qu’en fait, il adore ça et que c’était super cool ! Il est pris alors d’une sorte de manie psychopathique où il défonce tout sur son passage. On se rend compte alors qu’en fait le personnage n’est pas un homme, mais une femme ! Elle gagne finalement la bataille, retourne vers son enfant et lui chante une ballade du genre : je vais t’apprendre à te protéger comme maman. Pour être complète, on a fait aussi l’autre côté de cette histoire avec « The Day I Died » où, là, c’est l’histoire du premier homme qui se fait tuer dans « Cassus Belli ». Quand on sera des rock stars et qu’on aura plein d’argent on en fera une vidéo animée 3D.

Je lance un appel à nos lecteurs parmi qui, il y a sûrement des amateurs, voire des semi-pros en animation qui pourraient faire une collaboration ;-) Oui pourquoi pas : on est souvent sur la même longueur d’onde et les amateurs et semi-pros ce sont souvent des gens qui, comme nous, ont un job à côté, bien que certains d’entre nous soient pros, donc quand ils ont un projet ils se mettent à fond dedans, comme nous. Je ne dis pas par-là que les pros ne sont pas passionnés, c’est qu’ils ont juste d’autres projets.

Revenons sur les changements : changer de nom alors que l’on a déjà une renommée ce n’est pas risqué ? Bien sûr, mais tu parles de la fan base, je suppose ? C’est pour cela que ça a pris du temps. On a d’abord changé le visuel pour finalement arriver au fait qu’on allait aussi changer le nom du groupe. Maintenant, on voulait rester authentiques par rapport à la musique et au groupe. C’était le moment où il fallait changer. On a essayé de minimiser le risque en renommant notre page ex-Anwynn/Inhuman, mais il est impossible d’éviter de perdre des fans. J’en suis triste, mais ceux qui ont aimé le groupe d’il y a 15 ans n’aimeront peut-être pas l’évolution. Chacun ses goûts et son évolution musicale, il n’y a pas de mal et si ça plait à certains anciens fans tant mieux.

Passons à la création. Qu’est-ce qui est à la base d’un nouveau morceau : des paroles, un concept, un riff ? C’est souvent une idée qui va créer un texte et une mélodie. Je sais que c’est très cliché de dire que tout le monde fait partie de la compo, mais c’est le cas et c’est une des raisons pour laquelle la création de l’album fut si longue. On l’a commencé il y a 4 ou 5 ans et le tout premier truc qu’on a eu c’est la mélodie folk à la flûte de « No Bullet Required », venant du folk c’est normal, mais on ne s’attendait pas du tout à ce que ça finisse dans une chanson pareille. Chacun apporte au fur et à mesure et ce n’est pas toujours en lien avec son instrument. C’est vraiment un travail commun et en général, pour la direction artistique, c’est moi qui pousse un peu dans la direction que j’ai envie même si c’est une contribution de groupe. Ça prend du temps, c’est fatigant, mais j’aime quand c’est comme ça.

Vous êtes plus actifs sur les réseaux sociaux, probablement à cause de la situation actuelle, mais est-ce quelque chose que vous allez continuer ? Je pense que c’est important de créer du contenu et c’est super cool pour les gens d’avoir du contenu autre que purement une chanson. C’est quelque chose que l’on compte continuer, car ça développe aussi la créativité et c’est ce qui me plait.

Vous êtes deux filles dans le groupe. Est-ce que la perception, l’acceptation des filles dans le metal ont évoluées ? C’est un de mes sujets préférés : je suis une grande féministe, Eline aussi. C’est quelque chose que je me demande très régulièrement. Ça évolue : clairement. Paradoxalement, ou pas, dans le metal ça va encore comparé à d’autres styles musicaux. J’ai eu la chance d’être invitée à une conférence organisée par la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la représentation de la femme dans la musique. J’ai eu l’opportunité de discuter avec 4 autres artistes qui, elles, n’étaient pas dans le metal (rap, jazz et classique) et pour le metal, ça va encore, mais il y a encore énormément de progrès à faire. J’ai moi-même changé d’avis dernièrement. Avant j’étais très énervée par tout ce qui est « female fronted metal » et les festivals dédiés aux chanteuses. Je ne refusais pas d’y jouer, mais je n’aimais pas parce qu’on ne devrait pas faire de différence et que le style musical n’est pas défini par le fait que le chanteur ait des boobs ou pas… Mais mon opinion a évolué et oui, dans un monde idéal il n’y aurait pas de différence, mais on n’y est pas encore et changer la manière dont les femmes sont représentées dans la musique ou dans le monde entier passe aussi par de la discrimination positive, puisqu’il s’agit de cela. Elle est peut-être gênante au moment même puisque dans un monde idéal cela n’existerait pas, mais elle est peut-être indispensable, à ce stade-ci pour en arriver là où l’on veut d’ici une génération ou deux. Ça m’énerve donc moins et j’espère donc un monde plus idéal dans pas si longtemps que ça.

