Chroniques

Chroniques (703)

16.03.20 07:30

ELAY ARSON - "Dusk Incarnate"

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Elay Arson représente beaucoup de choses. Un projet de vie mené par deux comparses, aussi prolifique qu’extrêmement personnel (4 albums et 2 EP depuis 2016 quand même, toujours garnis d’un riche background !), mais surtout la meilleure jonction entre la synthwave et le metal. Même le ténébreux et agressif Perturbator aux racines black metal ne peut se targuer de mettre la guitare au centre de ses productions comme le fait Elay Arson. Et cela donne beaucoup de couleur à sa musique, beaucoup de particularités très sympathique… Et dans un genre qui semble peiner à se renouveler depuis son boom dans le début des 2010s, c’est véritablement salvateur. Cela se traduit véritablement sur Dusk Incarnate, qui développe une belle palette de sonorités assez différentes de ce que l’on entend habituellement dans la darksynth. Si les vocals ne sont plus si rares (en atteste la présence de Megan McDuffee, très régulièrement invitée par les artistes oeuvrant dans le style), que dire d’un presque Thrash « Code Name Dusk Incarnate » ? D’un « Classified Debriefing » qui fait pleuvoir les gros riffs sans jamais les étouffer sous un synthé typique de la synth. Ou même d’un « Cocaine Nightmare », nettement plus doux, presque innocent. Dans la veine de ce que propose FM-84 ou le titre « Sunday Lunch » de Carpenter Brut. Parlant de ce dernier, le très groovy « Laser Castle » met en avant une basse peut-être moins folle que « Disco Zombi Italia », mais tellement agréable qu’elle suffit à prouver que c’est un instrument trop peu mis en avant dans le genre… ou dans la musique en général ! Quoiqu’il en soit, malgré leurs nombreuses sorties, le duo ne lasse fort heureusement pas encore. La présence d’invités reconnus y étant peut-être pour quelque chose. Que ce soit en tant que passerelle d’un genre à l’autre ou comme curiosité mixant les styles, la musique d’Elay Arson vaut le détour.

16.03.20 07:24

VOORHEES - "Chapter Two"

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Deux ans après leur premier ep « Chapter One », Voorhees nous revient avec un nouvel opus sobrement intitulé « Chapter Two ». Pour ceux qui ne connaissent pas encore, le combo de la région de Metz rend via son groupe un hommage au célèbre tueur en série Jason Voorhees et ce n’est donc sans étonnement de voir leur nouvelle galette sortir… le vendredi 13 mars ! LesFrançais nous plongent dès leurs deux premiers morceaux « The lucky one’s die first » et « My horror event » dans un univers bien sanglant et glauque dans lequel le death metal bien old school prend toute sa forme. On parle ici de la fin des années quatre-vingt et le début des années nonantes, et l’on pense fort à des formations telles que Asphyx ou encore Massacre en écoutant ces tracks. La production bien baveuse et le mastering signé Dan Swanö (Dismember, Entombed, …) viennent donner un effet percutant à « Chapter Two ». Mais s’arrêter à la comparaison des deux groupes cités serait réducteur car Voorhees sait également jongler avec le mid-tempo ravageur et la double pédale dévastatrice. Des morceaux tels que « Evil to come » et « I’m the man who became god » en sont les meilleurs témoignages, preuve que les ombres de Obituary et de Six Feet Under ne sont pas très loin. Enfin, il faut également parler du niveau technique du groupe, qui n’hésite pas à plomber quelques solos et rythmiques bien exécutées, et qui auraient pu apparaitre sur un album de Death (« The will to kill »). Bref, Voorhees ne fait pas dans la dentelle et propose avec « Chapter Two » un album bien réalisé qui plaira aux fans du genre, sans pour autant être un sommet du genre.

Encore un groupe « punk » finalement plus axé sur la pop que la rapidité chaotique et hargneuse du punk originel… Ceci étant dit, cela ne doit pas empêcher d’analyser l’album pour ce qu’il est. Et si les thématiques sont plus mielleuses et les sonorités plus douces, il y a également de la beauté dans la simplicité et le « easy-listening ». Ce qui est plus dommageable, ce sont les constructions très convenues du groupe. Après le raz-de-marée incarné par la seconde vague punk des années 90/début 2000, qui a vu pléthore de groupes naître et succomber presque aussitôt, difficile de ne pas être un peu déçu par le côté hyper-prévisible d’un album sorti bien quinze ans après la tempête. On ne peut pourtant pas dire que le groupe n’ait rien à raconter : les émotions telles que l’amour ou la mélancolie pouvant bien remplacer les revendications politiques tout en restant résolument punk. Mais ici, tout paraît fade. Ce n’est pas mauvais mais rien ne se démarque. ET pour un genre qui nous a abreuvé de refrains aussi débiles que diaboliquement entraînants, c’est une vraie déception. De plus, si le groupe paraît très sympathique en plus d’avoir de belles intentions, ils n’en sont pas à leur coup d’essai…Aussi, si l’indulgence est de rigueur lors d’un premier projet, on est en droit de se demander si ce n’est tout simplement pas le style du groupe qui perdure. Consistant sans doute. Mais trop lisse aussi.

