United Guitars, comme l’évoque son nom est un projet collaboratif 100% guitares. Il réunit une vingtaine de musiciens petits et grands tels que Gus G, Rick Graham, Axel Bauer, Richard Daudé, Quentin Godet (…) autour d’un premier double album instrumental guitare : United Guitars Vol 1” ... Ludovic Egraz, rédacteur en chef du journal Guitar Xtreme et fondateur du projet, a répondu à nos questions.
Pour commencer, peux-tu me dire comment l’aventure United Guitars a débuté ? L’aventure a débuté il y a environ deux ans. Je m’occupe d’un magazine qui s’appelle “Guitare Xtreme” pour lequel on fait des vidéos et on en a fait une avec Axel Bauer, Fabrice Dutour et il y avait cinq/six autres guitaristes. On s’est dit que ça serait bien d’aller plus loin et éventuellement de faire un album. Le projet a démarré de cette façon, mais il est resté en suspend jusqu’à il y a trois mois. Ma compagne Olivia Rivasseau est productrice et s’occupe du label Mistiroux Productions, elle a travaillé administrativement sur le projet. Elle a vu comment monter l’enregistrement et quelles subventions on pourrait demander pour le faire… Et à un moment, elle m’a dit qu’il faut le commencer maintenant, c’est le bon moment et j’ai tout enclenché. J’ai réuni les guitaristes, on a composé des morceaux et tout s’est enchaîné très vite. Trois mois après, on avait fini l’album.
Est-ce que tu peux te présenter ? Quels sont les projets que tu as faits avant United Guitars ? Je suis guitariste depuis le collège donc ça fait très longtemps. J’ai commencé une carrière de guitariste professionnel dans le cadre d'un groupe de Rock avec lequel je suis parti en tournée durant plusieurs albums. Parallèlement, je suis devenu journaliste et je me suis réorienté dans la presse guitare. J’ai travaillé pour plusieurs magazines comme Guitare & Claviers et maintenant je suis rédacteur en chef de Guitare Xtreme Magazine. Aujourd’hui, on va dire que je ne pratique pas la guitare professionnellement, dans le sens que ce n’est avec ça que je gagne ma vie. Mais, je joue toujours énormément de guitare dans des projets, des groupes de reprises notamment un de Black Sabbath et j’enseigne aussi la guitare.
Est-ce que le but de tous les artistes qui y ont contribué à United Guitars, c’est de faire transmettre votre passion pour la guitare ? Oui, c’était plutôt de faire un état des lieux de la guitare en France en 2019. Il y a beaucoup de personnes qui ont du talent et qui s’expriment chacun dans leur coin dans le cadre de leur album, de leurs concerts et d’autres qui ont leur chaîne YouTube. Il n’y a pas vraiment quelque chose qui fédère tout ça et c’était une manière de les mettre en avant et de leur offrir une tribune.
Comment perçois-tu l’évolution de la guitare et des guitaristes en France depuis quelques années ? Je trouve ça intéressant, car il y a différent niveau et avec internet, YouTube et la mondialisation, les informations circulent beaucoup et aujourd’hui il y a un niveau plus fort qu’avant. Par contre, j’ai le sentiment que la guitare est un art un peu vieillissant dans le sens que les personnes qui s’y intéressent réellement ont entre trente et septante ans. Alors que, les plus jeunes ne s’y intéressent un peu moins peut être. C’est aussi une raison d’être pour cet album, essayer de dynamiser la guitare auprès des audiences plus jeunes.
Est-ce qu’on peut dire que vous avez produit un album collaboratif en apprenant et collaborant les uns sur les autres ? Il y a vingt-trois guitaristes, dont quinze qui ont apporté une composition originale. Ensuite, on a défini des équipes et, sur chaque morceau, il y a trois, quatre guitares qui interviennent. C’est une façon de partager et de créer une interaction entre les différents musiciens.
Comment s’est déroulé le processus de composition ? Vous avez réussi à tous vous rassembler en même temps ? Non, les quinze guitaristes compositeurs ont enregistré des maquettes courant du mois de juin. Ensuite, on a discuté et réarrangé certaines choses. Une fois les maquettes finalisées, on les a envoyées pour que tout le monde puisse avoir accès et on a décidé qui allait jouer sur quels morceaux. Il y a eu des échanges jusqu’à ce qu'on arrive à une version plus ou moins finalisée. Après, quand on est arrivé pour l’enregistrement début septembre, les batteurs et le bassiste présent sur le projet avaient travaillé les morceaux et on les a refaits en studio pendant quatre jours.
Dans le projet tu as collaboré avec de grands noms notamment Gus G, comment a-t-il rejoint le projet ? Je connais Gus G depuis longtemps quand il a commencé avec son groupe Firewind et on est toujours resté en contact. C’est une personne que j’aime beaucoup et je pense qu’on s’apprécie. Quand il passe à Paris, on s’arrange pour se voir et passer du temps ensemble. Donc, naturellement, je l’ai appelé pour le projet. Et pour le second intervenant étranger, Rick Graham, c’était un peu différent. C’est deux des intervenants du disque, Pierre Danel et Quentin Godet du groupe Kadinja, qui sont amis avec lui et me l’ont présenté. C’est un musicien vraiment intéressant qui est en plus très suivi sur Instagram et YouTube. C’était très plaisant de l’avoir sur l’album.
Je trouve que l’album est très diversifié. Était-ce une volonté que tous les musiciens puissent apporter leur patte ? Oui, au travers de la sélection que j’ai faite des guitaristes, c’était important pour moi de réunir des personnes avec des sensibilités musicales et des univers différents. C’est de cette façon qu’on arrive à avoir des morceaux Metal, Hardpunk, Prog, ambiant … Il y a même un guitariste, Yoann Kempst, qui a composé un titre un peu afro. C’était important que ce ne soit pas juste un disque avec des démonstrations de guitares, mais que ce soit un voyage à travers plein de sensibilités musicales différentes.
Pour finir, que dirais-tu pour nous donner envie d’écouter l’album ? La guitare, c’est chouette. Elle peut être aussi expressive que la voix d’un chanteur. C’est aussi un instrument unique qui existe dans toutes les cultures, qui traverse tous les styles de musique et qui est, pour moi, l’expressivité quasi inégalée. Quand tu tires sur une corde et que tu la touches, tu peux faire ressentir une infinité d’émotions. On a essayé de montrer ça à grande échelle avec cet album. Et encore une fois, ce n’est pas juste un album de performance guitaristique, c’est un album avec de vrais morceaux et je pense que même quelqu’un qui n’est pas ultra-sensible à la guitare instrumentale peut apprécier cet album et l’aimer en l’écoutant.
Pour plus d’informations : https://united-guitars.fr
Au cours des dernières semaines, Laura Guldemond a déjà donné de nombreuses interviews à propos de son engagement comme chanteuse chez les Burning Witches. Raison pour nous d'aller un peu plus loin en lui posant non seulement des questions sur la musique, mais aussi sur sa vie privée. Dans les prochaines lignes, elle va vous livrer des détails inédits sur son monde intime en parlant de son passé, de sa vie quotidienne et de sa maladie, le tout d'une manière très ouverte et honnête !
Commençons par une question à propos du dernier album de Burning Witches "Dance with the Devil" qui est sorti il y a peu. Comment le décrirais-tu par rapport aux deux premiers opus ? C'est toujours du Burning Witches, c'est du métal mélodique des années 80 avec beaucoup de variations. Je pense que c'est l'album le plus diversifié jusqu'à présent. Les styles vont du très lourd à la ballade. Nous avons tous grandi en tant que musiciens et Sonia a développé son propre style que j'adore. En studio, nous avons accordé beaucoup d'attention aux détails. Je suis une chanteuse différente donc ce n'est pas complètement pareil par rapport aux premiers albums. Auparavant, Seraina écrivait ses paroles et mélodies pour ses lignes de chant et maintenant j'écris les miennes. Mais bien sûr, je voulais rester dans le style des années 80 et des Burning Witches.
L'écriture a-t-elle été adaptée à ta voix ? La chose qu'ils ont toujours gardée à l'esprit, c'est que je peux aussi bien chanter dans les registres graves et que ma voix est un peu plus chaude. Mais en fait, tu devrais demander à Romana !
Je sais que tu chantes non seulement le soprano, mais aimes aussi les tonalités graves. Oui, j'aime les deux, il faut juste voir ce qui correspond le mieux à une chanson. Nous écrirons peut-être une chanson qui commence bas et finit haut pour le prochain album, donc du genre typique de power ballade. Cette fois-ci, c'était un peu difficile à faire parce que nous n'écrivons pas ensemble. Romana m'a envoyé ce qu'elle écrivait à la maison. Mais cette année-ci, nous avons prévu de partir ensemble en vacances pour quelques semaines, peut-être en Croatie. Mais puisqu’il y a le corona maintenant, je ne sais pas si ce sera possible.
En parlant de la pandémie : que fais-tu au quotidien chez toi à Eindhoven ? Pour le moment, je ne suis pas autorisée à travailler comme professeur de chant, car je serais proche de quelqu'un qui pourrait me cracher dessus (rires). Je ne peux qu’enseigner par Skype. Mais là, je n'ai pas autant d'étudiants que dans la vraie vie. À part cela, je viens de déménager chez mon nouveau petit ami. L'autre chose que j'ai faite pour gagner ma vie a été la vente à domicile qui n’est actuellement pas possible puisqu’elle propagerait le virus. Je suis heureusement toujours en bonne santé et ma famille et mes amis aussi !
Tu es jeune et fais beaucoup de fitness, tu peux donc bien y faire face ! C’est vrai, j'aime bien faire du fitness, mais tous les centres sont fermés. Je profite donc maintenant de mon temps libre pour écrire des chansons.
Qu’est-ce que tu vends quand tu fais du porte-à-porte si je peux demander ? Je ne veux pas trop en parler. Mais c’est amusant, car j’aime parler aux gens !
Quand tu dis que tu écris des chansons : écris-tu non seulement des paroles, mais aussi des mélodies ? J'écris mes propres mélodies de chant et les paroles. Nous travaillons uniquement sur des détails et certains effets en studio et puis nous voyons ce qui en résulte. Nous avons eu beaucoup de plaisir à le faire, c'était tellement génial de tout entendre venir ensemble ! Quelques paroles ont dû être changées, car nous avions modifié les mélodies un peu. C'est une bonne chose que Schmier, qui nous a aidés, est un chanteur, il était confiant et disait : “apportez tout ce que vous avez, nous le mettrons ensemble !“
Il y a quelques années, lorsque j'ai vu les Burning Witches avec Alea et Seraina, le groupe jouait déjà à un très haut niveau, mais le public était plutôt restreint. Maintenant, le nombre d’adeptes s'agrandit de jour en jour et votre batteuse Lala m'a dit il y a quelques jours que vous employez une merch girl maintenant (Karen), donc les choses deviennent de plus en plus professionnelles ! Tu as rejoint le groupe il y a moins d'un an, as-tu remarqué une croissance de popularité ? Ouais, ouais, c'est vraiment cool ! Je pense que tu peux aussi le voir dans les statistiques que cet album est entré plus haut que la dernière fois. Je pense que c'est parce que de plus en plus de gens commencent à nous connaître. Au début, il était difficile pour les filles d'être prises au sérieux. L'année dernière, nous avons fait beaucoup de grands festivals et je pense que cela a aidé beaucoup de gens à nous découvrir. Et nous sommes très satisfaites des critiques que nous avons reçues pour l’album.
En effet, j'ai vu une foule immense au Summer Breeze Festival ! En principe partout ; parfois les organisateurs nous ont même dit qu'ils n'avaient jamais vu une telle foule sur la scène où nous jouions !
Je pense que cette année, vous serez sur les mainstages ! Oui, voyons ce qui se passe, je suis curieuse !
Tu avais l’expérience sur scène avec Shadowrise, Generation Lost et quelques autres groupes, mais juste après avoir rejoint le groupe, ton premier concert a été immédiatement au Sweden Rock Festival ! Quel sentiment y avais-tu en montant sur scène ? J'étais super excitée et un peu nerveuse, mais aussi très concentrée. J’étais bien préparée, les chansons étaient toutes nouvelles pour moi donc il n'y avait pas d'autre moyen que de les écouter tous les jours avant le concert !
Tu n’avais en effet pas beaucoup de temps pour apprendre les chansons et pour mémoriser les paroles. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts. J'étais donc un peu nerveuse, mais ça allait après cinq concerts. C’étaient tous de grands concerts de festivals et c'était vraiment cool, j'en rêvais depuis longtemps ! Et à Wacken c'était mon anniversaire !
Oui, j'ai vu sur YouTube que la foule chantait un happy birthday pour toi ! As-tu une chanson préférée sur scène ? Euh, question difficile… je ne peux pas vraiment le dire pour les nouvelles chansons puisque nous avions fait qu’un seul concert avec quelques nouvelles chansons avant l’arrêt dû au coronavirus. Pour les anciennes chansons, c'est difficile à dire parce que dans chaque chanson, il y a des choses que j'aime. J'aime bien entendre les gens chanter, par exemple pour Bloody Rose, même si c'est une des chansons les plus difficiles à chanter.
En parlant des anciennes chansons, Seraina les a toutes écrites. L'as-tu déjà rencontrée? Non, je ne l'ai pas fait.
Voudrais-tu ? On se suit sur Instagram, et ceci déjà avant qu'elle quitte le groupe.
J'ai fait une interview avec elle il y a quelque temps où elle me disait que les Burning Witches auraient trouvé un bon substitut pour elle, c'est donc un beau compliment. Ah, merci !
Passons aux questions personnelles ! Quand tu étais jeune, as-tu toujours cru gagner ta vie en faisant de la musique ou quel était ton plan B ? Eh bien, quand j'étais adolescente, j'ai dû cacher ma musique parce que mes parents étaient hagards ! Ils pensaient que ce n'était pas bon, ils sont très religieux ! Alors, quand j'étais jeune, j'essayais de terminer mes études universitaires, mais je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire après.
Qu'as-tu étudié ? Oh, c’est une longue histoire ! J'ai commencé par l'anthropologie culturelle. Je m’intéresse aux autres personnes. Pour la même raison, je pensais étudier la psychologie, mais mes parents m'ont dit que je ne devrais pas, car je deviendrais folle moi-même ! En anthropologie culturelle, il faut beaucoup écrire, mais je ne suis pas un bon écrivain. Je veux dire que je peux écrire des paroles de chansons, mais l'une de mes pires branches au lycée était le néerlandais. Je ne savais pas vraiment quoi faire et ainsi la motivation me manquait. Je me suis reconvertie au design industriel, c’est quelque chose de créatif et de technique. J’ai fini ces études, mais après cela, je suis allée au conservatoire. Aux Pays-Bas, nous avons le premier conservatoire de musique metal et quand j'ai commencé, c’était la toute première année, c'était vraiment cool ! Je l'ai mené à bien il y a quelques années.
As-tu d'autres intérêts dans ta vie à part la musique et le fitness ? J'ai des geckos léopards. Ils sont parfaits pour l’élevage et ils n'ont pas besoin de beaucoup d'attention. Ils peuvent donc bien passer leur temps sans moi quand je suis occupée.
As-tu des routines quotidiennes ? Je me lève, je me lave le visage, je me maquille, je prends mon petit déjeuner et un café. Si j'ai le temps, je vais câliner mes chats, mon copain a deux chats vraiment adorables. Et j'ai mon gecko préféré que je peux prendre sur mon épaule. J'ai aussi un dragon barbu, il est assez grand pour ne pas se perdre, il peut donc se promener dans la chambre.
Quelles petites choses te rendent heureuse ? Café, biscuits, chantilly, crêpes…
Que de la bouffe ? J'aime les câlins et les baisers de mon copain, le Martini, le whisky et le soleil !