Ma dernière question est une carte blanche pour parler d’un sujet qui t’intéresse et qu’on n’a pas abordé pendant l’interview. Le premier truc qui me vient à l’esprit comme tu as parlé du trailer et que j’ai parlé de mes passions c’est que j’aime beaucoup c’est mélanger différents styles d’art : de la musique, de la danse, de la vidéo etc. C’est là-dessus qu’est partie l’idée du trailer. Ça faisait super longtemps que j’avais envie de faire une chanson avec des danseurs. Je pense que ça a résonné avec les gens, ça fait plaisir et j’espère continuer avec d’autres styles d’art complètement bizarres dont je n’ai pas encore entendu parler aujourd’hui.

Ce trio suédois nous propose un quatrième album dont le mix n’est assuré par nul autre que Flemming Rasmussen (Metallica, Rainbow) et qui sent bon l’old school tendance Kreator, quoique la manière de capturer la voix puisse faire penser à Beneath The Remains de Sepultura. À noter aussi l’artwork de Andreas Marshall (King Diamond, Obituary, Kreator). L’instru éponyme aux relents de marche guerrière sombre lance l’album et passe la main à un morceau pur thrash « Pestilence » qui balance les bpm ! « Rat King » prend la relève dignement et nous cale un riff mid-tempo sur la fin nous préparant à « Left To Rot » aux riffs plus heavy et accrocheurs. On repart de plus belle sur « Hail Caesar » qui frôle le death à certains moments avec à nouveau un bon rythme saccadé pour le bridge et un refrain qui devrait donner en live. Le mini solo d’intro de « Into The Fray » nous attrape au tournant, mais cache un titre super puissant sans fioriture, qui réserve quelques formules surprenantes et plus oppressantes.  « Colossal Terror » et « Witch Burner » sont faits dans le même moule, commençant en puissance et balançant des riffs de dingue à mi-morceau. On termine avec « Dawn Of The Red » à l’intro plus rock’n’roll, mais qui revient très vite dans un thrash dévastateur. Encore un très bon album pour les fans du genre, pas révolutionnaire, mais qui tient la route et qui ferait presque oublier qu’il n’y a qu’un guitariste. 

Warpath célèbre 3 décennies avec un album « best of » de leur carrière. On commence par un inédit « Innoncence Lost » proposant un bon thrash puissant et rapide comme la plupart des titres qui suivront. Reborn » (2017), « Extend » (1993), « F.U. » (2018) ainsi que « Against Everyone » et « Paranoia » (1994) seront de la même veine. On retrouvera aussi leur cover de « Black Metal » de Venom, déjà présente sur leur premier album (1992) avec la présence de Cronos et Sabina Classen (Holy Moses). De petites pauses plus heavy seront offertes sur l’album avec les titres « Massive » (1933) et « That’s For Me » (1994). « Crossing » frôlant carrément le doom hyper dark. L’album termine sur une revue de « God Is Dead (2017) avec en guest pour le solo Claudio Illanes (Undercroft) qui rappelle les sonorités de Therion à l’époque de “Lepaca Kliffoth”. Une très bonne rétrospective où la qualité est au rendez-vous à tous les niveaux et qui passera aisément dans votre hi-fi. Elle intéressera les connaisseurs et aidera les néophytes à découvrir le groupe. 

 

Un EP pour cette formation mexicaine qui a déjà deux albums studio à son actif et qui laisse donc présager un troisième. On est sur du très bon « thrash » rapide, énergique, agrémentés de bons riffs. Le premier titre « O.G.C » commence par une très bonne intro basse et nous jette immédiatement dans le feu de l’action. Vient ensuite « Devastation By Greed », qui va droit au but, sans fioriture inutile pour laisser place à « Extinction » qui se pose avec ces 5’ (enfin oserais-je dire). Pour clore la partie « morceaux originaux », « Beginning Of The End » qui se singularise par un bridge tout en harmonie qui vient apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes. On termine par une cover de Metallica « The Shortest Straw » intéressante sans plus. Un EP sympa, qui nous apporte du bon son, mais, en toute subjectivité et pour expliquer ma note, mon problème avec les « Extended » c’est que j’ai la sensation de me faire chauffer par une jolie fille… qui se barre juste après les préliminaires : j’ai un goût de trop peu !

Tony Mitchell est surtout connu en tant que chanteur de Kiss Of The Gypsy ou encore des Dirty White Boyz, mais il s’agit ici de son deuxième album solo. Beaucoup de guests sur cet album : Tim Manford (Dante Fox), Neil Ogden, Paul Hume (Demon & Lawless/Dirty White Boyz)), Nigel Bailey (Bailey/3 Lions/Dirty White Boyz), The Rogues Gallery Rock Choir, Shawn Charvette & Josh Tabbie Williams (Midnite City). On lance l’album avec le très original titre éponyme, teinté de gospel. On retrouvera du rock plus classique avec « Living On The Run » ou « One Good Reason ». L’intro épique à la guitare de « In & Out Of Love » ne laissera pas indifférent et ouvre dignement un morceau aux riffs accrocheurs. À noter aussi « Electric » au tempo entêtant et aux saveurs rythmiques d’un Marylin Manson « grande époque », le dark romantique « Killing Me To Love You » et le très groovy « Evil Woman ». Ce ne sont pas moins de 4 ballades que l’on croisera au fil de l’album (oui, je donne de ma personne pour vous) : « The Mighty Fall » avec Danny Vaughn (Tyketto), I Believe In Angels et « Never Wanted Love » plutôt « hard FM » ainsi que « Sacrifice » avec son intro piano voix. L’album se referme sur « Heaven is Falling » au rock un peu plus sombre. Un album agréable à écouter, varié qui devrait plaire à un très large public..