16.03.20 07:19

SLIME - "Whem gehoert die angst"

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En Allemagne, Slime est une institution. Considéré comme groupe culte de la scène punk-rock, l’annonce d’un nouvel album faisait languir les fans et la scène punk en général. C’est donc avec ce « Whem gehoert die ganst » composé de pas moins de treize morceaux que les Allemands reviennent sur le devant de la scène. Pour un non-teuton, le chant en allemand peut paraître rébarbatif. Mais depuis l’avènement de Rammstein dans le monde entier, la barrière de la langue dans la musique a été brisée et il n’est donc nullement embêtant d’entendre le chanteur dans sa langue maternelle. Côté musique, on évolue dans un punk-rock pour le plus grand nombre. Parfois mélodique comme un Sum 41 (« Paradies »), parfois revendicateur tel Pennywise (« Hölle », « Fette Jahre »), parfois rock et rock n’roll (« Wenn wir wollen », « Weisser Abschaum » et « Die masse »), avec une certaine mélancolie, …telle est la trame principale de la musique proposée par Slime. Mais le combo allemand ne s’arrête pas là. Il n’hésite pas à enrichir les compositions avec des éléments divers, que ce soit du reggae funk à la Good Charlotte comme sur « Die suchenden » ou encore du old school provenant tout droit des The Misfits (« Kein mensch ist illegal »). Et que dire de ce dernier morceau « Solidarity », véritable bombe acoustique chantée en français, qui vous fera danser comme Dropkick Murphys. Amateurs d’un bon rock aux influences diverses, « Whem gehoert die angst » est fait pour vous. Slime est de retour aux avant-postes d’une très belle manière.

16.03.20 07:17

SEVEN SPIRES - "Emerald Seas"

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Un concept album pour ce quintet mené par leur talentueuse chanteuse au spectre vocal impressionnant. Au travers de morceaux à la beauté mélancolique ou à la brutalité émotionnelle, l’album est à la fois sombre et épique. On vogue au travers des genres pour découvrir l’histoire d’un capitaine naviguant à la recherche de la vie éternelle. « Ignit Defendit », instrumental magistral, annonce le départ et nous amène vers le premier morceau harmonique dans la veine du power metal symphonique « Ghost Of A Dream ». On traversera l’épique et énergique « Every Crest » qui soulève déjà le voile sur le growl que leur frontwoman est capable de tenir et dont toute l’ampleur se mesure sur le très black « Fearless » qui n’est pas sans rappeler l’univers de Dimmu Borgir. « Bury you » est une des pépites de cet album où l’émotion est portée à son paroxysme. Le voyage se termine en douceur sur le titre éponyme, instrumental, digne d’une B.O. L’album impressionne par l’aisance avec laquelle ce groupe passe d’un genre à un autre tout en gardant sa signature, par la technique de ses musiciens et par l’étendue des possibilités vocales de leur leader. Un vrai renouveau dans sa catégorie !

16.03.20 07:14

RED DEAD - "Forest Of Chaos"

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1er album pour ce trio issu du Pays basque qui nous propose un death metal old school. Concept album, il raconte la vie d’une créature entre l’humain et une entité chimérique, martyr de l’humanité, qui tente de sortir d’une vie sordide et découvre ses pouvoirs. Chaque morceau est une tranche de sa vie et « Funeral Path » instru digne d’un film d’horreur pose les bases de cet univers sombre. On passe par des morceaux aux riffs accrocheurs et révoltés tels que « Forest Of Flesh » et «Epidemic Fangs » mais aussi par des ambiances sombres et agressives dans «The Gatekeeper » ou « Black Valley ». On y retrouve des morceaux plus structurés et techniques comme « Old Skull Road », « Wind Of Chaos » et de la puissance pure dans « Butcher’s Pray » ou «Antidote Trap ». L’histoire de cette vie se referme sur un dernier morceau instrumental doux-amer. Les influences du trio, à savoir la grande époque de Cannibal Corpse, Obituary, Sepultura ou Morbid Angel pour ne citer qu’eux, sont omniprésentes sans masquer la « patte Red Dead ». L’album est excellent et nous rappelle cette grande période bénie du Death old school. Bien que techniquement et harmonieusement irréprochable, l’album aurait bénéficié grandement de solos dignes de ce nom, qui à mon sens auraient vraiment apporté une signature au groupe et encore plus d’amplitude aux morceaux...