Je te vois toujours rire de toutes tes dents, mais quand as-tu pleuré la dernière fois et pourquoi ? C'était quand j'étais déprimée. J'ai reçu des médicaments et j'attendais qu’ils fassent effet. Ou... attends, en fait c'était il y a plus longtemps. Oh... la dernière fois que j'ai pleurée ? (rires) J'ai toujours tellement voulu avoir un serpent et je pensais que mon petit-ami n'avait aucun problème avec eux, alors j'en ai eu un. C'était un serpent vraiment mignon. Puis il s'est avéré que mon copain avait un problème avec et j'ai dû m'en débarrasser à nouveau ! Vous pouvez donc pleurer pour des trucs stupides comme ça ou réellement. Pendant des années, j'ai eu un problème lorsque l'hiver arrivait, quand il fait de plus en plus sombre à l'extérieur, j'ai un peu de blues hivernal. Mais cette fois, c'était très intense, j'avais un travail exhaustif à faire et je suis devenue vraiment déprimée. Je suis allée voir un médecin qui m'a donné des médicaments. J'ai reçu un diagnostic de trouble de déficit de l’attention l'année dernière. Lorsque vous souffrez de TDA, vous êtes plus susceptible de souffrir de dépression. J’aurais aimé le savoir plus tôt, car pour la première fois depuis des années, j’ai traversé l’hiver sans trop pleurer. Mais normalement, je suis une personne plutôt heureuse.
Tu as un groupe de fans sur Facebook. Es-tu fan de quelqu'un ? Qui aimerais-tu rencontrer ? (rires) Laisse-moi réfléchir, c'est une question difficile ! J'ai déjà rencontré mes chanteurs préférés en metal, ou beaucoup d'entre eux en fait. Mais je voudrais rencontrer Noora Louhimo de Battle Beast !
Quelle est la chose la plus stupide que tu aies jamais faite ? Il y a beaucoup de choses stupides que j'ai faites, mais une belle histoire est la suivante : j'ai raté mon dernier train pour rentrer chez moi après un concert de Dragonforce et j'ai essayé d'appeler des amis pour voir où je pouvais rester, mais personne n'a décroché, j'étais donc un peu dans la merde ! Mais à la fin de la nuit, j'avais cinq endroits pour dormir, mais aucun de mes amis ! En fait, j'ai rencontré Sam Totman après leur concert, il était super drôle, il a fait beaucoup de blagues stupides ! Nous sommes également allés dans le backstage, dans la pièce des Dead Kennedys et nous avons eu tout leur alcool, nous avons bu toute la nuit !
Si tu ne t’étais pas rendue en voiture : n’as-tu pas de permis de conduire ? Non, je n’en ai pas. À cause de mon TDA, j'ai beaucoup de problèmes avec le multitâche. Si j'ai assez de temps pour faire quelque chose, je peux le faire bien. Mais pendant une leçon de conduite, beaucoup de choses se produisent à la fois et un moniteur perd vite sa patience. Cela ne fonctionne tout simplement pas parce qu'alors je suis stressée et quand je suis stressée, je suis distraite, car ma tête ne peut pas le maîtriser et ensuite je fais encore plus d'erreurs ! Cette année, je pensais cependant obtenir mon permis de conduire, car je cherchais un emploi à temps plein. Mais maintenant, je suis avec les Burning Witches et je voyage beaucoup, donc je n'ai pas vraiment besoin d'une voiture. Et cela ne ferait que prendre de l'argent que je peux utiliser bien mieux ailleurs parce que la musique ne me rapporte pas beaucoup d'argent. Mais peut-être plus tard dans la vie.
Le tatouage que tu as sur ton ventre a-t-il une signification particulière ? Oui, il fait partie de mon ancien costume de Shadowrise et j'aime les tatouages bleus du film Atlantis de Disney. Connais-tu Luis Royo ? Il peint des filles et certaines portent des tatouages tribaux bleus. J'aime son style et ces tatouages. Un de mes amis l'a tatoué. C'était l'un des premiers qu'il a fait et c'était aussi le premier tatouage que j'avais.
Et la tournée ? Quand commencera-t-elle enfin ? La tournée européenne est reportée à l'automne, mais j'espère que nous pourrons refaire quelques concerts en juin ou juillet pendant les festivals. Et j'espère que nous pourrons faire une tournée au Royaume-Uni et peut-être une autre tournée en septembre ou octobre, mais je ne sais pas encore où exactement. J'espère toujours que nous pourrons aller aux États-Unis, mais nous devons voir s'il y a une bonne opportunité - je l'espère !
Je te souhaite alors bonne chance pour le reste de l'année ! Merci pour l'interview ! Et je suis vraiment curieux à propos de votre magazine, il a l'air tellement cool parce qu'il a deux choses que j'aime : la musique et les arts !
Les Français de 7 Weeks n’ont pas toujours connu un long fleuve tranquille dans leur carrière et ils ont failli disparaître ... Tel un phénix ou plutôt un bison, ils ont, à force de persévérance, remonté la pente pour nous présenter en janvier un nouvel album « Sisyphus ». Julien Bernard (chant & basse) nous en dit plus à son sujet :
Pour commencer est-ce que tu peux me faire une petite rétrospective de 7 Weeks ? Oui bien sûr, le groupe a sorti son premier album « All Channels Off » en 2009, depuis on a pas mal tourné en France, en Europe et en Angleterre. En janvier est sorti notre 5e album « Sisyphus ». Nous sommes nos propres producteur et label sauf sur l’avant dernier, on y reviendra ...
Comment s’est déroulé le processus de création de votre nouvel album « Sisyphus » ? Après la tournée du précédent album « A farewell To Dawn », on a fait une sorte de pause qui correspondait à un besoin de réflexion sur ce qu’on faisait et une lassitude face aux soucis de changement de line-up et de problème avec le label qui avait sorti l’album. On a même pensé arrêter le groupe. Puis, on s’est remis à composer durant 2018 pour enregistrer l’album en 2019. C’est toujours ce qui nous a sorti du trou la création, c’est notre moteur.
Nouvel album et également nouveau line-up ? En 2018, on s’est, une fois de plus, retrouvé sans guitariste donc on a beaucoup répété et composé avec moi à la guitare, c’est ce qu’on a souvent fait dans 7 Weeks. Quand on a jugé bon de commencer à préparer le terrain pour reprendre les concerts, on a fait des auditions et on a rencontré Fred avec qui ça s’est bien passé, on a décidé de l’inclure sur la fin du processus de composition. 95 % des morceaux étaient déjà écrits, mais ça nous permettait d’enregistrer en live et d’apporter une autre couleur dans le son.
Est-ce que vous pouvez expliquer la signification du titre de l’album « Sisyphus » ? Celui-ci se rattache à la mythologie grecque ? Bien sûr, cela découle de notre réflexion sur notre condition d’artiste, voire d’homme tout simplement. C’est ce qui nous pousse à « porter un projet » et ce quelques soit les conditions. Ça ne peut pas toujours être simplement "fun’ de faire du rock autoproduit, ça demande de l’abnégation et de la ressource. Et puis on a beaucoup été marqué par le « Mythe de Sisyphe » de Camus qui a une approche plus philosophique et qui explique, entre autres, que la création est plus importante que l’œuvre.
Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que signifie la pochette de l’album et qui l'a réalisée ? C’est Gilles Estines qui l’a réalisée, on a souvent travaillé avec lui sur les albums, il a fait « Dead of Night », « Carnivora » et « Bends ». C’est lui qui est parti dans ce trip, on lui avait dit qu’on voulait plutôt quelque chose de photographique et il a mélangé plusieurs éléments. Elle n’a pas un sens particulier au premier degré, c’est plus un ressenti. Mais on peut trouver dans le bison, une sorte de parallèle avec 7 Weeks. Le Bison a failli disparaître, il évoque la puissance, la lourdeur, il fonce droit devant, quitte à aller vers un précipice. Bref c’est nous.
Le style Stoner est généralement rattaché à des groupes américains. Que pensez-vous du développement de ce style en France ? Ce qui est terrible pour nous, c’est qu’on ne veut pas être considéré comme Stoner. On aime le Stoner, il nous a influencés, aucun problème là-dessus, mais en tant que fan de Stoner (même si je ne sais pas si ça a un sens tellement les appellations diffèrent suivant les protagonistes), je ne pense pas que l’on soit un groupe de Stoner. On fait appel à tellement plus d’influences et pourtant tout le monde dit, : « 7 weeks, le groupe de Stoner »… Ma réponse favorite sur ce sujet est qu’aujourd’hui un des plus grands albums de Stoner serait « Superunknown » de Soundgarden et pourtant personne ne classe Soundgarden dans le Stoner. C’est un mode de pensée propre à la France, ça n’existe pas à l’étranger.
Vous avez fait un grand nombre de concerts et de festivals. Avez-vous un souvenir qui vous a marqué en particulier ? Les meilleurs souvenirs quand tu fais de la tournée sont souvent des petits détails qui ressortent plusieurs mois voir des années après. Ce sont des impressions, des sentiments fugaces, plus que des souvenirs de concerts. Je suis désolé c’est moins glamour que de dire : le Hellfest c’était super, le Hammer fest génial, la tournée européenne incroyable ... Mais pour moi c’est comme ça. Si on cherche vraiment un souvenir de concert alors je pense que c’était pendant les Bars en Trans en 2009, où je n’ai jamais vu un public autant lâcher prise, c’était fou. On se serait cru dans les années 90’ quand les gens venaient au concert pour se déchainer.
Pour finir quels sont les plans pour 7 Weeks ? Vous avez des dates de concerts et de festivals à venir ? Oui, on a les premières dates de concert qui arrivent, du club puis des festivals cet été en France et Belgique avec notamment un passage aux Francofolies de la Rochelle. C’est cool de voir que ces gros Festivals à l’origine inatteignables pour de la musique lourde chantée en anglais s’ouvrent et proposent ça maintenant dans leur programmation.
Le multi-instrumentalise, Junior Rodriguez connu pour ses nombreux projets (Inhatred, Betraying The Martyrs, Darkness Dynamite …), nous présente et nous fait voyager avec son album solo “Stellar Dream” :
Pour commencer, peux-tu résumer ta carrière de musicien jusqu’à présent ? Je suis musicien depuis ma tendre enfance et j’ai eu la chance de jouer dans plein de projets notamment Loudblast, des artistes comme Dick Rivers, j’ai partagé un projet avec Dave Grohl à Los Angeles. Avec ces rencontres et les hasards, je me suis retrouvé dans des canevas différents qui constituent ce qu’on peut appeler une carrière.
Tu commences ton projet solo avec un premier album “Stellar Dream” : par cela voulais-tu vraiment exprimer ton propre art ? Exactement, c’est un premier projet vraiment abouti où j’ai tout réalisé et c’est la chose la plus personnelle que j’ai faite jusqu’à maintenant, j’y ai décidé de m’exprimer pleinement en tant qu’artiste.
Tes projets précédents t'ont aidé à constituer celui-ci ? Bien sûr, c’est ce qui m’a mené jusque-là par les expériences passées avec tous les groupes dans des styles divers et varié. Cet album est une synthèse de ce que je suis, de la musique que je fais et que j’aime, c’est un peu ce que j’ai toujours rêvé d’écouter. Je me suis fait mon album de ce j’apprécie.
Quels sont les sonorités et styles qu’on va retrouver “Stellar Dream” ? On est sur du psychédélique, il y a des personnes qui affirment que c’est du Rock, d’autres du Metal, mais ce n’est ni l’un ni l’autre. Comme je l’évoquais avant c’est ce qui me constitue de par de toutes les expériences et les groupes passés, c’est comme un grand mélange de tout ce que j’aime dans tous les genres et il y a un peu de Metal et de Rock. Un ami m’a dit un jour : “Mais en fait ce que tu fais c’est du Rock Stellar” et j’ai trouvé ça sympa comme description.
Est-ce que ta série web “Starting From Nowhere”est le point de départ qui a lancé l’album ? Par cette expérience d’écrire ce titre en Islande, c’est devenu logique pour moi que ce soit le premier de l’album et de le composer par la suite. Ceci n’était pas prévu au début, mais ça en a découlé tout naturellement quand je suis rentré à Paris, j’ai tout de suite écrit la suite et ça s’est fait très simplement.
Il y a juste l’Islande ou d’autres aventures ont constitué cet album ? C’est l'Islande qui a fait le point de départ, mais je voyage énormément, je fais le tour du monde, c’est donc inspiré par toutes mes expériences, ma musique est une invitation au voyage en soi.
Les expéditions sont-elles ta plus grande source d’inspiration ? As-tu d’autres sujets qui t’inspirent ? J’ai plein de sujets qui m’inspirent, mais c’est juste que les voyages et la découverte du monde sont essentiellement ce qui m’a toujours intéressé et intrigué depuis tout petit. J’ai eu la chance de pouvoir vagabonder quasiment depuis ma naissance grâce à mon père qui est chauffeur de car, il m’emmenait un peu partout avec lui dès que je pouvais et que je n’avais pas école. Les voyages sont une très grande source d’inspiration, ensuite il y a aussi le choc des cultures, d’où l’intérêt que je sois allé en Namibie tourner ce clip à la rencontre d’une des plus veilles civilisation sur terre, ce sont vraiment des choses qui me plaisent.
As-tu des lieux qui t’ont marqué en particulier ? As-tu des endroits que tu rêverais de visiter ? Les lieux qui m’ont marqué il y a bien sur l’Islande et la Namibie et ceux que je rêverais de visiter, il y a en a beaucoup comme l’Amérique du Sud où il y a de nombreuses merveilles à voir. J’ai eu la chance d’aller en Amazonie, mais j’étais en tournée en Guyane donc je suis parti en trip avec des Indiens de là-bas et ça n’a pas duré longtemps, je voudrais bien affiner ça et aller dans les endroits les plus reculés. Ensuite, j’aimerai bien visiter l’Asie, c’est un territoire tellement vaste.
Revenons à l’album “Stellar Dream” , peux-tu me décrire son processus de production en studio ? Jusqu’à peu, j’avais la chance d’avoir mon studio d’enregistrement chez moi, dans ma maison à Paris. Donc, je travaille de chez moi, dans mon studio, dans mon salon et j’écris des bouts de paroles, ce sont des idées qui me viennent à la guitare, parfois à la batterie. C’est une espèce de puzzle que je monte comme ça au fur et à mesure, ce sont des pièces qui s’assemblent jusqu’au moment où tu as l’image qui s’affiche et puis je me dis “en fait, j’ai un album qui est prêt, génial”.
C’est de l’autoproduction à 100% ? J’ai tout joué et produit : c’était mon défi de tout faire par moi-même. Après, j’ai eu de la chance d’être entouré pour le mixage du disque, car c’était l’étape que je n’avais pas vraiment envie de faire moi-même. Je l’ai fait sur mes disques précédents, mais là je désirais avoir du recul et passer par des personnes de confiance avec qui j’ai déjà travaillé. Il y a Remy Boy qui est un de mes mixeurs préférés et Mark Stent aux États-Unis qui m’a fait l’honneur de me mixer un titre “Just Like You”. Cependant, pour le reste j’ai tout fait par moi-même.
Peux-tu revenir sur ta série web et sa création, comment est né le projet ? L’idée n’est pas venue de moi, mais du réalisateur Albéric Jouzeau qui avait ça en tête et un jour il m’a appelé pour me dire qu'il aurait souhaité faire un film avec moi. Il m’explique qu’il aimerait bien m’emmener dans un endroit que je n’ai jamais eu l'occasion de visiter, en pleine nature et de documenter ma façon de travailler, comment me vient l'inspiration, de me mettre un peu en danger en me sortant du format habituel de création en studio. Justement, comme il sait que j’adore les expéditions, il m’a emmené en Islande pour voir ce que le voyage allait m’inspirer, et y joindre directement l’image. Le résultat en chanson de cette expérience et du processus de création se retrouve là:
.Pour conclure, quels sont les projets à venir après l’album ? L’album « Stellar Dream » est sorti en octobre, on a une grande phase de promotion et une date le 26 novembre à Paris pour la release party. Ensuite une tournée est prévue pour 2020 et on a déjà beaucoup de dates qui commencent à s’aligner et surtout j’espère faire beaucoup de festivals l’année prochaine.