C’est seulement le quatrième album pour ce groupe formé en 1994 ! On est sur du thrash puissant et ma revue sera différente qu’à l’habitude, car j’ai été complètement déstabilisé par cet album. À la première écoute j’ai eu l’impression d’entendre du Testament et par la suite du Machine Head période « Davidian » avec en guest vocal Nick Holmes version « Icon » et ce n’est pas un hasard puisque le producteur n’est autre que Simon Efemey qui a justement participé pour cet album de Paradise Lost. À noter que le premier morceau m’a un peu rappelé l’époque de « Beneath The Remains » aussi. Cette fois, je ne passerai pas en revue les morceaux qui sont de l’énergie pure, structurés au poil et offrant de bons solos ; du thrash old school donc avec énormément de références, mais sans vraie prise de risque. Pour l’anecdote, chaque extrait est accompagné, dans le booklet, d’une petite explication sur sa conception. Au final, un album sympa à écouter où les thrashers des 80’s s’y retrouveront aisément.

Troisième album pour ce groupe qui sait se démarquer. « Debut album of the year 2007 » aux MTV music awards danois et leur deuxième album voit sa pochette censurée car considérée trop gore. Cette fois, une pochette splendide et plutôt artistique donc c’est le contenu qui va nous surprendre… Bingo ! Cet ouvrage est une expérience en soi. Le genre death est exploité et trituré au maximum : on passe d’un morceau très traditionnel et rapide tel « Loco Motive » qui inaugure l’album, à « The World is Mine » et « El Matador » plus lourds et puissants pour aller vers des ambiances darks avec « Blood Tracking ».  « We Expire » et « Deathbed Lullaby » qui entrouvrent la porte de titres plus expérimentaux comme « Erase My Race » ou « I Live In A Grave ». Un petit titre en Danois, écrit par un ancêtre du chanteur en 1850 vient mettre une touche supplémentaire à l’album qui se referme sur un titre doom experimental « The Way It Ends ». Un très bon album, qui impressionne par ses qualités mélodiques et la palette de styles que le genre peut offrir tout en faisant vivre une expérience auditive intéressante.

Pour leur14ème album, ils ont interrogé leurs fans lors de leur dernière tournée et ceux-ci étaient unanimes : ils ne voulaient pas d’expérimentation, mais bien retrouver le son qui caractérise le groupe depuis les années 80. Cela démarre donc par le visuel avec la réapparition du « Stormchild », révélé sur leur troisième album en 85. Quant à l’album, le premier titre « Hurricaned » est un hommage punchy à Rainbow et Ronnie Romero qui partage d’ailleurs le chant. Vient ensuite « Talk To The Moon » qui commence par une guitare vintage à la Ozzy et ouvre sur un rock mélodique qui nous prépare à « Eyes Of Love », très FM. « Ladies and Gentleman » est un glam en mid-tempo qui nous surprend avec un break style guitare espagnole et dont une version alternative est disponible à la fin de l’album avec les « Rock and Roll Children ». « Mindhunter » est plus métallique dans ses guitares et groovy alors que « Rain Rain » sonne plus sombre et « Gemini » tend vers un hard rock classique. Le hard rock 70’s revient à notre souvenir avec « Kingdom Fall » et « The Blues Ain’t No Stranger » nous dévoile un solo splendide de Oz Fox « Stryper). Une collaboration avec Paul Shortino pour une cover “Take Her” qui amène au dernier morceau “Busted” assez pêchu. Un bon album donc qui retourne à un bon vieux hard rock comme on savait le faire à l’époque.

Troisième album pour ce groupe qui nous vient d’Italie. Ils sont connus pour leur rock alternatif mélodique, flirtant avec le hard rock. La production et le mix gérés par Marco Barusso couplés au mastering de Marco D’Agostino sont impeccables. On se lance avec le très énergique « Pull Me Out » qui mélange déjà subtilement l’alternatif au hard rock. Alternatif qui fleure bon les 90’s et que l’on retrouvera sous diverses formes avec les titres « Starlight », « Mama Said », « The Roots » et « All My Life » prouvant que l’alternatif a de multiples facettes et n’est pas spécialement monotone. « Give It Away » et « In My Room » ont des riffs plus typés heavy tout en restant mélodiques et en gardant l’esprit du rock alternatif. « The Hideaway » nous rapproche plus de l’univers heavy metal jouant encore avec les codes. On n’y échappera pas : 2 ballades ! « Whatever You Want Me (To Do) » et « The Love We’ve Waited » nous rappellent comment les bonnes ballades se faisaient dans les 90’s !! Un excellent album donc qui a su exploiter l’évolution des genres pour replacer le rock alternatif dans l’époque actuelle.

