20.06.21 10:32

InHuman

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Tel un papillon qui sort de son cocon et nous présente ses nouveaux atours, voici InHuman, connu précédemment sous le nom d’Anwynn. Son nouvel album éponyme a laissé de côté le folk pour faire place à une ambiance plus sombre, plus death mais en gardant toute sa superbe symphonique et mélodique. Déjà sous le charme de l’album, je ne pouvais rêver mieux que de me laisser guider par la multitalentueuse Astrid pour en découvrir davantage sur son univers et sur cette nouvelle facette du groupe.

Ma première question ne sera pas à propos du changement de nom, car tu y as déjà répondu plusieurs fois et nos lecteurs pourront facilement trouver l’information sur votre page Facebook. J’aimerais surtout savoir ce qui a fait évoluer votre musique d’un style plutôt folk vers le death symphonique- gothique. C’est arrivé naturellement. C’est une vision qu’on avait avec les membres actuels depuis assez longtemps et vers laquelle on se dirigeait petit à petit. On voulait faire avec ce nouvel album beaucoup de violence, de symphonies, de mélodies. Beaucoup de tout en fait, jusque dans la production ! C’était une vraie intention.

L’album, les paroles, le trailer, tout laisse à penser que l’être humain, la nature humaine est vraiment le thème central de l’album. Ton travail en est-il l’origine ? Tout à fait, tu as bien cerné l’album ! J’ai en fait deux passions principales ; tout ce qui est psychiatrie et psychologie, car je suis effectivement psychiatre et tout ce qui est condition humaine, nature humaine, psychologie, maladie mentale m’intéressent très fort et m’inspirent. Ça se reflète dans ce que j’écris, dans mes paroles, dans ma façon de voir le monde, dans mon interaction avec les gens et dans ce qui me pousse à faire du créatif donc oui, clairement.

Ça a été facile d’embarquer les autres dans cette aventure ? Franchement oui. Au niveau conceptuel et là je mets la compo pure de côté, c’est surtout la chanteuse Eline et moi. Elle est dans le même trip à ce niveau-là et on se complète super bien. Les paroles sont également écrites par nous deux, plus ou moins à moitié-moitié et donc on est complètement sur le même bateau.

Le visuel de la pochette, qui a d’ailleurs un lien avec un de vos clips, me fait penser au « Parfum » de Süskind et cette envie de mettre l’essence humaine en bouteille. À moi aussi. Ce n’était pas un lien conscient, mais clairement en ayant cette idée en tête depuis longtemps et en travaillant dessus j’ai pensé à plusieurs trucs et mettre l’essence humaine dans une fiole, c’est exactement ça ! Bien vu !

Il y a un morceau qui, pour moi, sort du lot : « Cassus Belli ». J’y ai vraiment vu, plus que dans les autres, un court métrage. Tu as tout compris et je suis super contente que tu l’aies ressenti comme cela. Car c’est effectivement un « film » et à la base, avant que je ne réalise le coût de cela, je pensais faire un film d’animation dessus. J’ai vite compris que je n’avais pas €300,000.00 et on a mis cela de côté. En gros, c’est l’histoire d’un personnage qui doit partir à la guerre et on retourne ici un peu dans notre tendance « moyenâgeuse ». Il doit y aller pour protéger son enfant. D’où les bruits d’enfant et autres bruitages. Il n’a pas envie d’y aller, a très peur et le fait uniquement pour son enfant. Puis, quand il part pour la guerre, il se retrouve à tuer quelqu’un par hasard, enfin je veux dire de manière non intentionnelle puisque c’est pour se défendre. Il est alors envahi d’émotions : comment a-t-il pu tuer un autre être humain ? Mais il se rend compte qu’en fait, il adore ça et que c’était super cool ! Il est pris alors d’une sorte de manie psychopathique où il défonce tout sur son passage. On se rend compte alors qu’en fait le personnage n’est pas un homme, mais une femme ! Elle gagne finalement la bataille, retourne vers son enfant et lui chante une ballade du genre : je vais t’apprendre à te protéger comme maman. Pour être complète, on a fait aussi l’autre côté de cette histoire avec « The Day I Died » où, là, c’est l’histoire du premier homme qui se fait tuer dans « Cassus Belli ». Quand on sera des rock stars et qu’on aura plein d’argent on en fera une vidéo animée 3D.

Je lance un appel à nos lecteurs parmi qui, il y a sûrement des amateurs, voire des semi-pros en animation qui pourraient faire une collaboration ;-) Oui pourquoi pas : on est souvent sur la même longueur d’onde et les amateurs et semi-pros ce sont souvent des gens qui, comme nous, ont un job à côté, bien que certains d’entre nous soient pros, donc quand ils ont un projet ils se mettent à fond dedans, comme nous. Je ne dis pas par-là que les pros ne sont pas passionnés, c’est qu’ils ont juste d’autres projets.