Point Mort est un groupe français qui s’est forgé son propre style de Lovecore, il nous dévoile leur second EP R(h)ope le 06 septembre. C’est le soir de la première date de leur tournée à Lille le 13 septembre que Sam (chant) et Oliver (guitare) ont répondu à nos questions concernant l’univers du groupe et le nouvel EP :
Pour commencer, pouvez-vous présenter Point Mort :
Sam : Le groupe existe depuis quatre-cinq ans, il s’est formé autour de l'ancien guitariste, il est composé de trois amis et a connu quelques changements de line-up au fil du temps. Moi, Aurélien, qui est le nouveau guitariste et Simon le batteur, nous sommes arrivés par la suite. Pour ma part, je suis dans le groupe depuis trois-quatre ans, pour Simon, deux ans et Aurélien vient d’arriver. Ce soir c’est notre premier concert avec lui.
Peux-tu me décrire le processus de composition du nouvel album R(h)ope ?
Sam : On travaille sur les riffs que chacun d’entre nous apporte et ensuite on les assemble tous ensemble à notre gré.
Oliver : On façonne au fur et à mesure, il n’a pas de schéma prédéfini surtout si en live on ne ressent absolument rien alors, on modifie jusqu’au moment où tous les cinq on sent que cela fonctionne et qu’il se passe vraiment quelque chose. Généralement, on arrive avec des structures qui évoluent en fonction de nos sensations quand on commence à les interpréter en live. Cela évolue beaucoup par rapport à l’EP, car on l’a enregistré un peu en catastrophe, les morceaux ont encore progressé et si on devait les réenregistrer ils n’auraient pas la même tête qu’il y a un an.
Sam : On les a enregistrés il y a maintenant un an donc forcément ça a eu du vécu.
Oliver : Ce processus avait déjà eu lieu sur le premier EP (qu’on avait enregistré en catastrophe). On avait eu, un peu par miracle, un créneau d’enregistrement avec Sylvain Biguet, il avait des morceaux qui n’étaient pas encore totalement finis et on les a terminés à force de les roder en live. C’est aussi ce qui s’est passé avec le deuxième EP, avec lequel on a eu pourtant plus de temps de préparation, mais on aurait dû en prendre plus... Au final, ça commence à se stabiliser et on en voit le bout.
Vous considérez-vous plus comme un groupe live ?
Sam : Je pense que oui, car jusqu’ici, dans tous les cas on a enregistré en live, c’est-à-dire qu'on n’a pas fait de prise séparée avec d’abord la batterie, puis les cordes et le chant. On a toujours fonctionné tous ensemble, on est un groupe live, car on tourne à l’énergie. Ce qui n’exclut pas de fonctionner différemment sur les prochains enregistrements.
Oliver : On essayera de se donner plus de temps pour aller plus loin dans les arrangements et se donner plus de recul au moment où l’on enregistre en live. Je pense qu’on gardera systématiquement ça pour ne pas perdre le côté spontané, mais en ayant plus de réflexion et en s’accordant plus de temps en studio pour avoir plus de recul sur ce que l’on enregistre, c’est la marge de manœuvre qu’on aimerait avoir pour l’album à venir.
Votre Ep “R(h)ope” est sorti depuis une semaine quels sont les retours que vous avez reçus ?
Sam : Il y a eu des retours et des commentaires assez flatteurs et très positifs, il y a eu de jolies choses qui se sont dites en une semaine et on est vraiment heureux.
Oliver : On est même surpris, car on ne va pas dire que l’album est austère, mais il n’est pas vraiment rigolo, et les premières chroniques qu’on a eues ont bien cerné l’essence du projet: on est content. Les personnes qui ont pris le temps de l’écouter et les retours qu’on a eus correspondent à ce qu’on a voulu transmettre avec l’enregistrement. C’est plutôt flatteur.
Peux-tu m’en dire plus sur l’histoire du clip “Wiara” ?
Sam : On souhaitait garder l’atmosphère du premier clip avec quelque chose de sobre, à l’image de ce qu’on essaye de faire passer en musique. Avec Jess et Damien qui ont eu l’idée du clip, on s’est posé la question de ce qu’on pouvait mettre en scène par rapport au texte. Ils ont pensé travailler sur les cordes et shibari, car l’album s’appelle “R(h)ope ce qui signifie “corde”. Et la thématique de “Wiara” raconte l’histoire de la mort qui vient chercher une personne et lui dit : “il te reste un laps de temps à vivre”. C’est se retrouver confronté à cette situation d’être face à la mort, de comment je vais réagir et connaître mes derniers instants. Par rapport au shibari, on trouvait très fort l’image d’une femme qui vient chercher une personne, qu’elle va encorder et emprisonner. C’est la mort, il faut se laisser complètement aller à son jugement et à cette décision. C’est ce que la vidéo illustre, elle arrive, elle le prend et elle va l’encoder et lui s’abandonne jusqu’à la fin. C’est l’image que le clip met en valeur avec toujours un côté positif, car “Wiara” signifie “foi” en polonais. Il y a systématiquement une notion d’apaisement même dans le clip, on le ressent peut-être très dur et assez violent, mais, en même temps il y a une idée très forte de douceur. On a désiré garder cette dualité qui ressemble à Point Mort dans la musique et dans les représentations.
Vous avez voulu faire passer un message sombre et positif à la fois ?
Sam : Ce qu’on fait c’est toujours assez sombre, mais il y a une touche de lumière, c’est une palette qui va du noir au blanc avec plein de passages de gris. C’est ce qu’on fait même musicalement et ça correspondait bien que le clip suive ça.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre style musical qui est du “lovecore” ?
Sam : En vrai c’est une blague et puis en même temps ça répond bien à ce qu’on fait. C’est exactement ce qu’on vient de dire, on fait une musique qui est violente et contrastée et l’idée c’est de montrer que dans la cruauté il y a de l’amour. C’est ce qu’on fait avec le lovecore, il y a de la violence, mais ce n’est pas dénué d’amour musicalement. C’est donc de là que l’idée est venue, on trouvait ça sympa de ne pas seulement dire on colle à du Post Metal et du Post Hardcore mais dans ce qu’on fait il y a toujours quelque chose de positif et surtout on le fait avec passion et je pense que cela se sent.
On ressent que dans l’EP il y a plusieurs styles, atmosphères qui s’assemblent :
Oli : Il n’a rien de prédéfini lorsqu'on joue le morceau, il évolue en fonction de nos émotions et au moment où on l’interprète. Parfois, on remarque qu'il y a des directions qu’on n’avait pas prises, quelqu’un va lancer un riff improbable et finalement ça apporte quelque chose de très intéressant. Il y aussi du travail à la maison où l’on peaufine toutes les idées et quand on revient on les perfectionne encore en se laissant une marge, pas d’erreur, mais de surprise. Si tu prends “Wiara” ça part dans tous les coins, on a du Doom, on a un passage un peu valse, on a quelque chose de très mélodique, de très envolé et ça fini en Hardcore de bas plafond new-yorkais. Mais ce n’était absolument pas préparé, il n’a rien de prédéterminé, au final, c’est vraiment en fonction de l’émotion générale qu’on retrouve notre fil.
La pochette est assez mystérieuse, pouvez-vous m’en dire plus à son sujet ?
Sam : C’est moi qui ai conçu la pochette et j’ai une façon de travailler assez spontanée en dessin. Comme sur le premier EP il y a beaucoup de géométrie, c’est quelque chose que j’aime bien et qui me plaît. J’ai mis du symbolisme parce que c’est beau, on était d’abord parti sur le triangle et j’ai voulu conserver cet esprit-là. Sur le verso du CD, c’est peut-être moins géométrique et plus sur mon coup de crayon. Je pense qu’entre le premier et le deuxième opus j’ai un peu progressé et il y a un côté plus fluide dans la conception. L’idée en général ce n’est pas de coller à une thématique, c’est plus me laisser porter par quelque chose qui est évident et qui correspond à Point Mort. Le verso est clairement connoté sur le thème de l’EP, car il s’appelle “R(h)ope” et c’est une corde tout simplement, mais sur le devant c’est une continuité de la première pochette, afin de garder cet esprit et d'avoir une logique entre le premier, le second et peut-être le troisième on verra.
En plus, elle a une couleur assez féminine, comment expliquez-vous ce choix ?
Sam : Je pense la pochette est assez féminine et on trouve ça sympa dans le groupe, car il y a un cinquième féminin et comme c’est moi qui dessine, c'est ma manière de retranscrire. On a choisi une couleur qui n’est peut-être pas très Metal, mais justement ça nous plaît, dès l’instant où cela dénote, c’est quand même une jolie teinte et il y a une idée d’esthétique. J'en suis très contente, car je n’ai pas imposé une couleur et ça convient à tout le monde.
Vous avez déjà fait de belles dates en salles et festivals, avez-vous des anecdotes à raconter ?
Oliver : Au Motocultor on a eu le privilège de jouer sur la Main Stage en milieu d’après-midi, il y avait pas mal de gens, à un moment, j’ai fait une magnifique balayette à Sam qui s’est totalement viandée sur scène. On a eu peur qu’elle se fasse très mal, car je l’ai fauchée assez violemment, mais il y a plus de peur que de mal, ça s’est bien passé. Pour moi, c’est le plus marquant... après les coups de guitare dans les têtes ça peut arriver…
Sam : C’est le risque, car on joue plus souvent dans de petites salles que dans de grandes, avec la proximité que cela implique et forcément on se rentre un peu dedans, mais je trouve qu’on ne s’en sort pas mal.
Oli : Il y a pire que nous, mais c'est suffisant pour être mémorable.
Sam : C’est aussi les cheveux qui s’emberlificotent et les câbles qui s’emmêlent, et il y a encore une anecdote marrante au Toxoplasmose, car on n’avait pas pu mettre le backdrop à ce concert. Durant deux morceaux, j’ai juste dit “comme ce n’est pas marqué derrière nous, je vous le dis on s’appelle Point Mort”. Et une jeune femme a hurlé “je m’en fout, je t’emmerde, je ne vois rien” et en fait elle était aveugle. C’était très drôle et on est parti en fou rire.
Que pensez-vous de la scène Post Metal en général ?
Oliver : Si je prends mon cas, je n’en écoute quasiment pas et c’est assez “rigolo”, car au sein du groupe on aime des genres compléments différents c’est même étonnant qu’on fasse cette musique-là, d’une certaine manière ça s’est formalisé de cette façon. Après, pour ce qui est de la scène, elle est assez fleurissante. Il y a énormément de choses très variées et je trouve ça de plus en plus intéressant. Même si ce n’est pas un style que j’affectionne plus que d’autres, je trouve que c’est relativement riche.
Sam : J’y suis venu un peu grâce à la Belgique. Très sincèrement, c’est une scène très active notamment avec Amenra et la Church of Era, c’est comme ça que j’y suis rentrée. Je n’étais pas spécialement Metal au départ, je venais d’autres types de musique. J’ai voulu m’essayer au chant hurlé et ces groupes m’ont donné l’impulsion, cela correspondait plus à ce que je pouvais faire. En Metal pur, il y a des personnes qui chantent très bien, mais ce n’est pas comme ça que je vis mon chant hurlé. Je trouve que la scène belge est très forte pour ça.
Oliver : Amenra, c’est une référence indéniable qui a influencé beaucoup de groupes. Comme Neurosis, ils sont les successeurs de cette musique très prenante, très ambiante, très austère, avec beaucoup d’introspection et une forme de vérité. Il y a un côté écorché vif et une authenticité dans ces musiques-là.
Sam : C’est une scène positive, il y a beaucoup d’entraide et cela s’inscrit dans les nouvelles scènes. On le retrouve aussi dans le Stoner et le Doom. Je trouve qu’il y a plus de soutien entre les groupes, on se connait, on se parle et on organise ensemble. Il m’arrive d’organiser des concerts, et je remarque parfois que c'est plus difficile dans le Metal "traditionnel", Death ou Thrash. Alors que là, je remarque que c’est une scène “Do It Yourself”, qui fait et essaye de faire des choses. C’est vraiment positif.
C’est un univers plus fermé ?
Oliver : Je trouve que le public est plus attentif et plus exigeant, il recherche une certaine finesse dans l’écriture ou dans la mise scène. J’ai l’impression qu'il est attiré par une certaine forme d’esthétisme, il est très curieux à l’écoute et patient parce que beaucoup de ces groupes font des morceaux de dix-quinze minutes.
Pour finir, quels sont les projets pour Point Mort ?
Sam : Ce soir, on fait notre première date à Lille, on tourne jusqu’à samedi 21 septembre. On passe un peu partout, aux Pays-Bas, en Allemagne, on revient un peu en France et on repart en Suisse. On partira en octobre avec le groupe Hexis, on a quatre dates avec eux. On est content de les rejoindre, car on a une date en Espagne. Il y a probablement quelques dates à Paris dont la release party de l’EP qui aura lieu le 29 septembre. Je pense que le gros projet c’est de mettre en route le prochain album, et d’essayer d’y mettre toute notre énergie. On espère peut-être aussi jouer dans des festivals pour l’été prochain.
En amont de son concert avec Infected Rain à Sarrebruck, j'ai eu l'occasion de m’entretenir avec Elena Cataraga, mieux connue sous son nom d’artiste « Lena Scissorhands ». Au backstage, elle m’a révélé des tas de choses sur le groupe, leur nouvel album « Endorphin » et quelques particularités personnelles.
Vous êtes en train de faire une longue tournée et ainsi vous pratiquez le chant extrême presque tous les jours. Ma première question est donc de savoir comment va votre voix ? Eh bien, vous pouvez m’entendre, non ? (rires)
Oui, ça sonne bien ! Tout ce dont j'ai besoin, c'est un bon sommeil, pas trop de fêtes (rires), de la bonne nourriture et une atmosphère positive - et je vais bien !
Je demande parce que je sais qu'au début de votre carrière de chanteuse, vous étiez sans voix pendant des jours. Oh oui, je n'avais jamais fait partie d'un groupe auparavant, j'ai dû apprendre tout.
En effet, j'ai entendu dire que vous aviez un professeur de chant. Oui, je l'ai toujours !
Avez-vous donc des techniques spéciales pour ne pas malmener votre voix et éviter la dysphonie ? Eh bien, c'est juste un échauffement vocal spécifique pour mon propre ton de voix et je le fais tous les jours. Cela me prend 20 à 30 minutes et j'ai enregistré mes propres exercices avec mon professeur. C'est donc devenu une routine comme se brosser les dents. Par exemple, si vous allez au club de fitness, vous devez vous échauffer et vous étirer. C’est à peu près ce que je fais avant de monter sur scène.
Parlons de votre nouvel album « Endorphin ». La première chanson « The Earth Mantra », qui est rapide et brutale semble être une métaphore pour les humains traitant mal la terre alors que le dernier morceau « Storm » est l’inverse en étant lent et sensible. Il y a des paroles comme « sauve-moi ». Comment décririez-vous le message de l'album ? Il n'y a pas de message unique. On y trouve différents titres avec des messages différents : des chansons sur la dépression, sur la nature, la stupidité des êtres humains et la surconsommation, des chansons d'amour… bref, il y a des tubes très différents.
En effet, ce n’est pas un album-concept. Absolument pas. J'écris sur ce qui me concerne, ce que j'aime ou ce que je déteste ou ce qui me touche d'une manière ou d'une autre. Les derniers temps, je me suis inquiétée beaucoup à propos de la situation de notre planète et j'essaie de m'améliorer. J'ai donc l'impression que l'humanité a besoin de cette poussée supplémentaire, de ce rappel. Notre maison, notre foyer est en train de mourir et c'est de notre faute ! Mais avec la chanson « Storm », j’exprime notre vie qui est faite une recherche constante. Et pour moi cette recherche concerne l'équilibre entre la nature et les êtres humains ou l'équilibre relationnel entre les gens. Il y a un si grand chaos dans le monde et surtout au domaine de l’intersubjectif. Avec les médias sociaux, on a l'impression que les gens essaient juste d'être quelqu'un d'autre et ils oublient d'être eux-mêmes ; ils oublient les vrais sentiments et les vraies relations ! C'est pourquoi j'ai écrit « Storm ».