Deuxième album pour ce groupe venu de Rigga. Ça sent bon les 80’s et on est dans un « glam rock » non stéréotypé, assumé, avec des sonorités voguant entre Kissin’ Dynamite, Crazy Lixx et WASP.  Le titre éponyme lance les hostilités avec un style très énergique et un refrain accrocheur que l’on retrouve aussi sur le titre « Stand Your Ground », à la rythmique prenante. On change de registre avec le très sexuel « Spice & Sugar » suivi de « Farewell To Yesterday » qui commence très « groovy » pour progresser vers le « heavy metal». On est dans le « Hard FM » avec « Black Swan » et « Healing Waters » qui permettent à Vicky White, le chanteur, montrer ses talents. On n’évitera pas la ballade « Silhouette » qui ne casse pas trois pattes à un canard… L’aventure glam se termine avec « Streets Of Misery » qui redonne un petit coup de boost et qui laisse les guitares s’exprimer à fond une dernière fois. Un album très agréable qui nous prouve que le talent se trouve partout et Bloody Heels pourrait nous réserver des surprises à l’avenir.

08.08.20 14:56

Moonspell

Ré-édité le 03/08/2020 dernier, « The Butterfly Effect » fut un album à part dans la discographie de Moonspell. Nous avons rencontré, pour vous, Fernando Ribeiro, frontman du groupe, pour en savoir un peu plus sur cet album, son histoire et la raison d’être de cette sortie. Ce fut également l’occasion pour lui de nous faire part en exclusivité de certains projets et de lever un peu le voile sur leur nouvel album en nous annonçant, entre autres, en primeur, le nom de leur nouveau producteur.

 

La ré-édition de « The Butterfly Effect » fait partie d’un processus de ré-édition entamé il y a quelques années. Pourrais-tu nous expliquer ce qui vous a poussé à faire cela ? Pour plein de raisons. La plus logique et pratique est que lorsque qu’on a fondé Alma Mater Records, un label détenu par moi et Pedro (celui qui s’occupe du merchandising), un de nos buts, en plus de s’occuper correctement de Moonspell au Portugal pour la promotion et la distribution, était de travailler pour la communauté de fans dont tu fais partie. On reçoit des milliers d’e-mails disant «  je n’arrive pas à trouver ce disque ou ce morceau»... Nous avons contacté les labels, principalement Century Media et SPV, pour nous renseigner et tous ces disques n’étaient plus édités ou plus en stock. On peut bien sûr les trouver sur des sites comme Discogs ou Amazon, mais à des prix relativement élevés. Pour moi, c’est un compliment, car je collectionne aussi les disques et certains ont pris de la valeur, mais la majorité des gens n’ont pas cette aisance financière pour payer jusqu’à 600€ pour un disque  (ndlr : prix pour la version signée de l’album "Irreligious"). On a donc décidé, comme on aura 30 ans de carrière en 2022, de récupérer notre catalogue d’antan et de le rendre à nouveau disponible. Je pense que ça a du sens, spécialement pour moi, et je voulais y prendre part depuis le début : aller dans les archives de Moonspell, réunir le matériel et refaire des éditions collectors accessibles. Je pense d’ailleurs que nous nous améliorons avec le temps. « The Butterfly Effect » est sorti de manière chronologique. Probablement qu’en 2021, on ressortira « Darkness & Hope » également. Pour « Butterfly », on a eu une approche différente : on a retravaillé la couverture, certains aimaient l’originale, moi aussi, mais c’est le genre de décision à prendre lorsque tu fais une ré-édition, afin de la rendre plus intéressante pour les gens qui vont l’acquérir. La ré-édition de « The Buttefly » est meilleure que celle de « Sin » ce qui montre une amélioration dans le processus et c’est une situation win-win pour les fans et Moonspell.