16.03.20 07:11

PROTOGONOS - "From chaos to ashes"

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Reims est réputée pour son champagne et la qualité de sa scène metal extrême bien underground. Protogonos a décidé de proposer quelque chose de différent en balançant un premier album orienté metalcore intitulé « From chaos to ashes ». On parle ici de vrai metalcore et non de metalcore new generation. Durant l’écoute des dix morceaux que composent cet album, on se prend à penser à des formations comme Killswitch Engage, August Burns Red, As I Lay Dying ou encore Parkway Drive. On a affaire à un gros metalcore somme toute basique, alternant les rythmiques, et proposant de la mélodie. Les Français n’hésitent pas à incorporer d’autres éléments comme des nappes d’ambiance ainsi que de l’élèctronique (« Prometerra »). L’alternance de tessitures vocales est également un point d’honneur dans le style mais la réalisation est en dent de scie, les chants clairs étant parfois trop limite. Trois morceaux sortent tout toutefois du lot : « A spark in the universe » et son metalcore progressif instrumental et narratif, « Innocence lost » et son riffing puissant et furieux, ainsi que « Tears of helios » avec ses effets des plus sympas. Protogonos propose donc avec « From chaos to ashes » une première bonne cuvée, et qui pourrait nous épater dans le futur tant son potentiel est important, à la seule condition d’améliorer les quelques points précités.

16.03.20 07:08

LITTLE ALBERT - "Swamp King"

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Passer du doom au hard blues, on a connu d’autres reconversions plus étonnantes encore. Tandis que le sobriquet du groupe se réfère uniquement au prénom de son frontman plutôt qu’à une sordide expérience oubliée. On ne pourrait d’ailleurs pas en être plus éloigné, puisque son rythme s’illustre davantage dans le registre blues que hard (rock ?). Preuve en est sur l’instrumental et très sympathique « Blues Asteroid », ou le mélancolique « Swamp King » donnant envie de siroter un whisky haut-de-gamme ou un cocktail élaboré en nous caressant l’échine de ses riffs langoureux. Le blues arbore une incroyable classe, ce n’est pas nouveau. Ce que l’on aurait aimé (et encore ?) c’est peut-être de s’axer plus dans ce côté hard. Pas nécessairement en vélocité, qui aurait sans doute dénaturé ce côté élégant et maitrisé, mais peut-être en grossissant le trait, en s’octroyant éventuellement des sonorités plus stridentes, plus tranchantes par moment. Au risque de perdre ce côté sobre et sombre ? Peut-être… En vérité, il n’y a pas grand-chose à redire sur cette écart blues-y. Il ne réinvente pas la roue, mais Alberto le fait tellement bien qu’on ne peut que se poser dans son canapé, casque sur les oreilles en profitant du moment.

16.03.20 07:05

KINGCROWN - "A perfect world"

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Prenez trois éléments clés de la formation de base de Nightmare et complétez-les avec des musiciens d’Archange et Fenrir, et vous obtenez un bon line-up de prestige sous le nom de Kingcrown. Forcément, on est en droit à recevoir du lourd et nos attentes sont grandes. Kingcrown réussit haut la main à nous rassasier. Le level technique de chaque musicien atteint le mode « Maestro ». Le style se veut être power metal, s’appuyant sur des rythmiques lourdes et puissantes, agrémenté par des éléments heavy et prog dont les mélodies et solos sont tout simplement sublimes. Tout est pensé avec minutie afin de mettre chaque instrument en valeur à un moment où à un autre et afin que vous ne puissiez pas appuyer sur la touche « pause ». Comble de tout, histoire de clore toute discussion, Kingcrown nous démontre qu’il est simple de proposer un morceau en version dite « metal » et en version purement « acoustique » (« Over the moon »). Mes coups de cœur vont aux morceaux « The end is near », « Golden Knights » et « Sountrack of my existence ». Avec « A perfect world », Kingcrown propose un album qui frôle perfection. Tout résistance est futile. Succulent !

16.03.20 07:03

HOUR OF PENANCE - "Misotheism"

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Depuis 1999, Hour Of Penance met un point d’honneur à se développer et accroitre sa fanbase. L’arrivée de leur huitième album « Misotheism » arrive à point nommé pour les faire passer à la vitesse supérieure et les placer ainsi au premier rang. Malheureusement « Misotheism » est une occasion manquée. Non pas que c’est album soit mauvais, loin de là, mais le manque d’identité propre ainsi qu’une surproduction de l’album les fait stagner aux seconds rangs. Pourtant, on retrouve tout ce qui fait le charme des Italiens sur les différentes morcaux de cet opus. Ce mélange death et black brutal à la Behemoth (« Blight and conquer », « Fallen from ivory towers »), une alternance mid tempo et mosh modernes pour s’exploser la tronche (« Lamb of the seven sins », « Dura lex sed lex »), ainsi que des mélodies malsaines et bien dark (« Sovereign nation »). Les intros et outros sont toujours aussi glauques. Hour of Penance propose toujours des compositions de qualité réalisés avec une technique irréprochable. Mais, sûrement à cause d’une production trop poussée, les oreilles saignent et on a envie de switcher au morceau suivant, le meilleur exemple étant « Ludex » qui part toute son énergie à cause de cela. Hour Of Penance propose donc avec « Misotheism » un bon album de black death, mais dont certains éléments viennent ternir son niveau.