C’est donc une sorte de problème écosocial ? Oui! C'est tout à fait cela et c'est très difficile de trouver un équilibre !
En ce qui concerne votre musique, il est difficile pour moi de la décrire. Bien sûr, il y a des influences du Nu Metal, du Metalcore, du Metal Alternatif, du Death Metal Mélodique, du Groove… mais, personnellement, je n'aime pas mettre les groupes dans des catégories. Pareil ! Nous n'aimons pas ça non plus ! Donc, chaque fois que les gens nous demandent : « quel est le genre de votre groupe ? », je ne sais pas quoi répondre ! Peu importe !
Je suis tout à fait d'accord, mais si je devais décrire votre style à un ami, que dirais-je ? Vous devriez le décrire comme une musique émotionnelle, mélodique et dure parfois - mais je pense que c'est comme ça que les émotions sont de toute façon. C'est donc juste une musique très émotionnelle.
« Endorphin » est le premier album que vous n'avez pas autoproduit. Il y a quelque temps, quand j'ai entendu que vous aviez signé avec Napalm Records, je me demandais s'il n'y aurait pas de risque de perdre votre joie expérimentale ou même votre liberté totale… Absolument pas, je vais vous arrêter là, car c'est la raison exacte pour laquelle nous avons signé avec Napalm. Nous avions plusieurs offres. Différentes personnes voulaient nous manager ou être notre maison de disques, mais nous avons été très prudents avec tout cela. Nous avons choisi Napalm, car ils étaient intéressés par Infected Rain dès le début. Il y a environ quatre ans, ils ont commencé à nous écrire et ils n'ont jamais essayé de nous changer. Ils ont accepté tout ce que nous leur avons donné: visuels, audio… tout. Ils nous donnent leur opinion professionnelle, ils essaient évidemment de ramener tout cela à un autre niveau, mais en même temps ils aiment vraiment ce que nous faisons et c'est vraiment cool qu'ils nous prennent juste comme nous sommes.
Vous avez eu une belle évolution d'un jeune groupe inconnu vers un groupe qui s’est fait connaître ! Tout s'est déroulé pas à pas. Cela ne s'est pas produit en un an. Chaque année, nos conditions de travail s'améliorent et notre public devient plus grand. Nous pouvons dire que nous sommes en mesure de partager notre musique avec le monde entier et on a la possibilité de faire des tournées. Et tout cela grâce à nos fans qui nous soutiennent.
Donc, après plus de dix ans que vous avez fondé le groupe avec Vidick, où le voyez-vous dans le futur ? Avec un peu de chance, on continuera de faire le tour du monde et d'explorer de nouveaux pays et villes où nous n'avons jamais été auparavant. Le but est littéralement d'être partout dans l'univers !
Je connais un pays où vous n'êtes jamais allé auparavant, le Grand-Duché de Luxembourg ! Il y en a encore tellement…
Mais vous en étiez proche pour votre concert à Arlon en Belgique. Je vous ai rencontré là-bas et vous aviez signé mon pilon ! Oui, oui! (rires).
J'ai rencontré Jennifer Gervais hier. Son groupe « Dust in Mind » jouait avec vous au cours de cette soirée à Arlon. Ils ont fait un super concert transmis en direct la semaine dernière. Ce serait fantastique de voir aussi Infected Rain en direct sur YouTube. Serait-ce une option pour vous? Pas pour l'instant. Peut-être à l'avenir.
Vous avez fait tatouer toutes vos pochettes d'album sur votre corps. Avez-vous déjà un tatouage d'Endorphin ? Juste le nom (Lena me montre le tatouage sur sa main)
Vous êtes presque une œuvre d'art vivante ! C'était en fait un cadeau pour mon anniversaire.
Quelle importance a l'art pour vous? Les tatouages ?
Non, l’art en général et les beaux-arts. L'art pour moi, c'est la vie. Et c’est tout ce que je peux vous dire, je ne peux pas vivre sans ! J'adore les livres, les films, la musique, le théâtre, la danse… tout. Cela me rend tellement heureuse !
Eh bien, parlons du bonheur : vous faites plaisir à de nombreux fans en signant tout ce qu'ils apportent. Je me souviens d'un gars qui vous a donné ses chaussures à signer et si je me souviens bien, vous avez même signé les fesses de quelqu'un ! (rires) Ouais! J'ai signé des culs, des seins, des vestes, des photos, des chapeaux et tout ce qu'ils veulent - ou presque.
Qu'est-ce qui vous rend heureuse ? Cela me rend heureuse ! Être sur scène et partager la musique et les émotions me rend extrêmement heureuse. C’est ce que je veux faire pour toujours !
Vous avez eu un jour libre hier, qu'avez-vous fait après votre concert à Paris ? Nous avons exploré cette ville (Sarrebruck). A Paris, malheureusement, nous n'avons eu que quelques minutes dans la nuit pour voir la Tour Eiffel de loin. Nous nous sommes amusés, relaxés, j'ai pris un bain.
Si je ne me trompe pas, vous vivez en Californie ? J'habite à Las Vegas.
Et le reste du groupe vit toujours en Moldavie. Alors, comment gérez-vous cette situation? Je voyage beaucoup. Je ne suis pas si souvent à Las Vegas.
Que faites-vous exactement là-bas? J'y habite, je fais beaucoup de mannequinat, je travaille comme maquilleuse - parfois directement pour des mannequins et parfois pour des photographes. Et j'ai des amis là-bas, mais ma vraie vie se déroule quand je suis en tournée.
La Moldavie est bien connue pour son vin. Et il y a de beaux paysages et des gens très chaleureux.
Je viens aussi d'un pays producteur de vin, mais nous avons juste du vin blanc. Donc, comme petite surprise, j'ai du Riesling luxembourgeois pour vous remercier de cette interview. Oh Vraiment? Sans blague ? (rires) Merci ! Il ira dans ma collection, j'adore le vin ! Voulez-vous une photo avec le vin ?
Dimanche, avant que ne débutent les hostilités du second jour du Tyrant Fest, Heimoth, l’âme de Seth, et Saint Vincent, le chanteur, nous accordent une interview. L’entretien se déroule dans le studio d’enregistrement du site 9-9 bis d’Oignies.
Comment s’est passé votre concert d’hier soir ? Heimoth: C’était plutôt pas mal… Saint Vincent: C’était génial ! La scène était superbe, le public excellent ! Un très grand moment ! Heimoth: C’est vrai que cette salle est impressionnante, avec un son d’excellente qualité.
Vous donnez des concerts au compte-goutte… Heimoth: nos dates sont espacées. Comme nous tournons pour l’anniversaire des "Blessures de l’âme", nous voulons que chaque concert soit un événement. Nous jouons donc dans le cadre de festivals ; l’idée n’est pas de faire 35 dates. Pour chaque concert, nous avons pas mal de choses à gérer, pour la technique, le décorum. Saint Vincent: Nous avons effectivement beaucoup de préparation… et besoin de temps pour tout ranger !
D’où vient cette volonté d’une tournée anniversaire ? Heimoth: C’est lui qui a poussé pour le faire pour donner un nouveau souffle, un nouvel élan. Saint Vincent: Il me semblait essentiel de se diriger vers l’esprit des Blessures de l’âme. Je suis heureux que les autres aient été d’accord, mais ce fut un travail de longue haleine… car il y a de fortes personnalités dans le groupe. Mais j’ai réussi… et j’en suis très, très fier ! Heimoth: Moi aussi !
Votre album live, "Les blessures de l’âme – XX ans de blasphème", vient de sortir. Saint Vincent: Les Acteurs de l’Ombre ont réalisé une captation de notre prestation à leur festival, Les Feux de Beltran, en mai dernier. Ils nous ont proposé de la sortir en disque. Heimoth: Nous avons écouté… et nous nous sommes dit "pourquoi pas", après avoir dialogué entre nous. L’ingénieur son qui a fait le mixage a bien travaillé… et nous sommes contents d’avoir suivi l’initiative du label. Saint Vincent: C’était une bonne date. Nous n’avons pas eu l’idée du live mais nous sommes ravis du résultat, qui donne un aperçu global de cette série de concerts. Heimoth: Les photos de l’artwork proviennent en effet de différents shows. Au fait, il sortira en vinyl très bientôt… Et vient de ressortir, sur un label de Singapour, notre mini "By Fire, Power shall be".
Quels sont les live qui vous ont marqués ? Heimoth: Slayer ! "Decade of Aggression" ! Saint Vincent: Pareil ! Une réussite ! Parfait ! Une apothéose ! Heimoth: Il y a aussi des bootlegs de Sepultura, qui a une autre approche en boostant les tempos. D’ailleurs nous avons, nous, opté pour une approche fidèle à l’enregistrement sur disque, en gardant l’esprit. Nous n’avons pas dopé les morceaux : nous proposons l’album avec juste un autre son car nous n’étions pas satisfaits de celui du disque, très, trop compressé. Notre live, c’est l’album, mais avec une autre approche. D’ailleurs si j’avais les bandes – en DAT à l’époque – j’aurais fait remixer Les blessures de l’âme.
La suite ? Saint Vincent: nous serons au StellFest, le 15 mai 2020, en Finlande. Heimoth: nous donnerons quelques shows pour cet anniversaire jusqu’en septembre 2020.
Et après ? Heimoth: Nous ne chômons pas ! Nous composons de nouveaux morceaux pour un nouvel album, qui sera un retour aux sources. Nous espérons une sortie fin 2020. Saint Vincent: Nous sommes dans cette optique de revenir au black metal des années 90, ce qui coïncide avec l’anniversaire des "Blessures de l’âme". C’est une étape de la vie : avec les années qui passent, nous voulons voir d’où nous venons, voir qui nous sommes. C’est le côté circulaire de la vie… Revenir au départ, c’est une expérience. Heimoth: Chaque album de Seth a son identité, il existe de grandes différences entre eux. Saint Vincent: En tout cas, rester à l’écoute ! Des annonces vont arriver !
Betraying The Martyrs s’impose depuis dix ans sur les devants de la scène Metalcore français et bien au-delà à l’international. Le groupe nous dévoile le 13 septembre sont quatrième album “Rapture”, Victor Guillet, claviériste et chant, nous en révèle plus à son sujet.
Comment s’est déroulée la phase de promotion pour votre album “The Resilient” ? On a toujours voulu mettre le même niveau de promotion pour chacun de nos albums et je pense que c’est de mieux en mieux, pour The Resilient” on a eu beaucoup plus de promotion en France comparé aux autres albums. Quand on a fini notre premier album “Breathe in Life” sur un label américain en 2011, tout de suite on a été très excité d’aller aux États-Unis et de jouer dans le monde entier. Et c’est vrai qu’on nous a reproché de ne pas accorder autant d’importance au marché français au début de notre carrière. On était beaucoup demandé à l’étranger et on y répondait sans forcément prendre le temps de chouchouter notre premier public qui sont les Français. Je pense que c’est à partir de “The Resilient” qu’on a remis un point d’honneur à travailler avec le marché français tout autant que le reste, notamment grâce à notre collaboration avec Charles Provost chez Him Media. Il nous a organisé de grosses journées d’interviews au Hellfest où nous avons rencontré toute la presse. On avait fait une journée dans les bureaux de Warner où on a reçu des interviews pour tous les magazines. On a pris plus de temps à partir de “The Resilient” pour faire de la promotion en France.
Est-ce que le résultat de cette promotion s’est senti ? Le résultat c’est totalement senti! “The Resilient” a beaucoup marché en France, on a pu faire une belle tournée avec Dagoba. Je pense qu’à nous deux on faisait une bonne affiche, on était content de la proposer au public français qui nous l'a bien rendu parce que les dates se sont bien remplies et on a fait plusieurs sold out notamment à Nîmes. On peut dire que le pari était réussi: on a redoré notre blason ici en France et cela me fait vraiment plaisir de faire des interviews avec les médias.
Avec Gojira, vous êtes le deuxième plus américain des groupes français, comment vous êtes perçus dans la scène française à cause de ça ? Au début de notre carrière, il avait une confusion, on faisait des concerts en France et des personnes venaient nous parler anglais parce qu’ils pensaient qu’on était étranger. Notre chanteur est Anglais, mais il vit en France avec nous notre depuis le premier album, il s’est complètement installé ici, il s'exprime en français couramment, il est bien intégré dans le pays. On recevait beaucoup de messages de Français qui nous abordaient en anglais. C’est vrai maintenant je me rappelle qu’il y avait une grosse confusion au début et que beaucoup de notre public français pensaient qu’on était américain à cause de notre signature avec un label américain et notre chanteur anglais. Je ne m’en plains pas, car c’est quelque chose qui nous a permis de nous internationaliser, mais il y a eu ce petit revers de médaille en France où les gens se sentaient moins en proximité avec nous.
Vous avez un nouvel album “Rapture”, tu peux m’en dire plus à son sujet, comment peux-tu le présenter pour quelqu’un qui ne connait pas le groupe ou la scène Metalcore ? On est ancré dans le style Metalcore qui est un genre de Metal où on essaye d’alterner les parties plus Metal voir Death Metal et on échange ça avec des refrains plus ouverts, avec du chant clair. C’est la formule de base du Metalcore et c’est pour ça qu’il y a deux chanteurs. Le principal Aaron qui est donc d’origine anglaise qui va assurer le chant saturé et moi (Victor) je suis claviériste et chanteur, j’interviens avec un chant plus clair sur les refrains. C’est comme si tu prenais du Linkin Park et que tu enlevais le Rap et que tu mettais du gros Metal à la place en gardant les refrains de Chester. On est très content de cet album, avant avec nos premiers, on essayait d’en mettre beaucoup dans chaque chanson c’est-à-dire qu’il avait beaucoup de riffs, beaucoup d’éléments et d’informations. On avait tout à prouver, car on était jeune et on voulait montrer tout ce que l’on savait faire. On pouvait retrouver du blast, des éléments très lourds et rapides, du piano, du refrain… Il y avait de tout dans chaque morceau. Alors qu’aujourd’hui on va essayer de faire des chansons qui sont plus efficaces, qui ont une identité et une âme. Je pense qu’il faut que cela raconte quelque chose et qu’il y ait une ambiance différente. Parce que dans le groupe on a des influences très variées et c’est important qu’on reflète tout ça, mais au lieu de faire ressortir toutes ces influences dans un seul titre, on va les répartir pour que cela soit digeste avec un sens du début à la fin.
La pochette est assez surprenante, c’est juste par choix esthétique ou elle a un lien avec l’album ? La pochette raconte toujours quelque chose bien évidemment. Le message est autour de cette fleur très blanche et pure qui nous représente, car depuis le début de Betraying The Martyrs on a mis un point d’honneur à se revendiquer comme un groupe qui fait passer un message positif. On a toujours voulu s’écarter du discours classique du Metal dans lequel il y a beaucoup de violence, de mort… D’ailleurs on nous a souvent catégorisé de White Metal et je pense qu’aujourd’hui avec “Rapture” on a appris a assumer notre dark side et à l’utiliser pour en faire une force. Cette fleur blanche qui commence à être gangrenée et parasitée vers le bas, fait à notre titre “Parasite”: c’est nous qui acceptons notre dark side.
Votre son a beaucoup évolué et vous démarquez de la scène Metalcore qui est trop stéréotypée où il y a trop de groupes qui commencent à se ressembler et vous commencez à avoir votre propre identité. C’est quelque chose qu’on travaille album après album: si une personne entend une chanson, qu'elle puisse tout de suite se dire que c’est du Betraying The Martyrs et qu’elle ne puisse pas se tromper sur un autre groupe. On n’a pas envie de sonner comme les autres et on a veut avoir notre propre son. Pour donner un exemple, je pense que c’est quelque chose qui est propre à Gojira et ça fait quelques albums qu’on ne peut pas se tromper: quand tu écoutes une chanson tu es sûr que c’est du Gojira et j’espère que petit à petit on arrivera aussi à ce résultat-là.