Pourrais-tu nous présenter les deux remixes disponibles avec cette nouvelle édition et nous dire pourquoi vous les avez inclus ? C’est important pour moi d’avoir du matériel bonus et on l’avait déjà fait avec « Sin ». La particularité ici est le 7’’ additionnel qui est un vrai collector et qui contient ces deux remixes. Pedro, qui est celui qui compose le plus dans Moonspell, a pris beaucoup d’initiatives en ce qui concerne « The Butterfly ». Si les gens lisent notre biographie, ils verront que cet album est principalement le fruit des affinités et de la production de Pedro. Quand on a ressorti l’album, je lui ai demandé de faire des remixes ou des versions  alternatives des ses propres compositions. Il est venu avec différentes choses et on a choisi  la version alternative de « Angelizer » qu’il a rebaptisée « Angelized » et le remix de « Lustmord » qui se nomme « Never Stop To Hurt You ». C’étaient les bonus parfaits, à mon avis, pour « The Butterfly Effect », parce que ça met en évidence la nature de la musique, ça étend l’album vers quelque chose de plus électronique et les gens savent que c’est avec cet album que nous avons le plus flirté avec l’indus et l’électro. Ces morceaux ont déjà  été lâchés sur internet de-ci, de-là, parfois sans notre autorisation, maintenant ils sont immortalisés officiellement sur vinyle. Une chose sympa avec le nouveau packaging, c’est qu’il s’intègre parfaitement avec le concept de l’album.  Alma Mater Records, c’est Pedro (merch), Joao, notre designer, et moi. Je pense qu’il est important d’en avoir un, car les choses évoluent rapidement et c’est lui qui est en charge de cet aspect. Il est donc venu avec ces deux covers qui sont magnifiques. Pour le 7’’,  c’est comme une petite aquarelle faite à la main et c’est un peu dans cet esprit de liberté qu’avait été fait l’album. Pour l’album lui-même , j’avais un problème avec la cover originale qui est trop minimaliste et celle-ci rend le tout plus metal car même si c’est l’album le plus bizarre ou le plus fou du groupe, ça reste un album metal. Je voulais que ça se ressente dans le packaging et Joao a fait du très bon travail. On va sûrement garder cette formule avec lui pour les prochaines ré-éditions et peut-être pour les nouveautés.

En parlant de packaging justement, vous l’aviez déjà changé avec la ré-édition de « Memorial »... Oui, pour « Memorial », il y avait un sentiment partagé. Parfois tout est là pour faire une bonne pochette. Pour « Night Eternal », tout était là, on a juste fait quelques ajustements, un peu de graphisme et c’était bon. La couverture originale de « Memorial » n’en a jamais été une, c’était plutôt une approche graphique. Joao l'a complètement revue et certains ont aimé, d’autres pas. On ne peut pas plaire à tout le monde et je n’ai pas de problème avec ça. Mais je pense que « Memorial » a été bien retravaillé et il y avait aussi beaucoup d’extras dessus. Il a très bien marché auprès des fans d’ailleurs.

Cet album a été un tournant pour le groupe, une grosse prise de risque aussi et il n’a pas été fait comme les autres. (J’invite les lecteurs à consulter la biographie de Moonpell « Wolves Who Were Men », review dans le Metal’Art n°1, pour plus de détails). Mais comment l’as-tu ressenti personnellement ? Comme dit dans notre biographie, cet album est un peu hors de notre discographie pour beaucoup de raisons. En ce qui me concerne, je me rappelle de cette période entre 1998-99 avec les réactions mitigées, nous en essayant d’attraper toutes les balles qu’on nous envoyait  et la perte de notre salle de répétition. Pedro a rapporté beaucoup de matériel chez lui, car il évoluait vers le sampling, l’électro et la production. Personne ne prenait vraiment d’initiative pour la direction qu’allait prendre notre musique et l’album. Pedro en a montré beaucoup et nous a présenté des morceaux qui sonnaient très différemment de ce qu’on faisait, mais qui reflétaient ce qu’il aimait en tant que musicien et compositeur. Je me rappelle que je lisais déjà des ouvrages scientifiques sur l’effet papillon,  sur le hasard ; comment il affecte et peut être utilisé dans les sciences sociales. Lorsque j’ai écouté ses morceaux, j’ai pensé que c’étaient des trucs assez fous, peut-être plus choquants que « Sin ». Mais j’étais moi aussi dans cette tendance un peu folle et je ne suis pas du genre à dire non. Si c’est fou, je suis partant ! J’ai donc fait de plus en plus confiance à Pedro en ce qui concerne les décisions et les choix à poser. Pedro est le genre de gars à rester dans l’ombre. Je me demande d’ailleurs pourquoi les gens ne l’interviewent pas pour « The Butterfly Effect », car après tout, il a composé la plupart de l’album, pas moi. Quand on lui propose,  il répond toujours : oui … mais non. Parfois je les envie, lui et Ricardo, car ils restent assis longtemps en studio à composer et à jouer. Et c’est parfois la meilleure chose lorsqu’on est dans un groupe. C’est parfois dur aussi, car l’inspiration a un coût. Dans mon souvenir, c’est comme ça que cet album est né : la folie qui rencontre la folie et on se lance ! J’ai beaucoup aimé aussi  la manière dont il est sorti en studio même si, je l’admets, ce n’est pas la meilleure production de Moonspell, c’est quand même un truc fou et ça se ressent dans tout l’album. Le studio était très grand, très connu, et je ne savais pas que des gens comme David Bowie, Duran Duran et Robbie Williams y avaient enregistré et on l’a découvert en recevant la facture (rires) ! Bon maintenant, c’est devenu un restaurant, mais c’était au centre de Londres près de Scotland Yard à Victoria. Quand je suis arrivé le premier jour, Pedro et les autres étaient déjà là. On est sorti et on a volé des panneaux routiers « under construction » avec des lampes et je me suis dit que c’était bien parti ! Tout d’un coup, le producteur crie « Pub time, pub call, on doit aller au pub avant que ça ne ferme ! » Là, je me dis que ça va vraiment être cool d’enregistrer cet album. Je pense que ces une de mes expériences les plus funs et agréables en studio, le résultat est quand même un peu bizarre. Maintenant, on enregistre différemment : on est plus matures, on donne plus de valeur à l’argent. C’était aussi le dernier album enregistré sur cassette et pas en digital. C’était en quelque sorte la fin d’un cycle pour Moonspell. Ces quatre albums qui ne pouvaient pas être plus différents, comme quatre frères qui ne se ressemblent pas : « Wolfheart », « Irreligious » « Sin » et « Butterfly » quoi qu’on fasse après ça, qu’on retourne en arrière ou qu’on essaye d’innover, resteront  les quatre pierres angulaires à suivre.