Revenons sur les changements : changer de nom alors que l’on a déjà une renommée ce n’est pas risqué ? Bien sûr, mais tu parles de la fan base, je suppose ? C’est pour cela que ça a pris du temps. On a d’abord changé le visuel pour finalement arriver au fait qu’on allait aussi changer le nom du groupe. Maintenant, on voulait rester authentiques par rapport à la musique et au groupe. C’était le moment où il fallait changer. On a essayé de minimiser le risque en renommant notre page ex-Anwynn/Inhuman, mais il est impossible d’éviter de perdre des fans. J’en suis triste, mais ceux qui ont aimé le groupe d’il y a 15 ans n’aimeront peut-être pas l’évolution. Chacun ses goûts et son évolution musicale, il n’y a pas de mal et si ça plait à certains anciens fans tant mieux.

Passons à la création. Qu’est-ce qui est à la base d’un nouveau morceau : des paroles, un concept, un riff ? C’est souvent une idée qui va créer un texte et une mélodie. Je sais que c’est très cliché de dire que tout le monde fait partie de la compo, mais c’est le cas et c’est une des raisons pour laquelle la création de l’album fut si longue. On l’a commencé il y a 4 ou 5 ans et le tout premier truc qu’on a eu c’est la mélodie folk à la flûte de « No Bullet Required », venant du folk c’est normal, mais on ne s’attendait pas du tout à ce que ça finisse dans une chanson pareille. Chacun apporte au fur et à mesure et ce n’est pas toujours en lien avec son instrument. C’est vraiment un travail commun et en général, pour la direction artistique, c’est moi qui pousse un peu dans la direction que j’ai envie même si c’est une contribution de groupe. Ça prend du temps, c’est fatigant, mais j’aime quand c’est comme ça.

Vous êtes plus actifs sur les réseaux sociaux, probablement à cause de la situation actuelle, mais est-ce quelque chose que vous allez continuer ? Je pense que c’est important de créer du contenu et c’est super cool pour les gens d’avoir du contenu autre que purement une chanson. C’est quelque chose que l’on compte continuer, car ça développe aussi la créativité et c’est ce qui me plait.

Vous êtes deux filles dans le groupe. Est-ce que la perception, l’acceptation des filles dans le metal ont évoluées ? C’est un de mes sujets préférés : je suis une grande féministe, Eline aussi. C’est quelque chose que je me demande très régulièrement. Ça évolue : clairement. Paradoxalement, ou pas, dans le metal ça va encore comparé à d’autres styles musicaux. J’ai eu la chance d’être invitée à une conférence organisée par la Fédération Wallonie-Bruxelles sur la représentation de la femme dans la musique. J’ai eu l’opportunité de discuter avec 4 autres artistes qui, elles, n’étaient pas dans le metal (rap, jazz et classique) et pour le metal, ça va encore, mais il y a encore énormément de progrès à faire. J’ai moi-même changé d’avis dernièrement. Avant j’étais très énervée par tout ce qui est « female fronted metal » et les festivals dédiés aux chanteuses. Je ne refusais pas d’y jouer, mais je n’aimais pas parce qu’on ne devrait pas faire de différence et que le style musical n’est pas défini par le fait que le chanteur ait des boobs ou pas… Mais mon opinion a évolué et oui, dans un monde idéal il n’y aurait pas de différence, mais on n’y est pas encore et changer la manière dont les femmes sont représentées dans la musique ou dans le monde entier passe aussi par de la discrimination positive, puisqu’il s’agit de cela. Elle est peut-être gênante au moment même puisque dans un monde idéal cela n’existerait pas, mais elle est peut-être indispensable, à ce stade-ci pour en arriver là où l’on veut d’ici une génération ou deux. Ça m’énerve donc moins et j’espère donc un monde plus idéal dans pas si longtemps que ça.

Ma dernière question est une carte blanche pour parler d’un sujet qui t’intéresse et qu’on n’a pas abordé pendant l’interview. Le premier truc qui me vient à l’esprit comme tu as parlé du trailer et que j’ai parlé de mes passions c’est que j’aime beaucoup c’est mélanger différents styles d’art : de la musique, de la danse, de la vidéo etc. C’est là-dessus qu’est partie l’idée du trailer. Ça faisait super longtemps que j’avais envie de faire une chanson avec des danseurs. Je pense que ça a résonné avec les gens, ça fait plaisir et j’espère continuer avec d’autres styles d’art complètement bizarres dont je n’ai pas encore entendu parler aujourd’hui.

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  • Crédit photo: D.R.
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