Est-ce que tu n’as pas peur d’avoir des groupes qui vont copier votre son et donc de devenir une sorte de leader ? Si on peut influencer une scène derrière nous tant mieux. Nous, quand on a commencé à faire du Metalcore en France personne n’en faisait et on était un peu les seuls au début, maintenant il y a de plus en plus de groupes qui débarquent et qui ont leur propre son comme Novelist et Lavmakrs. Je suis content que derrière on ait ouvert des portes pour les groupes français et que la scène internationale ait posé un œil sur la France. Les premières tournées internationales quand on disait qu’on était Français on nous regardait étrangement, c’est comme dire qu’on est des Français dans un combat de sumo et qu’on nous demande ce qu’on fait ici, c’était un peu comme ça au début. Donc je suis heureux qu’aujourd’hui il y ait de plus en plus de groupes qui fleurissent et qui partent sur les routes du monde.
Est-ce qu’en ayant ouvert ces portes ça vous a permis d’avoir des opportunités pour le nouvel album ? Bien sûr, car en chemin on rencontre des gens. L’album “Rapture” a été enregistré chez Tomáš Raclavský qui joue dans un groupe tchèque Modern Day Babylon. On a tourné avec lui en Europe et il nous a dit : “les gars, j’ai un studio ça me ferrait hyper plaisir que vous y veniez”. C’est ce qu’on a fait, on est parti en République-Tchèque enregistrer là-bas, on ne regrette pas du tout surtout que le studio était impressionnant. Il y avait une pièce batterie qui était à couper le souffle, je suis vraiment très content du son de batterie qu’on a pu avoir sur “Rapture”.
Pour finir, je te laisse le mot de la fin ? J’espère que “Rapture” vous plaira, c’est un album au final qui reste du Betraying The Martyrs, mais avec quelques surprises et prises de risque. J’espère que ça plaira à tout le monde et puis on se voit sur les routes de France et de Belgique dès la rentrée.
En cette heure matinale au Hellfest sous la Temple, il y avait de l’affluence pour accueillir et découvrir Shaârghot. Le groupe français débarque d’un autre monde inspiré du Cyber Punk et a tout dévasté sur leur passage avec son Electro Metal Industriel. Après leur performance, le monstre Shaârghot lui-même (Étienne de son vrai prénom) a répondu à nos questions concernant leur univers, ses influences, leur nouvel album “The Advent Of Shadows” et bien plus encore…
Pour commencer, Shaârghot a joué ce matin sur la scène du Temple au Hellfest, comment s’est passé le concert ? C’était paradoxal, peu importe qu’il ait 200 ou 200 000 personnes, on fera toujours le concert de la même façon cela ne change pas grand-chose, en revanche, j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il ait autant de monde. Je me suis dit, il va avoir maximum 2000, 4000 personnes, car c’est le matin et la Temple a une capacité de 10 000, mais c’était blindé ! Donc en tant que Shaârghot, je suis rentré et je me suis dit “allez”, mais le Étienne qui est en moi a été vraiment surpris et il y a un petit hic sur le moment et ensuite c’était parti ! Je ne suis même pas certain d’avoir réellement ré atterri. Je suis quand même heureux et terriblement étonné, parce que je ne m’attendais pas un tel engouement de la part du public du Hellfest.
Qu’est ce qui se cache derrière le monstre Shaârghot, tu peux me raconter son histoire ? Shaârghot était initialement un humain et un opposant politique du Great Eye, la force politique industrielle qui gère la cité ruche dans laquelle le sous-monde existe. C’est un monde dystopique à mi-chemin entre du cyber punk et du post apocalyptique. Cet opposant était torturé et possédait déjà un trouble de la personnalité. Des expériences scientifiques ont été réalisées sur lui: le projet Second Skin, permettant de régénérer la peau afin que les élites de la cité puissent vivre plus longtemps, plus jeunes, avec plus de force et en meilleure santé.
Malheureusement au cours de l’expérience ou heureusement, je ne sais pas, le sujet a vécu une expérience de mort cérébrale et la partie “saine” est décédée ne laissant place qu’à son côté dément se nommant elle-même Shaârghot. À la suite de ça, le produit qui recouvrait le corps a viré au noir, la créature s’est réveillée brusquement pendant cette expérience et a strictement massacré tout le monde. Elle s’est enfuie et s’est laissé oublier pendant un ou deux ans dans les sous-sols de la cité ruche. Elle a réapparu à moitié morcelée et elle a commencé à se refaire de nouveaux amis: les Shadows. Ce sont des personnes à qui elle inocule son sang, elle les choisit avec soin et ils deviennent à leur tour des créatures à la force surhumaine à la capacité régénératrice, mais qui sont liées comme un esprit de la ruche. En résumé, dans la fourmilière tu as la reine et tout le reste gravite autour.
Donc le Shaârghot est une espèce de monstre issu d’une expérience scientifique ratée et qui va de plus en plus à envahir les sous-sols de la cité ruche et ça commence véritablement à foutre le bordel. Le Great Eye a commencé à s’en rende compte et essaye de réparer ses erreurs en tentant de les supprimer, mais les choses ne se passe pas du tout comme prévu. Car les Shadows résistent aux balles, ils se relèvent énervés et c’est comme ça que débute l’album “The Advent Of Shadows “ : Les Shadows ont décidé de remonter à la surface et on en est là.
C’est donc une histoire qui va évoluer dans le temps ? Le récit a été écrit sur plus de six albums à l’heure actuelle. Je n’ai pas fait plus parce que tout simplement je m’accorde le bénéfice de faire quelques variantes et si possible peut être dans mon expérience personnelle il y a des choses qui feront que j’aurai envie de le réorienter.
En dehors de l’histoire, tu peux me présenter le groupe Shaârghot ? Hors de l’histoire, je vais te donner les vrais noms des musiciens : Bruno, Clémence, Oliver et Aliaume, qui sont les principaux. Ensuite il y a beaucoup de personnes qui nous entourent comme Lian qui est l’artiste qui fait tous nos artworks. Oliver est le premier à rejoindre la formation live, il était batteur studio et il était intéressé par le projet. Bruno cela fait environ dix ans, on se fréquente lors de soirée goth. Et Clémence, c’est la dernière à être arrivée dans la formation live en tant que bassiste. Elle était à la base notre backlineuse pour le live et quand j’ai eu besoin de remix, j’ai appris qu’elle était ingénieur du son, on a commencé à travailler vraiment ensemble sur le deuxième album.
Enfin pour Monsieur Scar Skin (Aliaume), c’est une erreur de casting involontaire, c’est un accident. C’était juste un ami qui devait filmer notre premier concert et on lui a demandé de se peindre en noir, car on ne voulait pas de gens en “blanc” avec nous sur scène. Il a foutu un merdier monstre. Il a tout fait : il a marché sur des pédaliers, il a débranché des câbles, il a désaccordé la guitare, il prenait trop de place… On en avait marre de lui, on l’a jeté dans le public, parce qu’on en pouvait plus, on n’arrivait pas à faire notre concert tellement il était envahissant. On est sorti de là énervé et les gens nous ont dit : “c’était génial quand vous avez tabassé le gars c’était vraiment cool”. Du coup Aliaume a été puni, mais pour au moins quelques années, donc il a continué à subir et pendant longtemps (rire). (Ndlr : Les chemins d’Aliaume et de Shaârghot se sont séparés début juillet, cependant le personnage Scar Skin existera toujours dans l’univers du groupe)
On peut dire que c’est devenu votre souffre-douleur ? Oui c’est devenu notre souffre-douleur, mais pas que, il apporte une dimension burlesque c’est un peu un jeu de pantomime qui rend le projet moins sérieux et moins au premier degré, en général on est les méchants qui vont casser des gueules. Il est le côté léger un peu plus bouffon, plus drôle et je pense que l’humour mine de rien est quelque chose qui manque souvent dans le milieu metal et on est très attaché à cette notion de second degré. On fait les choses consciencieusement, mais sans trop se prendre au sérieux.
Est-ce que tu peux m’en dire plus la production du nouvel album “The Advent Of Shadows” ? L’album a été co-composé principalement avec ClemX de la même façon que le premier : j’arrive avec l’intégralité de mes idées qu’on met à plat e, ensuite on en rediscute et je demande à Clem si elle n’a rien d’autre à ajouter. On pose les choses et on décide, je dis oui ou non... Il n’a pas de soucis d’égo là-dedans. Shaârghot ça a toujours été un projet de musique pour s’amuser. Si jamais un de mes musiciens compose un riff par exemple de guitare que je trouve mieux que mon idée initiale. Je lui dirai que, même si la mienne est bien, la sienne est carrément meilleure. Après on retransmet le morceau fini à Bruno qui parfois n’a rien à dire et parfois il faut revoir des choses. Ensuite une dernière étape de production avec Godfather qui est l’ingénieur du son et le producteur du groupe et là on repense le titre de A à Z: il y a un œil neuf sur le morceau et cela permet de remanier certaines petites choses, enlever des éléments qui peuvent l’alourdir. C’était plus collaboratif et je crois que sur le troisième album qui viendra ce le sera encore plus. Le processus reste mon concept, mais je laisse intervenir les gens en qui j’ai vraiment confiance et dont j’apprécie véritablement le travail.
Cet album semble plus sombre, mais il s’en dégage une ambiance malaise et un côté joyeux en même temps. Comment tu décrirais ta musique ? Pour le côté plus agressif est simple, c’est dû au concept historique que je t’ai expliqué. Cela commence avec “Break Your Body” , le Great Eye arrive à énerver les Shadows et il y a une ébauche de guerre civile dans la cité ruche où les opposants politiques se montrent de plus en plus hargneux. Les Shadows profitent pour mettre la pagaille afin de pouvoir sortir des sous-sols et faire obstacle au Great Eye. Donc il y a vraiment cet aspect plus violent. Clémence a aussi beaucoup apporté, elle a quelque chose de plus lourd dans son jeu de guitare. Mais Shaârghot a toujours eu un côté nihiliste et très joyeux au final, car tout est perdu et fichu, donc si on n’a plus rien à espérer autant faire la fête sur les ruines de ce monde. C’est un peu comme ça que je vois les choses, c’est perdu d’avance, mais on s’en fout, alors prenons une bière, asseyons-nous sur la caisse de TNT qu’on va faire exploser dans deux minutes et ça va être drôle. Il y a ce côté festif qu’on a tenu à garder, qui était déjà très présent au premier album et qu’on veut vraiment communiquer dans l’ensemble de nos compositions.
Est-ce que tu peux m’en dire plus sur votre clip “Break Your Body” il a été signalé comme “choquant”, il s’est passé quoi ? C’est une polémique et une non-polémique en réalité. La censure est principalement due aux scènes de gens qui se tiraient dessus avec des armes à feu. C’est ce qu’on voit dans 95% des films hollywoodiens, “c’est terrible”. Et ici, pareil pour notre dernier clip “Z//B”, on a fait quelque chose de plus érotique et on a approché quelque chose de plus nu artistique. On s’est retrouvé au final à mettre notre clip sur porn hub parce qu’il y avait des tétons féminins visibles donc voilà c’est consternant. Certains groupes mettent des filles dénudées pour dire “on est trop rebelle”, mais nous, on était vraiment dans une démarche artistique de jouer avec le corps, la lumière, les textures, l’eau et on se retrouve dans la même catégorie que ceux qui font de la pornographie, je ne comprends pas. Il y a comme un retour au puritanisme.
Par rapport à ton groupe et d’autres qui proposent des choses plus expérimentales. Tu penses que cela peut être un frein cette censure des clips dans l’avenir ? Ce n’est pas la volonté que les clips soient censurés, car à l’heure actuelle la société est comme telle et pour moi à titre personnel je n’y vois rien de choquant, je serais même particulièrement heureux que Facebook et YouTube non plus et que je puisse les sponsoriser comme il me semble. Je ne suis pas l’optique du faire du trash pour du trash, du gore pour du gore, du sexuel pour du sexuel. Non je veux vraiment réaliser un univers artistique qui soit en accord avec celui qu’on a créé. On n’est pas là pour faire du scandaleux et de la provocation … Tout ça été fait de long en large et en travers, cela ne choque plus personne et c’est ennuyeux, ce sont des choses qui fonctionnaient encore dans les années 90, début 2000 avec Manson… Tout le monde a fait ça et il n’a pas de volonté d’être choquant. Je fais les choses telles que je les entends en fonction de mon point de vue purement artistique donc la suite on verra comment cela se passera.
Est-ce qu’il y a des films, des livres qui t’inspirent pour l’histoire de Shaârghot ? Il y a énormément de films comme “Mad Max”, “Soylent Green", des comics comme “Transmetropolitan” ou la BD “Neige”. J’ai baigné un peu dans ces univers post apocalyptiques, cyber punk même avant de savoir lire. Je n’ai jamais eu la volonté d’imiter, mais plutôt d’essayer d’ingurgiter le concept et d’y mettre ma touche personnelle. J’ai voulu créer mon propre monde et me dire ici c’est chez moi. Si tu me dis, je suis inspiré de telle chose et il n’a pas de problème je le reconnais. Mais j’ai mis plein de choses dans un shaker, je l’ai secoué très fort et j’ai obtenu l’univers que je désirais et avec lequel je me sentais à l’aise. Je suis conscient ce n’est pas ce qu’il y a de plus original, mais c’est sincère et authentique.
Qu’est-ce que tu penses de la scène Metal Industriel en France ? Pour moi il y a deux grands courants il y a le Metal industriel et l’électro industriel. Les deux sont très sous-estimés malheureusement. Ils sont très souvent comparés comme des “Rammstein” alors qu’il suffit de se pencher sur le sujet pour voir qu’il y a de plein de groupes de qualité. Je te conseille de jeter un œil au label français AudioTrauma, qui fait principalement de l’électro industriel dans lequel tu peux retrouver des groupes comme Horskh, Moaan Exis et Machinalis Tarantulae. Il y a, à chaque fois, des projets sincères, profonds et très bien faits qui pourraient parler à beaucoup, mais l’étiquette industrielle ramène ça aux deux trois choses que les gens connaissent c’est-à-dire Marilyn Manson, Rammstein… Je pense que cette scène souffre énormément des clichés fin 90’ et début 2000. Quand on voit des groupes comme Horskh qui son capable de jouer dans festivals où la programmation peut passer du Rock, du Reggae, du Ska, du Punk, et qui ont parfaitement leur place, pourtant si on dit que c’est de l’industriel, les gens vont être sur la réserve. Ils ne savent pas vraiment ce que c’est et c’est dommage, car c’est une scène qui mérite vraiment d’être reconnue.
Pour finir quels sont les plans futurs du groupe ? Et comment va évoluer le monstre Shaârghot, on peut imaginer que le prochain album sera encore plus sombre ? Je ne peux pas faire de commentaires à ce sujet, car ça serait du spoil. Je peux juste dire que le troisième album est déjà en composition, mais ce n’est pas pour tout de suite, on va laisser le temps à “The Advent Of Shadows” de vivre. On ne l’a joué pour l’instant que quatre fois sur scène. On aura plein de choses pour vous occuper entre temps avec de nouveaux clips, peut-être du court métrage et de la BD. Nous sommes des personnes qui ne s’arrêtent jamais parce qu’on adore ça.
Depuis vingt ans, Sabaton évoque les conflits, batailles et guerres qui ont marqué notre histoire. Leur nouvel album “The Great War” est un album lourd de conséquences, sombre et épique, retraçant un sujet important de notre histoire : la Première Guerre mondiale. Joakim Brodén nous en dit plus : il nous parle de la promotion à Verdun ainsi que sa passion pour l’histoire :
Pour commencer, revenons à cette aventure étonnante et un peu folle entre Knotfest et Hellfest. Quels souvenirs en gardez-vous ? C’était inattendu pour toutes les personnes présentes et pour nous. Mais on y a pris beaucoup de plaisir. Lors de la seconde soirée, j’étais vraiment honteux de ma voix : en effet, on fait cela depuis vingt ans et je ne l’avais jamais perdue comme ça. Cela m’a surpris, d’habitude, même si je ne peux pas parler, je peux encore chanter. Je ne sais pas ce qui n’a pas fonctionné cette fois. Néanmoins, je suis heureux et fier d’être avec des gars comme Tommy et Chris qui ont assuré au chant. À l’heure actuelle, je suis toujours déçu de n’avoir pas vu Manowar, car je le voulais vraiment.