Tu as d’ailleurs voulu refaire « Sin/Pecado » pour le faire mieux correspondre à la vision que tu en avais. Comme « Butterfly » est perçu de manière différente par les membres du groupe, vous n’avez pas eu envie de le refaire pour qu’il vous corresponde mieux également ? Je n’ai jamais été très satisfait  de la production de  « Sin/Pecado », car elle ne sert pas les titres  comme elle le devrait. Il y a de très bons morceaux comme « HandMadeGod », « The Hangman », « Eurotica », mais ce qui a marché entre Waldemar et nous sur « Wolfheart » et « Irreligious » n’a vraiment pas fonctionné pour « Sin ». C’était un album très compliqué à enregistrer, on a passé trop de temps en studio. J’ai donc proposé mon projet de ré-engistrement au groupe et tout le monde n’était pas partant. J’ai donc laissé tomber l’idée, car malheureusement je ne suis pas le chef (rires). Mais c’est toujours dans un coin de ma tête, surtout en tant que chanteur, je voudrais le faire différemment. Pour « Butterfly », on n’a pas eu ce problème. On aurait pu le remixer par exemple en le donnant à un producteur qui fait dans la musique électro, mais lorsque je pense à ceux qui constituent la vraie ‘fan base » de Moonspell, ça ne leur aurait rien apporté. Je pense qu’on a pris la bonne décision est faisant un remasting pour vinyle, cd ainsi que pour les supports digitaux qui n’existaient pas il y a 20 ans, ainsi que d’avoir investi dans d’autres aspects : le nouvel artwork et le nouveau booklet. Je ne pense pas que l’on ré-registrera aucune des ré-editions à venir. Par contre, une chose que je voulais refaire et que nous avons tous été d’accord de refaire c’est « Anno Satanae » / « Under The Moonspell » qui est devenu « Under Satanae » et qui est vraiment cool.

Sans en révéler trop, devons-nous nous attendre à un « nouveau » Moonspell avec le nouvel album. On sait déjà que Jon Phipps (interview dans Metal’Art n°4) y a participé, donc on suppose déjà que les mélodies et les harmonies y auront une grande place.  C’est une très bonne question, car on y travaille encore. On cherche comment ressentir notre nouvelle musique. Faire de nouveaux morceaux est quelque chose qui nous excite. Même si on aime être sur la route et nous y étions beaucoup ces dernier temps. C’est d’ailleurs là que nous nous sommes rencontrés toi et moi les dernières fois. Le temps de création en studio, entre les membres du groupe et le producteur est quelque chose que j’ai toujours aimé ; c’est comme aller dans une forêt obscure avec une petite lampe de poche et tu peux éclairer cette direction ou une autre. Par ailleurs, on a déjà un producteur, Jaime Gomez Arellano, il est surtout connu pour son travail avec Cathedral, Paradise Lost. On a donc à notre disposition ce background entre le doom, le progressif et le psychédélique qui va assez bien avec l’orientation que nous prenons. Maintenant, on est un peu plus vieux, notre groupe est différent et j’ai soumis à Pedro et Ricardo mes paroles et mon projet qui n’est même pas un concept. Je veux juste qu’on ne soit tenu par rien. On ne va pas refaire un album concept en Portugais comme « 1755 »,  j’ai des idées pour un nouvel album en Portugais, mais ce sera au moment opportun et quand l’idée sera mûre. « Extinct » peut donner des indices sur ce que sera le « nouveau  Moonspell », car je pense que c’était un album très mature, dont les morceaux tenaient bien ensemble. « Breath », « Until We Are No More » et « The Future Is Dark » sont des exemples d’excellents morceaux.  Malgré tout, je n’ai pas encore grand-chose à dire sauf que ce sera très musical et vocalement très mélodique, car c’est quelque chose que je voulais vraiment faire après  « 1755 » qui était plus rentre-dedans. Je pense que ce sera très mélancolique et très personnel, car je ne connais rien qui sonne comme ce que l’on fait maintenant. En tout cas, l’originalité et la qualité sont les deux focus dans tout ce que fait  Moonspell.  Il nous est arrivé tellement de choses que faire autrement ou tenter de refaire ce que l’on a déjà fait ne serait vraiment pas cool pour nous. Je dis toujours à ma femme sous forme de blague, mais dans toute blague, il y a une part de vérité, que si j’avais été un de ces mégas grands groupes et que j’avais déjà tout fait, bien entendu que je ne saurais rien faire de nouveau. Et la situation actuelle serait parfaite pour prendre ma retraite : on a fait le tour, y’a ce virus qui ne veut pas que l’on soit sur la route donc goodbye tout le monde. Je pense qu’il a encore de l’espace pour que Moonspell évolue et pour faire de nouveaux albums. On verra ce qui se passera en 2021 avec ce virus, car on dit que ça ne peut pas être pire, mais on ne sait jamais. En tout cas, j’ai trois projets en attendant : un concert physique qui va se passer en Algarve, le 20 août, on croise les doigts pour que ça se passe bien, un streaming  mondial qui devrait se faire fin octobre, car nous savons que nous manquons à certains fans,  mais on attendait la bonne opportunité et on réunit encore les éléments pour faire ça correctement et pour finir je voudrais que les gens puissent écouter nos nouveaux morceaux, pas en live, mais via Facebook, Spotify ou un autre support du genre. Si on arrive à faire ces trois choses d’ici la fin de l’année alors 2020 n’aura pas été une si mauvaise année pour nous.

