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Chroniques (703)

12.09.21 14:40

LUCER - "L.A. Collection"

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Aaaah en voilà de la musique qui sent bon les festivals, la moto et la route 66. Inspirés par des influences non dissimulées de groupes tels que AC/DC, Aerosmith, ZZ Top et autres monstres légendaires du rock, les Danois de Lucer nous en mettent plein les oreilles. Variant d’un classique à l’autre, les tracks sont une pure orgie auditive et donnent l’envie d’enfourcher sa bécane et de partir plein gaz sur de longues routes. Passant de titres tels que « Make My Getaway » aux consonnances ZZ Top à des morceaux plus AC/DC comme « Roll The Dice » ou « Dead Man’s Walk », ils ne cessent de nous épater et nous faire passer un putain de bon moment. Le chant est ce que l’on fait de mieux pour rappeler la bonne époque du rock classique et ne parlons pas des multiples soli de guitare qui jonchent le chemin que vous parcourez durant les trente-sept malheureuses minutes que dure cette pépite. N’inventant absolument rien, Lucer réussit à pondre des morceaux qui peuvent devenir de grands classiques tant ils sont entêtants. Bref, un album à écouter et réécouter en famille, avec des amis, ou à faire découvrir aux enfants. Dans tous les cas à avoir dans sa collection.

Présentant une quatrième démo en deux ans… Oui, vous avez bien lu, une quatrième, Houkago Warfare en veut et ne compte pas baisser les bras. Pratiquant un death metal avec des éléments tirés du hardcore, le trio de Séoul entame son opus avec « Made in warfare » et son grand coup de cymbale suivi de riffs lourds et lents, histoire de mettre les badauds en condition. On respectera l’effort fourni sur des tracks comme « Rage Report » ou « Casket By Human Species ». Cependant, un chant forcé jumelé à un enregistrement sommaire ne font pas bon ménage. L’idée du mélange death/hardcore n’est pas mauvaise et on sent le potentiel sans pour autant rentrer dedans. La faute à une écoute parfois rendue difficile par le côté brouillon de certains passages. Nous ne pouvons que leur souhaiter une bonne continuation et de la persévérance.  

Groupe iconoclaste, comme en atteste ses disques variés, Die Apokalyptischen Reiter revient avec un album né d’une idée folle. Depuis longtemps, les Allemands rêvaient de s’enfermer deux jours durant en studio, en compagnie de bières et de cigarettes spéciales, pour laisser libre cours à leur créativité, en mode improvisation. Durant le confinement, ils se sont enfin lancés dans cette aventure. Ils en sont ressortis avec… 500 minutes de musique, transformées en ce "The Divine Horsemen", 78 minutes réparties en 15 morceaux qui explorent à travers plusieurs langues des mythes et religions issus du monde entier.

Bienvenue dans un maelstrom confus qui convoque aussi bien le Sepultura de "Roots" (le côté tribal de "Tiki") que des ambiances psychédéliques (le très, voire, trop long "Inka"), une mélancolie gothique ("Children Of Mother Night" où, fait exceptionnel, Fuchs ne hurle pas) ou la rage du metal extrême (la déflagration "Nachtblume", 1’30’’ de furie, le Black "Salus", "Amma Guru"). Le groupe vise parfois la transe quand, par exemple, il utilise le didgeridoo sur un "Aletheia" en forme de rituel.

L’ensemble se révèle au final assez indigeste, se perdant dans des compositions trop longues et monotones ("Duir"). "The Divine Horsemen" est une curiosité – le groupe a prévenu que ses morceaux ne seraient jamais joués live – à réserver aux amateurs d’expériences originales.

12.09.21 14:32

CONFUSED - "Riot"