Comment expliquer le fait que Sabaton ait été choisi pour remplacer Manowar ? Je pense que c’était parce que nous étions sur place et comme nous sommes le groupe qui se rapproche le plus musicalement de Manowar… Toutefois, je n’en suis pas certain et je ne peux donc rien affirmer. En plus, les autres groupes qui étaient à l’affiche étaient déjà tous partis. Nous, nous avions prévu de rester un jour de plus au Hellfest pour les médias et aussi pour regarder Manowar, forcément nous étions encore là. On a dû faire vite, car nous devions nous rendre au Graspop et il fallait que nous rechargions nos batteries.
Pendant certains festivals tels que le Knotfest et Hellfest, vous avez joué avec le chœur du “Great War”, cela devait être une expérience vraiment incroyable pour vous et pour le public. Est-ce que ce chœur sera présent durant votre prochaine tournée ? Ils ne seront pas présents pour la tournée à venir, mais pour le Wacken c’est sûr. Nous verrons ce que le futur nous amènera. Nous aimons beaucoup travailler avec ces gars. Ils ne viendront probablement pas dans tout ce qu’on va faire pour des raisons évidentes : ces gars ont plus de vie que nous en avons (rires). Ils n’aimeraient pas être dans un bus de tournée ou dans un aéroport deux cents jours sur l’année. Je ne pense donc pas qu’on puisse les avoir avec nous lors de tous nos concerts. Travailler avec eux, c’est vraiment bien, et j’aimerais encore faire quelque chose avec eux dans le futur. Mais comme dit précédemment, nous n’avons pas d’autres plans avec eux pour le moment à part le Wacken.
Parlons maintenant du nouvel album “The Great War” ! Cet album évoque la Première Guerre mondiale, pourquoi avoir choisi ce sujet ? Est-ce parce que cette guerre a célébré son centième anniversaire l’année dernière ou y a-t-il d’autres raisons ? La Première Guerre mondiale est avec nous depuis l’école. Nous avons commencé à faire des recherches pour ''Art Of War'' en 2008, lors de la création de l’album. Pär et moi, on a lu tellement d’histoires à propos de cette guerre. Nous avons pensé que nous devions faire un album complet qui ne parlerait que d'elle, car il y a tellement de choses à dire. Toutefois, à ce moment-là, cela n’avait pas beaucoup de sens de choisir ce thème pour ''Art Of War'', puisque nous recherchions un conflit ou une bataille précise. C’était toujours dans ma tête depuis un long moment et encore plus en 2014, où cela faisait cent ans que la guerre avait débuté, et en 2018, où l’on célébrait les cent ans de la fin de la bataille. Il y a un an et demi, nous avons décidé qu’il était temps de faire cet album et on a commencé l’enregistrement le 11 Novembre !
Si je ne me trompe pas, c’est donc la première fois que vous faites un album concept pour parler de la même guerre sur un album entier ? Nous avons fait “Carolus Rex” qui parle de l’Empire de Suède sur cent ans. Mais ça ne parlait pas d’une guerre unique. Il s’agissait de conflits différents. Ce n’est donc pas un album concept, c’est plutôt une suite chronologique. Du coup, tu as raison, ce n’est pas la même guerre sur tout un album.
Vous avez fait la promotion de l’album à Verdun même, c’était important pour vous d’y aller ? Et quels souvenirs et expériences en gardes-tu ? Pour nous Verdun c’est une bataille importante de la Première Guerre mondiale et peu importe tout ce qu’on a lu sur le sujet nous devions y aller. Pour diverses raisons, nous n’avions jamais eu l’occasion de nous y rendre. Du coup, on y est allé et nous avons voulu le montrer aux journalistes du monde entier. Il y avait même des personnes qui sont venues d’Inde pour ça. Nous trouvions, d’un point de vue logistique, que Verdun était un très bon endroit, car il y avait plein de possibilités. Nous avons pu avoir des hôtels pour que tout le monde puisse dormir et il y avait plein de lieux que nous pouvions visiter. Nous voulions en montrer le plus possible, mais surtout découvrir tout cela pour nous. Nous sommes donc arrivés trois jours avant les journalistes. Des personnes ont ensuite écouté l’album et on a fait des interviews. D’autres journalistes se sont rendus dans les musées, les mémoriaux, les champs de bataille… On désirait qu’ils découvrent tous ces endroits. De mon point de vue, Verdun était un choix parfait.
Cet album est disponible en trois versions : ''Normal'', “History” et ''soundtrack édition''. Pourquoi avez-vous fait ce choix plutôt original ? La version normale, c’est juste du Heavy Metal et c’est logique. La seconde c’est l’édition “History”, je recommande à tout le monde de l’écouter en premier, car elle permet de planter le décor. Si tu n’as pas encore écouté l’album écoute l’édition “History”, une voix va te guider et te donner des informations et faire la narration. Cette voix met en scène chaque morceau et te permet de connaître quels conflits et quelles batailles sont évoqués. Grâce à cela, tu n’as pas besoin de lire les paroles et de te focaliser dessus pour savoir ce qu’il se passe. Je trouve que cette édition est l’idéale pour écouter l’album. A contrario, si tu es dans une soirée avec des amis, que tu fais un barbecue et que tu ne veux pas entendre ce que je dis, il faut choisir la version normale. La version soundtrack est orchestrale, un peu comme une bande-son de film. Si tu es plutôt fatigué, choisis cette édition.
Je pense qu’il est important pour toi que les auditeurs sachent ce que les paroles évoquent… Oui, mais je pense que c’est différent pour chacun. Certaines personnes écoutent Sabaton vraiment pour le côté historique, ce qui est une bonne chose, car j’adore ça. Nous passons beaucoup de temps sur l’écriture des paroles. Pour d’autres, c’est pour écouter la musique, boire des bières et chanter en même temps. Je ne vois pas quelle alternative est meilleure que l’autre. Si tu te préoccupes de la musique et des paroles, c’est clair que j’adore ça, car on le fait aussi. Mais si tu es plutôt du style à juste écouter la musique et à chanter en même temps, c’est aussi très bien. C’est juste que tu manques ta chance d’écouter un extra de Sabaton.
Est-ce que la version “History” rejoint le concept de votre chaîne YouTube Sabaton History ? La chaîne Sabaton History c’est un rêve qui est enfin devenu une réalité. Pär et moi, on en parlait depuis dix ou quinze ans, on se disait que ce serait génial de faire des documentaires sur chacune de nos chansons. Ce que nous faisons, c’est d’essayer de couvrir un conflit en un album d’Heavy Metal d’une quarantaine de minutes. Essayer de couvrir ''The Great War'' en 40 minutes, ce n’est pas faisable. Verdun, c’est neuf mois et vingt-sept jours de bataille et j’essaye de raconter tout ça en trois ou quatre minutes, ce n’est pas possible non plus. Notre musique ne peut être plus qu’un teaser, comme une bande-annonce de film. Ce que nous faisons sur notre chaîne ''Sabaton History'', c’est donner des informations sur comment sont créées les chansons. Ce sont des épisodes qui durent environ dix à quinze minutes avec généralement une petite introduction comprenant des anecdotes de studio, des souvenirs ou une histoire drôle. Ensuite, c’est dix minutes d’Histoire pure narrée par des Historiens, par des chercheurs. Nous adorons l’Histoire, mais nous ne sommes pas des professeurs. Nous sommes passionnés, nous ne sommes pas des experts. Grâce à cette aide, à chaque épisode, j’en apprends encore beaucoup. Peu importe les recherches, les livres qu’on a lus, les vidéos et documentaires visionnés, c’est à chaque fois du nouveau pour nous lors de la création des épisodes. Et j’adore ça ...
Je trouve que “The Great War” est plus épique. Est-ce dû à ce concept ? En choisissant le sujet de la Première Guerre mondiale, il nous a semblé plus évident que cet album devait être plus sombre, plus atmosphérique et épique. Surtout que cette guerre est pour moi, un moment très sombre dans l’histoire humaine. Donc, cela devait se ressentir dans la musique et dans l’atmosphère de l’album : depuis la composition des chansons, des paroles, de la production jusqu’au son en studio. Un titre comme l’avant-dernier de l’album ‘' The End Of The War To End All Wars''est une chanson qui parle d’un moment important donc cela la rend épique et je pense que l’édition ''History'' rend cela encore plus important.
Sabaton célèbre son vingtième anniversaire, qu’en pensez-vous rétrospectivement ? On peut considérer Sabaton comme un pionnier du genre Heavy Power Metal ? C’est une bonne question (rires), je n’en ai aucune idée. Pour notre vingtième anniversaire, on ne savait pas ce que nous voulions faire, en fait. On a essayé de se mettre à la place des fans de notre groupe en se disant : qu’est-ce qu’on attendrait de notre groupe préféré pour ses vingt ans ? Nous voulions en parler en musique. Donc, nous avons pensé à faire une chanson et de trouver un moyen de la rendre gratuite. Nous nous sommes demandé quel sujet devait être abordé. Nous avons demandé à nos fans de nous soumettre des idées d’histoire. Nous avons choisi le sujet le plus demandé, c’était sur Bismarck. Nous avons ensuite écrit la chanson et créé un clip. Nous l’avons mise en ligne sur YouTube pour qu’elle soit accessible à tous. C’est donc cela que nous avons fait pour notre anniversaire. Mais je pense que ça n’a pas plu à tout le monde. Les gens étaient énervés, car ils ne pouvaient pas l’écouter sur Spotify, Apple Music ou Deezer. Mais c’était offert ! Nous avons donné une chanson et une vidéo. Nous avons ensuite changé cela et maintenant, ce titre est aussi disponible sur les plateformes.
Et le fait que je vous demande si vous êtes un pionnier du Heavy Power Metal, car je ne pense pas qu’un autre groupe fasse la même chose que Sabaton de parler d’histoire dans l’ensemble de vos chansons. Oui, pour nous, c’est tellement évident. À l’époque, il y a vingt ans lorsque nous étions un petit groupe et que nous écrivions des paroles, on ne trouvait pas ça amusant alors qu’il était nécessaire de le faire. Mais quand nous avons commencé à chanter au sujet de l’histoire militaire, ça a pris du sens, c’était logique et c’était intéressant pour nous. L’écriture signifiait quelque chose, car il y a tellement d’histoires incroyables dans le passé, que ce soit au niveau de la Suède, de l’Amérique, de la France, de l’Allemagne… Il y a tellement de faits historiques passionnants dans le monde entier qui ont été oubliés. Nous nous sommes dit : et pourquoi ne pas être le groupe qui chante sur ces sujets plutôt que de chanter sur des thèmes comme la bière, la moto, la drogue, le sexe ou des choses comme ça ?
Pourquoi avoir choisi de parler d’Histoire ? C’est une passion pour toi ? Oui c’est vraiment une passion. Comme je l’ai dit, nous ne sommes pas du tout des experts, nous avons juste de bonnes connaissances sur les sujets que nous évoquons dans nos chansons. Et bien sûr un peu plus sinon nous ne pourrions pas faire ça. Mais j’adore lire sur le sujet de l’Histoire et pas uniquement sur l’Histoire militaire. C’est tellement logique de mélanger l’Histoire militaire à du Heavy Metal pour des raisons évidentes. Donc oui, l’histoire est une passion, mais je ne suis pas un expert.
Pour conclure, vous serez en tournée en Europe l’année prochaine, qu’est-ce que nous pouvons attendre ? Les décors de scène que vous nous aviez proposés durant les festivals vont changer ? Les décors vont être les mêmes, mais nous allons les améliorer et les développer. Nous allons élaborer une maquette que nous pourrons amener dans les grands festivals et dans les salles de taille moyenne également. Nous allons avoir un champ de bataille de la Première Guerre mondiale sur scène. Nous serons limités par les contraintes de la scène telles que : quelle taille, quel poids et surtout combien d’énergie pouvons-nous consommer. C’est la première fois que nous avons un budget pour faire cela. Mais si nous sommes fauchés, ça va aussi, on peut le faire aussi (rires)
L’ancienne chanteuse de Sister Sin, Liv Sin continue sur sa lancée… Après un premier album en 2017, elle nous livre un second “Burning Sermons”, plus affirmé avec des sonorités plus modernes. Liv Sin nous en apprend plus sur cet album.
Pour commencer, comment te sens-tu à la sortie de "Burning Sermons" ? Te sens-tu plus confiante parce que c’est ton deuxième album, ou l’étais-tu déjà pour le premier ? C’est difficile à dire. Je me sens un peu plus confiante, car nous avons vraiment fait un bon travail et nous avons un bon producteur. Malgré tout, c’est toujours stressant de sortir un album, car même si tu penses avoir fait du bon travail, même si tu en es fière, il y aura toujours des personnes qui ne vont pas aimer. Ça rend nerveux de sortir un album, malgré cela oui, je suis plus sûre de moi cette fois.
Tu peux m’en dire plus sur le processus de production de "Burning Sermons” ? Sur cet album, nous avons choisi de travailler avec Emil Nödtveidt (Deathstars). Je savais qu’il avait un studio, car on se connaît et on avait parlé de faire un jour quelque chose ensemble. Cette fois-ci était la bonne, il avait du temps, il était ouvert et voulait faire quelque chose d’autre qu’avec Deathstars. Il voulait s’investir dans le processus et nous avions beaucoup d’idées. Il m’a vraiment aidé à me focaliser sur celles-ci et à les atteindre parfois de manière différente. C’est toujours un bon processus d’enregistrer un album, mais même si tu y passes de bons moments, c’est toujours aussi stressant. Comme nous avions plus de temps, nous avons pu faire grandir et développer les chansons. Nous avons travaillé durant tout l’automne, de septembre à décembre, presque jusqu’en janvier. Je pense que ça m’a permis de rendre les chansons meilleures, de les faire grandir. C’était un plus long processus que sur l’album précédent, mais je pense qu'il était meilleur.
Penses-tu qu’avoir plus de temps est un bon processus pour faire un bon album ? Oui pour cet album, mais ce n’est pas toujours le cas. Avec mon ancien groupe Sister Sin, nous travaillions vraiment bien lorsque nous avions peu de temps et étrangement, on ne travaillait pas bien si on n’avait pas cette pression. Donc, cela dépend un peu de la situation, du groupe, des membres… Mais j’aime quand on n’est pas trop stressé, du moins au début, car à la fin on stresse de toute manière. Je trouvais ça bien d’avoir quelques mois pour travailler sur les chansons et de ne pas le faire juste durant un mois ou deux et de l’enregistrer en quelques semaines. C’est bon d’avoir le temps de réfléchir, mais il ne faut pas trop penser non plus.
Cet album semble être plus lourd avec un côté moderne. Comment décrirais-tu votre son ? Oui je le pense aussi, car nous voulions et nous visions ce style plus moderne. Ce que je veux dire c’est que le premier album était plutôt une sorte d’Heavy Metal ''Old School''. Nous voulions développer cela et ajouter plus de modernité et surtout que ça se ressente. Je visais ce genre lorsque j’ai commencé dans ce groupe et je pense l’avoir trouvé. Bien sûr, j’aimais aussi beaucoup l’album précédent et j’en suis très fière, mais pour celui-ci, c’est vraiment le son que nous recherchions. Quand tu constates comment Emil Nödtveidt a su mettre en avant le clavier, tu en as totalement l’exemple.
Peut-on dire qu’avec cet album tu as trouvé le son que tu voudrais garder pour les prochains ? C’est un peu difficile à dire, je pense que ce son est apparu et que certaines chansons ne correspondraient pas avec le style d’il y a quelques années. Cela dépend de la situation dans laquelle tu te trouves, de savoir si c’est le bon moment ou non pour écrire certains morceaux… Je pense que pour celui-ci, les titres devaient être de ce genre, alors que pour l’album précédent cela n’aurait pas convenu. Comme je l’ai déjà dit, je visais ce style de musique, mais quand j’ai commencé à produire, je ne savais pas exactement ce que j'aurais aimé faire paraître. Je voulais faire vivre des sentiments au travers mes chansons ou la musique, et je pense que j’ai trouvé comment le faire maintenant.