Tu parles d’un concert virtuel, mais vous n’avez pas pensé à utiliser plus internet pour passer au travers de cette période, pour survivre ? Beaucoup d’artistes font des lives depuis leur salon. Ce n’est pas seulement notre survie, mais il faut aussi penser à notre crew, à ceux qui travaillent avec nous et ceux qui nous entourent. Je ne suis pas très tenté par l’idée de vidéo à partir de chez moi : mon divan c’est pour moi et ma famille, pour regarder un film d’horreur en mangeant du popcorn ou des dessins animés avec mon fils,  je ne pense pas que ce soit l’endroit ou les fans veulent me voir jouer du piano ou de la guitare acoustique. Je n’ai rien contre ceux qui le font, mais j’ai le sentiment que certains se sont précipités et ont surestimé le fait que les gens ne pouvaient pas vivre sans leur groupe.  Pourtant, ils peuvent, c’est de nourriture et d’eau que les gens ne peuvent pas se passer, c’est tout. Sans musique, c’est une vie moins intéressante, mais on peut survivre. Je pense qu’on a bien fait d’attendre et comme je dois prendre beaucoup de décision pour le groupe, ce fut mon choix. Au moins, on fera quelque chose de cool et maintenant c’est la bonne occasion de développer des choses pour garder ce lien avec nos fans. On fera ce streaming, payant, car on ne sait rien faire sans et même si je le faisais assis dans mon divan je dois quand même payer mon loyer et on va aussi ressusciter le « Wolfpack Fan Club ».  Cette fois-ci, on fera les choses bien : il y aura de vrais trucs cools, du matériel exclusif, etc. Cette situation Covid n’est pas agréable, mais elle nous donne l’occasion de réfléchir à plein de choses et toutes ces choses dont je viens de parler, je l’espère, apporteront une meilleure version de Moonspell et c’est au final ce que l’on veut vraiment.

Ma dernière question n’en est pas une, mais comme à chaque fois, je laisse carte blanche à mon interlocuteur pour parler de quelque chose qui n’aurait pas été abordé et qui lui tient à cœur. On a à peu près tout couvert, mais mon message aujourd‘hui serait : “ Stay healthy and not heavy”, rester à la maison à manger et boire sans bouger ce n’est pas l’idéal. « Stay lucky », car je pense que la chance est un atout majeur pour ne pas attraper ce virus et « Think by your own ass », car on reçoit des messages différents des autorités sanitaires et politiques et ce n’est pas facile de s’y retrouver mais je voudrais dire à vos lecteurs de s’accrocher, d’être prudent et que 2021 sera une meilleure année. Si ce n’est pas le cas, nous avons encore le temps de trouver un moyen de garder la musique en vie, car même si les concerts et les festivals  définissent le genre « metal » cette période nous a permis de voir à quel point les groupes étaient créatifs.  Notre groupe est un bon exemple : né à la fin des 80’s, on parle maintenant de faire des concerts en streaming avec des caméras digitales dont je ne comprends foutre rien. Donc soyez patients et la musique nous le rendra, aussi bien à ceux qui la font qu’a ceux qui l’écoutent, car nous sommes tous importants et nous devons tous rester en vie, car autant que je sache, les morts n’écoutent pas de musique…