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Complètement foutraque, diaboliquement jouissif, cet album de Confused porte bien son nom et pas forcément de la manière la plus équivoque. Une haine anti-flic ? Un soulèvement contre l’oppression ? Y’a un peu de ça et bien plus encore ! En pure tradition punk, il y a également quelques titres festifs et bas-du-front à la « I Want A Beer » ou « Take A Bath », mais même ces derniers jouent avec nos nerfs pour libérer nos instincts primaires emmurés. Confused décoiffe, Confused dérange, Confused détonne. Le groupe nous tartine de dix-sept titres dépassant rarement les deux minutes et qui bougent le curseur au sein de plusieurs registres : parfois du punk californien plutôt entraînant malgré des textes revanchards, parfois du thrash de la même zone (et plus ou moins la même époque) pour garnir d’une armature plus musclée et puissante, cette base rageuse. Et ça c’est quand on ne vient pas même faire du pied au Death crasse, pour proposer un tourbillon de notes dissonantes, entre le bruit et la rafale de sons. Mais qu’on soit clair : c’est du chaos organisé. Ils ne gueulent pas juste pour gueuler, ni ne jouent avec la subtilité d’une grêle de coups de poings pour le plaisir de casser les oreilles des non-initiés. Le groupe est au contraire pleinement dans son élément et maîtrise amplement ses thématiques et sa musique : « Anger Issues » ou « Greedy SOB » suffisent à le prouver, tant elles sont curieusement sympas à écouter tout en ayant des refrains d’une efficacité insolente. Tandis que « Our Flag », « Love, Lies and Murder » ou « Hate In Me » traduisent des sujets certes chers au(x) genre(s), mais le font avec justesse et un plaisir coupable. Chaque titre ou presque fait mouche dans ce tableau bordélique, et s’il bouffe un peu à tous les râteliers, l’ensemble est étonnamment cohérent. Un comble lorsque l’on s’appelle Confused… Et qu’on ouvre notre album par un titre nommé « Chaos ». C’est finalement peut-être la traduction du monde tordu et imprévisible dans lequel nous vivons, et une énième preuve que les punks ont encore tout compris. Tant qu’il y aura un créteux pour gueuler l’étrangeté du monde, le genre persistera… Et l’inverse est peut-être aussi vrai. Rarement un album n’aura eu, presque physiquement, cette traduction de confusion profonde qui anime notre société, en tout cas au sein des vingt dernières années du genre. Alors certes, on regrettera sans doute le manque d’un ou deux ‘anthems’, d’un ou deux titres aptes à devenir des singles, des ‘tubes’. Mais sa légère difficulté d’accès fait sans doute partie de son ADN. Une formidable surprise, d’un groupe pourtant connu de la scène !

Quelque part à Phoenix, en Arizona, Daniel Stollings poursuit ses travaux en solitaire et nous sort un très bon 3ème E.P. en 6 années de services sur la scène du Black atmosphérique. En maître de son art, il nous distille des titres bien aériens aux mélodies soignées et prégnantes. Le riffing de guitare est poli et semble démontrer une bonne capacité à créer des espaces facilement appréciables. Point de mélancolie pathogène ne suinte dudit riffing car Dani parvient à transcender sa propre matéria prima. Il entre dans le monde du Beau, du Pur, de l’Oxygénant. Le titre éponyme est une véritable pépite qui subjugue l’auditeur d’emblée tout en ayant l’aptitude d’atteindre le niveau vibratoire d’un hymne national. Sur « Unholy Conjuration », l’auditeur virevolte dans ce jeu dynamique qui me fait penser aux géniaux Amongst The Moonlight. Assurément, Daniel monte en puissance par cette expérience qui se forge dans ce qu’il délivre. Sa persévérance mérite amplement d’être récompensée à sa juste mesure. Installez-vous dans votre fauteuil préféré, écoutez en fermant les yeux et plongez dans les ténèbres sublimées magistralement. Le voile éthéré se lèvera alors sur l’horizon de l’Arizona.

04.09.21 22:01

REVIVAL OF THE ERA - "Lilith"

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Une fois n’est pas coutume, passons à la partie musicale asiatique si peu médiatisée dans notre presse Rock/Metal. A l’image de beaucoup de groupes japonais, les sorties ne se font pas systématiquement par albums mais principalement par maxi-single ou EP. C’est justement afin de garantir une sortie régulière pour son public que Revival of the Era nous gratifie d’un troisième EP de trois titres. Commençant par le morceau éponyme « Lilith », nos amis nippons tapent fort avec une voix n’ayant rien à envier aux groupes européens ou américains. Une mélodie aux petits oignons aromatisée de violons et de synthétiseurs ne sont pas pour nous déplaire. Revival Of The Era n’en reste pas là car en plus de la voix très core de leur chanteur Noname, celle du guitariste Kazumi en rajoute une couche, plus claire, qui arrondit les angles et calme le jeu. 

Vient ensuite « Crew », track proche d’un slow, qui vous donne envie d’enlacer la première-venue et de danser avec elle. Pour clôturer cet Ep, retour à la vitesse, les grosses percussions et les circles pit avec « Five Determinations » qui vous renvoie vers un cliché que je me vois obligé de citer : on dirait presque un générique d’animation de baston. Si vous désirez changer un peu de notre scène occidentale, je vous recommande Revival Of The Era et leur nouvel ep « Lilith » qui devrait plaire à plus d’un.