Comme sur le premier, il y a un invité sur le nouvel album. Il s’agit du titre "Hope Begins to Fade" avec Björn. Comment s’est déroulée cette collaboration ? Quand tu parles d’avoir un invité, c’est toujours amusant de faire une collaboration avec un autre groupe ou artiste. J’adore beaucoup Soilwork et je sais que Björn aimait mon ancien groupe Sister Sin, et il craquait un peu quand on jouait en festival ou autres. En plus, il connaît mon label, donc je leur ai demandé, ainsi qu’à mon label, s’il était intéressé de faire une chanson ensemble. C’était génial, car il a accepté, il en avait envie. Sa voix convient vraiment bien pour le titre ''Hope Begins to Fade'' parce que c’est une chanson vraiment groovy et heavy et je pense que sa voix la rend encore plus heavy. Maintenant, nous allons la jouer en live et nous allons essayer d’être aussi heavy que lui.
Pouvez-vous m’en dire plus sur le sujet des paroles que vous évoquez ? Parfois vous parlez des médias sociaux, des choses comme ça ? J’ai toujours tendance à écrire des chansons à propos de sujets qui me frustrent, des choses personnelles ou juste sur des choses qui se passent autour de moi. Je pense que, j’exprime ma frustration au sujet de la société, ou de ce que l’humain fait. J’exprime ma colère au travers l’écriture et c’est aussi pour ça que j’adore le faire. Parfois, mes paroles sont plutôt à tendance politique ou encore sur des choses qui se passent dans le monde. Il y a par exemple le titre ''Slave To The Machine'' qui évoque la conspiration et les appareils qui prennent le contrôle de notre vie, c’est aussi un moyen pour les gens de pouvoir nous contrôler. J’ai tendance à écrire ma frustration en tant qu’humain, car nous ne prenons pas soin du monde, de notre planète, des animaux, des plantes et de toutes ces choses qui ont leur place ici, tout comme nous. Il y a tellement de choses que vous pouvez trouver dans les paroles… Il y a aussi des choses intimes comme dans la chanson ''Dead Wind Intermezzo'' qui est très heavy et qui est écrite pour mon petit ami. Les paroles sont à la fois personnelles et également une réflexion à propos du monde.
L’année dernière, vous avez sorti un EP acoustique “Inverted”, pouvez-vous m’en dire plus ? Pensez-vous réitérer cette expérience à l’avenir ? Je n’en suis pas certaine, c’était une expérience et c’était plutôt sympa, mais j’apprécie davantage le fait de chanter du metal et d’avoir de l’énergie derrière tout ça : quand tu joues du heavy, du groovy et des riffs rapides. Mais sait-on jamais dans le futur, je pourrai faire autre chose. J’aime l’ambiance de la musique soul et du reggae, mais je ne suis pas certaine de pouvoir chanter ça. Comme il ne faut jamais dire jamais… On verra, ce n’est pas quelque chose de planifié pour l’instant.
Pour conclure, pouvez-vous me dire quels sont vos projets pour l’avenir du groupe ? Vous serez bientôt en tournée ? Nous travaillons sur une tournée européenne, mais je ne connais pas toutes les dates. Je sais qu’il y aura l’Espagne en octobre. Nous sommes en train de développer tout ça pour tourner plus en Europe et j’espère donc que ce sera plus long. D’août à septembre, nous allons jouer dans des festivals en Suède. Outre la Suède, j’espère vraiment pouvoir tourner en Europe pour cet automne. J’aimerais aussi jouer en Angleterre, aux États-Unis, et j’adorerais jouer en Amérique du Sud. Nous verrons ce qu’il se passera, mais c’est très compliqué de nos jours, car certains groupes font des tournées et d’autres veulent en faire... Nous, on espère en faire plus.
Redemption c’est avant tout une affaire de famille, avec un groupe composé d’un père et de ses deux fils. Après avoir fait parler d’eux en tant que grand gagnant du tremplin du Hellfest et par leur passage remarqué sur la Main Stage, l’an dernier, le combo à la formation atypique nous présente leur premier EP “Angel”. Au fil de cette interview, on nous en apprend plus sur eux :
Pour commencer je vous laisse présenter Redemption, comment l’histoire du groupe a débuté ? JS: Il faut tout d’abord que je te dise que, dans notre famille, jouer dans un groupe, c’est quelque chose de normal. Rod et Mat fréquentent les concerts et les salles de répétitions depuis qu’ils sont bébés… Ils ont toujours eu accès au matériel et aux conseils des nombreux professionnels qui forment notre entourage. Très tôt, ils ont monté leur premier groupe (8 ans et 13 ans) avec un de leurs copains à la basse. Au bout de quelques mois, ça n’a plus fonctionné avec ce bassiste, alors ils m’ont demandé de le remplacer le temps d’en trouver un nouveau. C’est un intérim qui est devenu un poste fixe en fin de compte. Tout s’est ensuite enchaîné très vite : premier concert, puis deuxième, etc... jusqu’au premier événement qui a marqué la jeune carrière de Redemption, notre sélection au Hellfest Mainstage 2.
On peut dire que le line-up de Redemption est atypique ! Le fait de jouer en famille est une force pour vous ? Mat: Évidemment, jouer en famille c’est un atout très important. Autant au niveau de la stabilité du line-up, de la communication entre nous, et des disponibilités de chacun. Quand on est ensemble, c’est-à-dire tous les jours, on ne parle que du groupe, de nos concerts passés ou à venir, des projets, etc... Entre nous, il y a une véritable symbiose qui dépasse la musique. Je pense que ça s’entend et que ça se voit sur scène. De plus, notre mère, elle aussi, est toujours avec nous. Nous nous déplaçons tous les quatre comme une petite tribu. Le fait d’être ensemble nous apporte une sérénité, une énergie et une force incroyable.
D’ailleurs, est-ce facile pour Rod et Mat de réussir à allier cette carrière musicale et leur vie d’ado ? Rod: On ne parle pas trop de la musique à l’école, même si tout le monde sait ce qu’on fait. J’ai une vie normale avec de bonnes et de mauvaises notes, des potes avec qui je fais du skate ou du vélo, des petites chéries, mes copains hallucinent que je joue au même endroit que Koba la D ou Cabalero, Jean Jass… pour les uns, Iron Maiden ou Judas Priest pour les autres… Patti Smith pour mes grands-parents. C’est vraiment drôle en fin de compte.
L’an dernier, vous avez eu l’opportunité de jouer au Hellfest. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Mat: Cette sensation incroyable de constater que des milliers de personnes sont arrivées en courant pour voir notre concert à 10 h 30. Le truc le plus dingue, c’est à la fin de notre premier morceau quand les gens ont crié et ça faisait comme une énorme clameur ! C’était plus fort que nos retours et je t’assure que sur scène, on joue très très très fort. C’est à ce moment-là que l’on a réellement mesuré le truc incroyable que l’on était en train de vivre tous les trois…
J’imagine que fouler la Main Stage 2 alors que l’on a 11 et 16 ans est une sensation très étrange. Non ? Rod: J’avais encore 10 ans… Mat: On s’était vraiment bien préparé. En fait ce n’était pas étrange. On savait que tout le monde aurait quelque chose à dire sur nous. On avait reçu beaucoup de messages géniaux, mais on se mettait aussi à la place de tous ces super groupes qui n’avaient pas été sélectionnés par Hellfest. On se devait d’être à la hauteur de l’événement. C’était vraiment ça qui nous mettait sous pression. Respecter l’honneur qui nous était fait.
JS, avec ce point de vue de papa qu’est le tien, dirais-tu que tu vis l’aventure Redemption de la même manière que Mat et Rod ? JS: Tu imagines bien que pour un papa, jouer avec tes fils devant des centaines, voire des milliers de personnes, c’est un kiff incroyable. Parfois, pendant que l’on est sur scène, je regarde Mat et Rod et je me dis que je rêve… Avec eux, j’ai redécouvert la musique. Ils sont beaucoup plus performants, réguliers, endurants, sérieux et enthousiastes que la plupart des adultes avec qui j’ai pu jouer. On dirait que les kids n’ont pas de limites. Je souhaite à tous les parents de vivre une aventure collective avec leurs enfants. Que ce soit dans la musique ou n’importe quoi d’autre.
En plus du Hellfest, vous avez eu l’opportunité de jouer de nombreuses dates avec beaucoup de groupes (Phil Campbell & The Bastard Sons, DeadKennedys, Nashville Pussy, Ultra Vomit…). Avez-vous un concert qui vous a marqué particulièrement ? JS: Pour des Motörheadbangers comme nous, tu imagines bien qu’ouvrir pour Phil Campbell, lui parler, partager un dîner avec lui et ses fils, c’est un peu toucher la main de Dieu… jusqu’à présent, nous avons eu la chance de nous produire à chaque fois dans des conditions super avec des artistes que nous adorons et dont nous écoutons les disques depuis toujours… chaque concert est une fête différente, une relation différente avec chaque public… . J’aurais tendance à dire que c’est le prochain concert qui va nous scotcher… nous préparons tous nos concerts comme si c’était le premier. Chacun est unique et on espère tous les trois que ça va rester comme ça.
De même, après le Hellfest vous attaquez désormais d’autres festivals comme le Cabaret Vert ou le festival ArtSonic ! Mat: Oui, ça, c’est vraiment génial ! Ce sont les premiers festivals généralistes dans lesquels nous allons nous produire. Nous sommes vraiment impatients de jouer devant le public de ces festivals, aux côtés d’artistes qui sont en fin de compte très loin musicalement de ce que nous faisons. Nous sommes persuadés que nous sommes en mesure de faire la jonction entre le public metal / hard rock et un public plus généraliste. Nous sommes pressés d’y être !
Parlons maintenant de votre second EP “Angel” qui vient de sortir, pouvez-vous m’en dire plus à son sujet ? Mat: Nous tenions à ce que notre premier CD (Live&Loud) soit un Live. À tort ou à raison, nous avions envie de montrer d’abord du live. Pour nous, la vérité est sur scène ! Cependant, le public nous a réclamé rapidement un CD studio, après le Hellfest. Nous avions un certain nombre de morceaux qui étaient prêts à être enregistrés, mais nous voulions aussi proposer des morceaux inédits que nous n’avions même pas encore joués sur scène. JS: Nous avons été extrêmement choqués, en août 2018, par le meurtre d’une femme, au Brésil, par son conjoint. Il avait commencé à la tabasser dans la voiture, ensuite dans l’ascenseur pour finalement, la jeter par la fenêtre de leur appartement. Elle n’a pas réussi à s’enfuir, personne n’était là pour l’aider, elle a été massacrée par quelqu’un qu’elle aimait… Il y a eu 120 femmes, mamans, filles, grand-mères, sœurs assassinées l’année dernière (2018) en France. La violence domestique est un poison qui détruit les familles sur plusieurs générations. La chanson « Angel » est notre manière de dénoncer cette violence qui concerne malheureusement beaucoup trop de monde.
L’EP contient notamment « GetRid » qui avait débuté votre set Clissonnais ! Est-ce le seul clin d’œil de cet EP à votre passif avec le Hellfest ? Mat: Nous avons aussi enregistré « Let it Die » et « I’m Not Afraid » qui sont deux chansons qui ont été composées peu avant notre passage au Hellfest et qui ont beaucoup plu. On adore l’énergie incroyable qu’elles dégagent quand la batterie rentre avec la basse. Ce sont vraiment des morceaux qui représentent bien Redemption.
Pour cet EP vous avez collaboré avec Sylvain Masure et Magnus Lindberg pour la production. Comment cela s’est-il déroulé ? JS: Je connais Sylvain depuis plusieurs années. En plus d’être un des meilleurs ingé son que je connaisse, c’est aussi quelqu’un d’adorable, patient et curieux. Quand nous lui avons demandé de prendre en charge notre son en concert, il a accepté tout de suite malgré son emploi du temps extrêmement chargé. Au moment de choisir un studio, nous lui avons parlé du projet, car nous souhaitions lui confier le mix et le mastering. Nous n’imaginions pas que nous pourrions trouver un créneau avec lui pour réaliser les prises de son. En fin de compte, Sylvain a trouvé le studio, le temps pour nous enregistrer et nous mixer. De la magie ! Mat: Sylvain nous a parlé de Magnus et nous a suggéré de le contacter pour lui proposer de réaliser le mastering d’Angel. Après quelques échanges d’emails, nous étions convaincus qu’il serait la bonne personne pour apporter la touche finale à notre EP.
Pourquoi ce choix de faire appel à Magnus Lindberg et Sylvain Masure ? Un rapport avec le fait qu’ils aient produit des groupes français tels que Tagada Jones qui vous influencent certainement ? JS: Dans tout ce que nous faisons, nous essayons vraiment de choisir avec un grand soin les personnes avec qui nous travaillons. Rod est encore petit et il est indispensable de nous entourer de personnes qui sont, non seulement, très compétentes, mais qui sont aussi capables de travailler avec un enfant. Nous travaillions déjà avec Sylvain depuis plusieurs mois et, humainement, ça fonctionnait déjà très bien avec Rod et Mat. Pour Redemption, il est assez évident de s’entourer autant que possible des meilleurs spécialistes du gros son. Aujourd’hui, Sylvain et Magnus sont des références, je pense. Ne pas travailler avec eux, alors que nous en avons la possibilité serait une erreur.
Comment décrire votre son ? Peut-on dire qu’il s’agit d’un mélange de thrash et de rock ? Mat: Je crois que tu as vraiment pointé du doigt les deux mots qui décrivent bien le son de Redemption. Entre nous, nous disons thrash’n’roll ! Nous utilisons un mélange de matériel assez particulier qui nous apporte je pense ce son thrash et rock.
Quels sont les groupes qui vous inspirent dans vos compositions ? Mat: C’est assez large… ça va de Johnny Cash à Slayer, en passant par les Ramones, Motörhead ou Monster Magnet, que j’aime particulièrement. On est tous très curieux en musique. On nous compare souvent à Metallica, ce que je prends comme un très grand compliment. Par contre ce n’est vraiment pas un de mes groupes favoris ni un modèle. Nous tentons avant tout de faire des chansons. Des refrains que le public prend plaisir à chanter ou à entendre. Nous essayons de faire une musique accessible et qui puisse être facilement mémorisée. Nous jouons surtout pour faire plaisir au public.
Pour finir, quels sont les projets à venir pour Redemption ? L’album est-il déjà envisagé ? Mat: Nous affectionnons vraiment le format EP qui permet d’installer une certaine régularité dans la composition et la production. Nous sommes déjà en train de préparer le prochain, qui sortira en juin 2020. Je pense cependant que nous ne sortirons pas d’album sans le soutien d’une maison de disques.
« We Are Redemption&We Play Rock’n’Roll », ça fait quand même Mötorhead dans l’âme, non ? JS: Il y a 40 ans, Motörhead m’a donné l’amour du rock. C’est le groupe qui m’a accompagné toute ma vie dans les bons, et les mauvais moments. Mes fils, tout comme moi, ont pris Motörhead en pleine face dès leur plus jeune âge. « We Are Redemption&We Play Rock’n’Roll », c’est un hommage plus qu’appuyé de notre famille à Lemmy et son gang. Un état d’esprit à entretenir et à célébrer.
Finalement, et pour résumer notre échange, le heavy metal est une affaire de famille chez les Kuhn ? Mat: Rien n’est plus important que la musique chez nous. Mais ça, tu l’as compris.
Je vous laisse le mot de la fin. En chœur: We Are Redemption & We Play Rock’n’Roll !
Pour Metal’Art, j’ai fait un entretien avec mon amie Seraina Telli, l’ex-chanteuse des Burning Witches qui vient de lancer un premier album avec Dead Venus. En suivant la carrière de l’artiste depuis quelques années, il me semble de plus en plus que Telli est une des musiciennes les plus intéressantes de la scène musicale helvétique. Éclaircissons ceci.