Pour leur 40e anniversaire, ces pionniers du heavy metal nous proposent à nouveau une plongée dans l’histoire des Highlands, déjà entamée avec les albums  « Tunes of War » et « The Clans Will Rise Again ». Pour être totalement imprégné, une partie de l’album a d’ailleurs été enregistrée en Écosse.  L’instrumental « The Clansman Journey » donne le ton avec ses cornemuses et prépare à une odyssée qui s’annonce guerrière. On entre directement dans l’action avec un morceau plus heavy « All For The Kingdom » où l’approche guerrière domine sur l’aspect folk. On montera plus tard dans les bpm avec le rageur « Freedom ». On goûte à nouveau au folk écossais avec « Heart Of Scotland » plus lourd et sombre qui amène sublimement à la ballade de l’album « Thousand Tears » avec la participation de Noora (Battle Beast). Les adeptes de cornemuses les retrouveront sur les titres « Gathering Of The Clans » et « Fields Of Blood » et l’ensemble des autres titres feront la place belle à un heavy guerrier si cher au groupe. Ce voyage en douze étapes, d’une qualité et d’une technicité impressionnantes, montre que Grave Digger reste incontournable dans le genre. Sans grande surprise, il reste cependant  un indispensable pour les « guerriers » heavy.

Troisième album pour ce trio de la baie de San Francisco. On ne s’attardera pas sur la production qui va droit au but : pas de lissage, ce qui donne un petit effet old school pas désagréable. Le premier titre « Nihilistic Principle » met les choses au point d’entrée de jeu avec un mélange death/trash agressif et puissant.  « Legions Of Alienation » est plus lourd, sombre sans perdre d’énergie pour autant. Plus loin « Execution » étonne par son intro/solo guitare, harmonique et planante, qui n’est qu’un leurre pour la suite du morceau qui a un petit goût de black metal. Le thrash, quant à lui, est l’influence principale du morceau « Automation ». L’album est très bon ; la technique, les riffs et les solos sont d’une précision remarquable. C’est un mix du meilleur de ce que le thrash et le death pouvaient nous donner dans les 80’s et on sent aussi une très grosse influence de Morbid Angel période "Covenant", sans être une copie. Amateurs de death sans fioritures, cet album est pour vous.

On est ici sur un EP qui s’adresse plus aux fans à la recherche de matériel rare. L’album est divisé en deux parties : une première avec trois morceaux jamais édités et une deuxième composée de trois morceaux live, un pour chaque album studio déjà sorti, enregistrés à Denver. On commence donc par une reprise de Ronnie James Dio « Rainbow In The Dark) vient ensuite une interprétation de «  A conversation With Death » de Lloyd Chandler et pour finir, « Empty Throne » morceau seulement sorti pour une édition du magazine Decibel. Quant aux trois morceaux live, il s’agit de versions longues de « Bloodletting » (Desolation), « Three Gates »(Hunted) et « The Bereaved »(Absolution). Le mix heavy-doom est super intéressant, même sans être fan cet EP est sympa à écouter et les versions live sont de très bonne qualité.

Premier album pour ce qui ne devait être qu’un side-project. Composé uniquement de Matt Carviero (ex Contracrash) à la guitare, basse, batterie, clavier et de Selin Schönbeck (We Are Legend) à la voix.  On commence avec un morceau puissant « Rise » qui exploite le côté hard du genre. « Bridges Ablaze » s’inscrit plus dans le metal progressif et « Now » est sans concession, un pur produit de power symphonique. Viens ensuite… Une ballade, intitulée « Until I Leave » à la guitare acoustique (la guitare électrique viendra vers le milieu, mais comme soutien uniquement et pour un solo final).  On terminera la partie création de l’album avec « The Fire Inside » pour clore sur de l’énergie pure. Viennent ensuite trois morceaux « d’arrangements » de morceaux classiques : c’est la partie que les amateurs de prouesses techniques apprécieront et que je qualifie, pour ma part, « d’astiquage de manche » (oui, oui, c’est métaphorique et hyper subjectif). Très joliment interprétés et revus, on y retrouve la "5e de Beethoven" (le compositeur, pas le chien), le "Lac des Cygnes" de Tchaïkovski et un medley de Bruckner. C’est le petit plus de l’album. Un album très technique, superbement bien produit et que les amateurs de guitares apprécieront sans aucun doute. Un peu court à mon point de vue puisqu’il ne contient que 5 titres originaux et c'est ce qui justifie ma note finale.

Deuxième album pour ce groupe de Liverpool. C’est un melting pot de toutes leurs influences. Véritable claque et coup de pied aux conventions : on passe de la guitare « claire » à de la grosse distorsion, du chant growl au chant clair, … Chaque titre est une surprise et l’album est quasi indescriptible. Il s’ouvre sur un instrumental « Theme » qui à l’instar du titre « 451 Day », qui nous offre un break dans l’album, nous replonge dans l’univers que Vangelis aurait pu créer pour Blade Runner. Les morceaux « Broken Vision Rhythm» et « Gored » nous balancent leur énergie en pleine figure façon Slipknot alors que « Aggressive Evolution » ou « I Let It In And It Took Everythin » jouent sur l’alternance des guitares et des voix « à la Deftones ». « Two Way Mirror » et « It’s Really You » sont beaucoup plus aériens et mélodiques à l’instar d’un Radiohead. Un album excellentissime qui ravivera ceux en quête de découvertes et de nouvelles expériences. À écouter absolument !