Dans un genre ne se renouvelant que très peu ces dernières années, les Australiens de Resist The Thought nous sortent un album qui ne manque pas de punch. Annonçant leur split en 2013 avant une reformation quatre ans plus tard mais avec un nouveau vocaliste, les Australiens utilisent des rythmes rappelant quelque peu ceux de Parkway Drive à sa grande époque ou encore Devildriver tant le chant de Rhys Giles nous fait penser par intermittence à un certain Dez Fafara. Les breakdowns y sont efficaces et le jeu de batterie parfaitement exécuté par Zak Borg (A Night in Texas, ex-Absolution) donne une pêche d’enfer à cet album, rendant attractif le groupe aux yeux des adeptes du genre. Mêlant chant clair et growl, les tracks, malgré leur côté répétitif, ne lassent en rien l’auditeur. L'album bénéficie quand même d'un point négatif : celui d'être court. Ne devant se contenter que de 7 titres, il laisse un goût de trop peu ou d'inachevé. « Renaissance » reste toutefois un album d’excellente facture. En espérant que celui-ci aboutisse bien vite à une tournée mondiale afin de constater si Resist The Thought est aussi bon sur scène qu'en studio. 

Groupe parodique désormais très en vogue, la popularité de Nanowar of Steel s’est retrouvée catapultée avec leur précédent album, « Stairway to Valhalla » et plus particulièrement avec sa ressortie via Napalm. Les quelques singles « bonus », rajoutés entre la sortie initiale et cette réédition (« Valhallelujah », « Norwegian Reggaeton » ou le clip pour « Uranus ») n’y étant certainement pas étrangers non plus. Bref, on part sur une bestiole à la fois plus internationale que nos Ultra Vomit préférés, et plus moderne que les géniaux Tenacious D. Tout cela rend assez curieux ce choix de sortir un album dédié à la chanson italienne traditionnelle. Toujours de façon parodique bien sûr, mais tout de même : le risque de perdre son public, pas franchement informé sur le folklore du pays, paraissait réel. Malgré leur carrière plus que respectable, on ne peut pas franchement dire que J.B.O. s’exporte des masses hors pays germanophones !

Comment diable envisager une critique d’un tel album alors ? Et bien tout est dans son titre : en l’étudiant comme un album de folk ! Le genre étant coutumier de l’emploi de la langue maternelle pour toutes les parties chantées, cela rend subitement plus logique et appréciable de considérer les onze titres sous ce prisme plutôt que celui de l’unique déconnade. Pas besoin de parler finnois ou russe pour apprécier Korpiklaani ou Arkona, et même chose ici… Bien que cela atténue forcément la plupart des vannes (après, faut-il réellement de grosses connaissances en italien pour traduire « La Maledizione di Capitan Findus » ?). Ce qu’il faudra retenir, c’est que musicalement, ça envoie plutôt pas mal : c’est entraînant, c’est puissant, c’est fait avec le cœur. Nul doute que vous reprendrez plusieurs refrains en mode yaourt, juste parce que cette bande de rigolos y met énormément d’énergie. Puis bon, en Belgique francophone, y’aura sûrement un ou deux airs que vous reconnaitrez, si toutefois vous avez eu l’occasion de passer quelques soirées avec des italiens…

En bref, « Italian Folk Metal » est, en substance, difficile à recommander à quiconque ne parle pas bien la langue et/ou ne connaît pas bien le folklore du pays en forme de botte. Même pour un amoureux de folk, le résultat est si éloigné d’un projet comme Tengger Cavalry ou Ensiferum qu’il est difficile de vous encourager à y tendre une oreille : cela reste de la parodie, et donc une revisite presque totale des classiques. Reste alors, pour les fans les plus assidus, un album fonctionnel, respirant la bonne humeur.

Près de cinq ans et demi après sa mort, il est toujours aussi difficile d’accepter que Lemmy n’est plus des nôtres. Tout comme il est difficile de reconnaître que leur discographie prolifique s’est arrêtée presque aussi brutalement. Du coup, la moindre occasion pour rouvrir les poussiéreuses pages du livre Motörhead est une opportunité à saisir. Pour se souvenir. Pour redécouvrir. Pour réécrire la légende. Et cette ressortie de leur premier et fameux album live, pleine à craquer de bonus, est assurément une occasion de plus de rouvrir la porte des mémoires de la grande histoire du rock.