Avec les Burning Witches, tu avais quatre jeunes femmes à tes côtés pour jouer du Heavy Metal. Maintenant, avec André Gärtner et Mike Malloth, deux musiciens professionnels expérimentés se sont joints à ton projet solo Dead Venus pour produire une musique plus tranquille. Peut-on dire que le Rock Progressif ou Alternatif reflète davantage ton âme? Le Heavy Metal est une de mes grandes passions, mais pas la seule. Ce qui me fascine dans ce type de musique, c’est le défi vocal de transmettre cette puissance et agression, tout en maintenant le contrôle total de sa voix. Avec Dead Venus, qui est par ailleurs mon groupe et non un « projet solitaire », je peux vivre à fond mon rôle d’artiste en créant quelque chose de nouveau. Je ne définirais pas la musique comme étant „plus tranquille" en général, mais elle a plus de facettes et reste très dynamique - en clair : pas toujours à fond la caisse ! Ceci laisse plus de place aux différents instruments. J'utilise non seulement ma voix, mais aussi les claviers et guitares. Cela me met au défi à différents niveaux et ainsi je reste toujours dans un processus d'apprentissage. Alors oui, cela reflète beaucoup mon âme.
Ton influence chez Dead Venus semble être beaucoup plus forte que chez les Witches. Tu n’écris pas seulement les paroles, mais aussi la musique. Peux-tu révéler ton processus créatif d'écriture à nos lecteurs ? Comment composes-tu ? Romana et moi avions écrit ensemble les chansons des Burning Witches et, bien entendu, nous avions des idées précises. J'ai commencé à composer toute seule dès l'âge de seize ans environ et déjà sous le nom de Dead Venus. Mais la musique n’était pas comme je l’imaginais, car il me manquait encore le savoir-faire. Je suis totalement accro aux mesures, aux temps impairs et asymétriques, même « bizarres ». Au cours de mes études musicales, j'ai appris pas mal de choses sur la théorie musicale et mon écriture s'est développée davantage. Mais, comme je l’ai déjà mentionné, je n’ai jamais eu l’intention d’agir en tant qu’artiste solo. C’est pourquoi j’étais à la recherche de personnes appropriées pour ce type de musique. André (basse) et Mike (batterie) sont avec moi depuis 2015 et nous avons développé notre son ensemble. La composition ne se déroule pas toujours de la même façon. J'ai une idée de texte ou de quelque chose qui me concerne et ensuite je compose la chanson avec l’aide d’un piano ou d’une guitare. Ou j’ai qu’une idée d’harmonie ou de rythme autour desquelles je développe une chanson. L'important pour moi est que les paroles s’allient bien à la musique. Il se trouve alors que des chansons totalement différentes se retrouvent sur un projet. On est ensuite à trois pour les arranger.
Beaucoup de fans, y compris moi-même, n'ont jamais compris pourquoi tu as quitté un groupe comme les Burning Witches, qui est actuellement en plein essor et qui joue aux grands festivals, pour recommencer de, presque, zéro avec Dead Venus. N'était-ce jamais une option pour toi d'être dans les deux groupes en parallèle ? Je pense que les réponses ci-dessus en disent long sur mon choix. Il n’était tout simplement pas possible de faire l’énorme effort de jouer dans deux groupes et je voulais me développer musicalement.
As-tu encore des contacts avec les Witches? Sur Facebook, tu restes uniquement ami avec Alea qui a quitté le groupe avant toi. As-tu eu des « dissonances » avec les autres filles? Comme je l’ai mentionné dans mon communiqué officiel, je leur souhaite une bonne continuation dans leur succès. Avec Laura, ils ont trouvé une chanteuse formidable. Le nouvel album sera certainement une bombe et viendra dans ma collection !
Revenons à Dead Venus, comment décrirais-tu le premier album « Bird of Paradise » à nos lecteurs ? Vous devriez écouter « Bird of Paradise » si vous aimez être surpris ! La musique a de nombreuses facettes, allant de la rage au son doux et du métal au jazz. Elle reste toujours ouverte à une variété d’influences et d’inspirations.
Le titre de « Bird of Paradise » est-il une métaphore pour ton égo de zigoto ? En principe, il s'agit d'être soi-même et de ne pas suivre quelqu'un qui vous dicte votre comportement. Cela peut être de « bons » amis, la société ou vous-même en vous posant des obstacles dans la vie. Je pense que beaucoup de gens peuvent s’identifier à cela.
J'ai lu que lors du concert release au Met-bar à Lenzburg (CH), des fans français étaient venus et un fan allemand faisant même un trajet de 21 heures en bus pour vous voir ! D’autres nouveaux groupes ne peuvent que rêver d’un tel afflux. Comment est-ce possible ? C'est vraiment quelque chose de spécial et nous apprécions fortement ce que certaines personnes étaient prêtes à concéder pour assister à notre release. Ce fut une soirée fantastique dont nous nous souviendrons encore longtemps !
Terminons cette interview avec dix petites questions qui nous donnent un aperçu de ta personnalité.
Mon instrument préféré est : le piano
Un jour, j'aimerais faire une apparition chez : Opeth ou Judas Priest
Ma meilleure expérience sur scène était : chaque fois quand les gens étaient touchés par ce que je faisais sur scène
Un festival que j'aimerais visiter serait: Night of the Prog - de préférence sur scène ! ;-)
Ma meilleure expérience avec un fan était : après un concert, quelqu'un m'a dit que je l’avais inspiré pour reprendre avec la musique. Ce fut un moment très touchant pour moi.
La chose la plus folle que j'ai faite : choisir de devenir musicien et de renoncer totalement à une vie "normale" - je ne regrette rien !
Si je n'étais pas musicienne, je serais : aucune idée, fée des dents peut-être ? Haha, non sérieusement ; il n'y a jamais eu de plan B.
En tant qu'étudiant j'étais : rêveuse
Mes autres intérêts sont : le sport, la famille, les amis, l'amour
Si j’avais un seul souhait, alors : j’aimerais sincèrement qu’il y ait moins de haine dans le monde. Après tout, nous sommes tous dans le même bain. Qu'en pensez-vous?
La littérature et le Black Metal font l’essence des français de The Great Old Ones, Ces derniers s'inspirent pour leurs compositions des écrits de l’auteur H.P Lovecraft. Benjamin Guerry, le fondateur du groupe nous livre plus de détails sur leur nouvel album “Cosmicism” sorti le 25 Octobre.
Pour commencer, je te laisse brièvement présenter ton groupe : Nous sommes The Great Old Ones, moi je suis Benjamin Guerry (guitariste et chanteur). Le groupe s’est vraiment formé en 2011. Deux ans plus tôt, j'avais commencé à composer seul. Depuis lors, nous avons sorti trois albums et le quatrième ''Cosmicism'‘. On fait un style proche du Black Metal, et souvent on nous catégorise comme du Post Black Metal même si moi, je trouve qu'on en sort un peu car c'est un terme très vaste. Notre univers est basé sur celui de l'écrivain américain H.P Lovecraft qui a rédigé des récits fantastiques et d'horreur.
Peux-tu m'en dire plus sur Lovecraft ? Comment es-tu tombé dans sa littérature et pourquoi as-tu voulu composer sur ce sujet ? J’ai découvert Lovecraft au travers les jeux rôles alors que j'avais 13/14 ans. J'ai beaucoup apprécié son univers et j'ai ensuite lu toutes ses œuvres. Depuis, cela ne m'a jamais quitté et c'est vraiment devenu une passion littéraire. Quand on a monté le groupe, quand j'ai composé les morceaux, cela me faisait penser à l'atmosphère que je ressens lorsque je lis du Lovercraft. Du coup, c'est devenu le sujet principal.
Est-ce une manière différente de composer quand on s'inspire d'une œuvre littéraire ou de quelque chose qui entre dans la thématique de l'art ? Cela dépend des moments. Si on prend le deuxième et le troisième album, c'était des concepts sur des nouvelles précises et ça suivait l'ordre chronologique de ces nouvelles. Donc, dans la composition, il fallait suivre les émotions et rebondissements de l'histoire. Par la force des choses, cela a donc influencé l'écriture des morceaux. Pour cet album, chaque morceau parle d'une entité ''Lovecraftienne'' différente ... Donc ce sont des histoires différentes et cela avait aussi un impact car il fallait suivre la nature de l'entité au travers de la musique. Par contre, il n'y avait plus ce souci d'ordre des chansons, mais bon moi, je ne prenais pas ça comme un souci mais plutôt comme une obligation, puisqu'il fallait respecter les moments de l'histoire.
Peux-tu m'en dire plus sur votre nouvel album ? Tu as déjà répondu en partie à ma seconde question qui était : ''Est-ce que c'est album évoque une œuvre particulière ?'' C’est un album qui s’appelle “Cosmicism”, où chaque morceau est basé sur une entité ''Lovecraftienne ''. A chaque fois, il s'agit d'un protagoniste qui fait sa rencontre, d'une manière différente, avec une entité. Donc, ce n'est pas basé sur une histoire entière et donc tout est indépendant. Les références peuvent être inspirées de différentes Nouvelles dont l'entité est actrice à ce moment-là. C'est vraiment des morceaux sur les entités avec en général un fil conducteur. Mais cela peut être assez vaste selon les entités.
Cela devait être un processus d’écriture très inspirant d'écrire sur des entités différentes ? Oui, c’était totalement inspirant et c’était plus ou moins facile, car certaines des entités sont exprimées et décrites par Lovecraft dans les nouvelles de manière plus ou moins précise. Par contre, pour d'autres, il y avait très peu d'informations, elles sont à peines citées et très brièvement. C'est là que ça devenait plus compliqué. Il a donc fallu parfois extrapoler. Par exemple avec ''Lost Carcosa'', c'est sur Hastur et il y a très peu d'informations sur lui dans les écrits de Lovecraft. Je me suis donc inspiré en partie du ''Roi en Jaune'' de Robert W. Chamber qui est un auteur qui a beaucoup inspiré Lovercraft. J'ai donc été chercher ailleurs que chez Lovecraft. Ce n'est pas de l'infidélité car ils sont très proches. Il y en a un qui a vraiment inspiré l'autre. Il a parfois fallu aller chercher ailleurs pour arriver à mettre en valeur l'entité et l'histoire.
N'as-tu pas peur un jour d’être bloqué soit par manque d’inspiration, soit par l’envie d’évoquer d'autres œuvres que celles de Lovecraft ? Je ne pense pas pouvoir être bloqué, car il y a vraiment beaucoup de chose à faire et il y a tellement d’œuvres différentes... J’ai déjà des idées pour le prochain album, celui qu’on a même pas encore commencé à composer, donc je confirme qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Et si un jour je suis bloqué, il faudra peut-être effectivement passer à autre chose et ce sera alors peut- être sur des histoires qui ont inspiré Lovecraft ou d'autres que lui-même inspire. On verra à ce moment-là.
Vous avez produit cet album avec Francis Caste, comment s’est passé cette collaboration ? Il a su répondre à vos attentes ? Oui, complètement. On est très content de ce qu'on avait fait jusqu'à maintenant avec les autres producteurs mais pour ''Cosmicism'', qui est un album très épique, j'avais besoin de retrouver une certaine puissance liée à un son un peu ''crade'', mais dans le bon sens du terme, un son avec de la texture, … Dans ce qu'il avait fait précédemment, j'ai trouvé cette ambiance, c'était donc pour moi le meilleur choix à faire et je ne le regrette absolument pas. Au niveau ''humain'', j'ai passé un moment très agréable et on a eu le temps de se côtoyer. C'était vraiment une très belle rencontre. Au niveau enregistrement, que ce soit les autres membres du groupe ou moi-même, c'était également un super moment. Il était très à l'écoute et avait une grande motivation, c'était agréable. Quand on réussissait certaines choses, un passage qui sonnait comme on le voulait, il avait le même sourire que nous.
Et justement je trouve que l’album sonne plus sombre tout en gardant ce côté atmosphérique : On m’a beaucoup posé cette question et pour moi à l’origine cet album était beaucoup plus épique que les autres. Mais effectivement, on m'a beaucoup dit qu'il était sombre, triste et très mélancolique. Avec le recul, je m'en suis rendu compte : que ce soit au niveau des sujets, de la production ou de la composition, cet album, sous ses airs un peu épiques, est mélancolique et désespéré mais cela correspond bien à cette idée du Cosmicisme. Le Cosmicisme étant le principe que l'Homme ne se rend compte de rien par rapport à tout ce qu’il se passe dans le Cosmos, il n'en a absolument pas conscience. Cela correspond tout à fait aux différents protagonistes des morceaux, qui généralement ne rencontrent pas une fin heureuse. Donc oui, il y a ce côté plus sombre. Maintenant ''EOD : A Tale Of Dark Legacy'' était déjà plus sombre que violent, mais il était peut-être moins atmosphérique et plus direct. Pour ''Cosmicism'', la fin est tout aussi sombre mais un peu moins directe avec plus d'atmosphère. C'est peut-être le bon compromis entre ''Tekeli-Li'' et ''EOD : A tale of Dark Legacy''.
Au niveau du line up, il y a Jeff Grimal qui est parti du groupe l’an dernier tu peux m’en dire plus à ce sujet ? Il nous a expliqué sa décision et ce qu'il voulait faire quand on était en tournée. Il ne la vivait pas très bien et voulait se concentrer sur ses projets artistiques, sur ses groupes et ses projets de peinture. Donc, entre la tournée où il n'était pas bien, pas très à l'aise et ça, il a préféré arrêter. La décision lui revenait, on n'en a pas beaucoup discuté. Je lui ai dit que c'était à lui de décider et il m'a dit qu'il préférait arrêter. Ça fait partie des changements car un groupe qui monte ça prend du temps et ça demande l'investissement. Donc, je comprends tout à fait. Cela ne nous a pas empêché de bosser sur ce nouvel album, tous ensemble, sur les artworks. On verra pour les futurs. Pour cet album, c'était une réelle volonté dans les deux sens de bosser ensemble et je suis très content du résultat. Il a encore montré un grand talent.
Que penses-tu de la scène Black Metal en France ? Ça fait déjà quelque temps que le reste du monde a un regard sur la scène française. Les groupes français ne sont plus considérés que comme des groupes purement français. Ils sont considérés comme n'importe quel groupe qui viendrait de n'importe quel endroit. J'ai un peu de mal à imaginer que les gens ne se renseignent pas sur l'origine d'un groupe car je suis le premier à le faire. Aujourd’hui, on a pris une place dans le paysage musical, mais elle n'est pas forcément aidée par la culture française qui ne pousse pas vraiment au metal. Cela serait différent si on était norvégiens, polonais, voir même américain mais c'est en train de changer. Il y a de plus en plus d'acteurs dans le milieu et il y a énormément de gens qui se bougent pour se développer en France et à l'étranger. Cela va donc dans le bon sens, et j'espère qu'on fera partie de ceux qui compterons dans le futur.
Quels sont les projets à venir pour The Great Old ones ? Une tournée est à prévoir ? Oui, il y a tournée française à prévoir qui s’organise pour Novembre. C’est une tournée où on sera en tête d’affiche et on va jouer l’album entièrement comme on le fait depuis “EOD : A Tale of Dark Legacy” et bien sûr il aura d’autres morceaux. On est également en train de travailler sur d'autres projets : il y a un clip qui va arriver et pleins de choses géniales … On essaye vraiment que cet album soit marquant dans notre discographie. Je pense qu'on va essayer de grandes choses et qu'on va surtout proposer un vrai spectacle aux gens. Le groupe et moi avons vraiment envie que les gens ressortent du concert avec des étoiles plein les yeux.
Donc vous allez vraiment travailler sur la mise en scène de vos prochains concerts ? On a toujours travaillé l’aspect visuel que ce soit pour les lumières, les tenues de scène et autres pour que cela ne soit pas qu'un concert mais que ce soit surtout un genre d'expérience. On veut vraiment que les gens ressortent après une heure, une heure et demi, en ayant voyagé. On veut jouer notre musique et qu'ils sortent de leur quotidien.