Commençons illico par le chipotage avant de laisser place aux éloges : avec quatre CDs pour presque autant de concerts, on a vraiment BEAUCOUP de contenu. Septante-et-un titres très précisément. De quoi en faire une petite surdose ! De plus, et c’est plutôt logique, plusieurs titres sont présents en double, triple voire quadruple exemplaires… Avec trois concerts, plus le soundcheck (oui oui !), plus l’album original remasterisé, on pouvait s’attendre à plusieurs versions du même titre. Autre curiosité : les concerts présents sont dans le désordre. En effet, le CD2 reprend le concert du 30 mars 1981 alors que le CD4 nous gratifie du concert du 28 mars de la même année… Très peu gênant en soit, puisqu’on se tape un groupe en forme olympique qui garde beaucoup d’énergie même après plusieurs jours de représentations consécutives, cela pose néanmoins question. Mais nos critiques s’arrêteront là.

Car au-delà de ça, on saluera précisément la qualité des enregistrements : très propres malgré leur âge, et permettant de profiter pleinement du groupe alors qu’ils venaient de sortir leur mythique Ace Of Spades. Chanceux sont ceux ayant eu l’occasion de les voir à ces moments de leur existence (j’étais alors bien loin d’être né !), alors que leurs excès autant que les affres du temps n’étaient encore que très très loin devant eux. Plusieurs fans font état de concerts très rudes, presque larmoyants, en fin de vie de Lemmy… Il est alors bon de se rappeler de l’énergie folle que ces gars-là déployaient pendant les décennies qui ont précédé. Outre l’ajout de trois titres en soundcheck, les 4 CDs proposent surtout une moitié inédite du concert de Leeds ET du concert de Newcastle du 29 mars ! Le concert du 30 mars 1981 ne comporte lui « que » sept titres jamais sortis… Ce qui correspond tout de même à près de 28 titres jamais sortis auparavant. Juste l’équivalent de deux albums en somme ! Comme précédemment énoncé, tout le contenu présent est pré-Iron Fist… Ce qui explique l’absence de nombreux classiques (et la répétition de plusieurs morceaux, certes mythiques, mais un peu redondants). Néanmoins, au milieu des « We Are The Road Crew », « Motörhead » et « Overkill », on est gratifié de chansons moins connues comme « Stay Clean », « Capricorn », « Fire Fire » ou « Jailbait ». Les premières années d’un groupe sont toujours magiques pour cette raison simple : les concerts écument réellement les fonds de tiroir pour tenir le public en haleine et éviter l’ennui. Exit donc l’espèce de best-of des singles millénaires que l’on reçoit à la tronche, presque par automatisme, en fin de carrière : ici, même les fans les plus assidus redécouvriront sûrement une chanson ou l’autre. Et ça c’est toujours plaisant pour sa playlist. Difficile de pousser plus loin cette chronique déjà trop longue : si ce quadruple album manque un peu de variété, de versatilité…Il le compense par une générosité et un confort d’écoute hors-pair.

Assurément, tout le monde à une expérience différente et des anecdotes variées sur le groupe. Découvrir le groupe avec « Ace of Spades » n’a rien de bien surprenant, tant le titre est omniprésent dans la culture populaire. Poursuivre sa découverte par le jeu atypique de Lemmy, en tant que bassiste, est déjà un tant soit peu plus respectable. C’est lui qui m’aura donné le goût pour les bassistes sortant du lot… et malgré tout, je parviens encore à me tromper sur la position du umlaut présent dans le nom du groupe. Motörhead fait partie de ces groupes à histoires, de ceux dont on a tous entendu au moins l’une ou l’autre chanson et qu’on peut ne pas aimer, tout en continuant à grandement les respecter. Cet album est, en essence, un énième produit posthume surfant sur l’héritage d’un groupe intemporel. Mais surtout, il appelle au souvenir et atteste d’une période déjà bien trop lointaine. Indispensable ? Peut-être pas. Bigrement généreux ? Totalement !

« We Are Motörhead… And we play rock’n’roll »

Du logo à la pochette, du son aux growls, des riffs tranchants à la batterie puissante, tout chez Macabre Decay est death metal old school, tendance suédoise. Ça joue vite et bien ("Into Oblivion", bien agressif ou "Utterly Helpless"), sans négliger ni les ambiances malsaines, ni un certain groove, ni une aspiration mélodique ("Icon", "Altered Flesh"). Le chanteur, Henka Andersson (Centinex), s’offre parfois des cris bestiaux du plus bel effet. 

Les dix titres, excepté une dispensable interlude acoustique à mi-chemin, se savourent en songeant au début des années 90, en se remémorant cette période bénie pour le Death Metal. Les fantômes de Grave, Dismember ou Entombed planent sur "Into Oblivion" qui trouve son apogée sur un "Wall Of Bones" menaçant aux visages changeants. 100 % old school !