MJ

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Et si c’était la dernière fois ?

Samedi 7 mars. J’ignore encore la situation que l’on s’apprête à vivre actuellement.

La menace sanitaire, ce confinement historique… La fin du monde tel que nous le connaissons.

Samedi 7 mars. Je me rends aux Isnes afin de vivre ce qu’il allait être, sans le savoir, mon dernier concert avant un moment. C’était au Pulse, salle spécialement rebaptisée pour l’événement, dans le parc Créalys que nous nous retrouvons. Habituellement, cette salle accueille des dîners spectacles et quelques « éléments de décors » à l’entrée nous rappellent à ce souvenir que « non, nous ne sommes pas dans une salle de concert ».

Malgré tout, les organisateurs sont parvenus à maintenir l’illusion. Tout était parfait.

Mis à part Shaârghot, ce genre d’événement ne rentre absolument pas dans mon cadre musical, mais voilà… Mes chouchous passent en dernier alors… Allons explorer un peu.

Faust Project a l’honneur d’ouvrir le festival. Tâche ardue cependant pour cet artiste qui se dévoile devant un public très clairsemé à cette heure. Mélange de darkwave et de punk, il donne le ton de la soirée. Les changements de plateaux me semblent longs alors que dans les faits, ils sont plutôt rapides. Je me dis que l’on aurait pu facilement « resserrer » les passages des groupes.

À cent mille lieues de ce qui régale habituellement mes écoutilles, Interfront m’envoie un gros son electro et me balance un jeu de light… ça plait certainement aux amateurs du genre, mais je n’y arrive vraiment pas…

Les Français de Katcross seront malgré tout une belle découverte, car bien que demeurant dans un registre très electro, je suis séduite par la musicalité et la voix de la chanteuse.

Vient maintenant la tête d’affiche, Front242. Les pionniers de l’electro démarraient leur nouvelle tournée internationale. À presque 40 ans de carrière, nos compatriotes remplissent toujours les salles. Jouant une setlist assez variée, le public était conquis et même avant d’avoir commencé !

Tels des devins de l’Apocalypse que nous vivons aujourd’hui, le monstre Shaârghot et ses Shadows nous invitent une dernière fois à faire la fête avant le « Doomsday ».

Sans retenue, ils nous emmènent dans leur univers punk/indus empli de noirceur et d’ironie malsaine. J’en ai plein les yeux, jeu de scène, maquillage, toute leur imagerie colle parfaitement à un tel point que je me sens transportée à m’en briser les vertèbres.

Alors si la fin du monde est proche et si tout est fichu, j’aurai eu cette dernière fête avant que tout ne s’écroule et Shaârghot aura été (oh destinée… !) mon tout dernier concert. « Now Die », il n’y a pas de hasard dans cette histoire.

Cellar Twins fait partie de ces groupes qui veulent évoluer. Je me rappelle à l’époque, lors de leurs premiers concerts, j’avais trouvé qu’il manquait ce petit quelque chose… Tu sais, ce truc qui fait qu’on rentre dedans : comme pour la mayonnaise, t’as tous les ingrédients, les bons, les frais, les bio, hein, mais voilà, elle ne monte pas ! Ici c’était pareil, tous d’excellents musiciens, mais pour ma part pas moyen de me laisser convaincre. Et puis, et puis…. Il y a eu ce truc, ce moment, cet instant- clé, peut-être l’ouverture du Kraken en mai dernier, depuis ils la font prendre et ne cessent de se développer. Depuis, ils ont réussi à avoir cette présence scénique, ils ont trouvé leur identité, leur univers et nous y emmènent.

Alors ? C’est quoi le secret d’une mayonnaise réussie ?

Sur ce questionnement, je me rends au Belvédère à Namur afin d’assister à la release party de « Duality » leur nouvel album.

La soirée débute avec les groupes supports : Dirty Toy Company et Stand For.

Dirty Toy Company est un groupe de heavy originaire de Flandre. Perso, j’ai trouvé une touche d’attitude très punk rock : le style, le timbre de la voix du chanteur appuie mon impression. Ils donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre devant une bonne centaine de spectateurs qui pour la plupart découvrent le groupe. Les gars assurent en maintenant une belle énergie du début à la fin de la prestation.

Quelques minutes plus tard, les Montois de Stand For prennent possession de la scène. Je les avais vus lors de la finale des tremplins Wacken Open Air à Zingem au printemps, j’avais apprécié leur énergie communicative et cette manière dont Olivier bondi dans tous les sens et envahi l’espace sans jamais s’essouffler… Ça te donne franchement la patate. Avec Stand For, on est dans du pur Heavy, on ne peut s’y méprendre : la mélodie, les riffs, la voix… Du 100% pur bœuf certifié d’époque repris par la jeunesse et tiré à 4 épingles ! Un show toujours efficace même si, personnellement je les avais trouvés encore plus en forme et sautillants lors de la Battle. Allez pour leur décharge, c’était en mai et il faisait bon, là avec ce froid de décembre, il y a de quoi être plus engourdi.

La salle est bien remplie pour Cellar Twins, certainement un peu plus de 150 personnes. Le set débute par "Millénium", premier titre de leur nouvel album et une ambiance qui me procure un bon avant-goût quant à la suite de la prestation. On est dans une autre dimension, mon impression laissée lors de leurs premiers concerts est balayée : tous les ingrédients sont bons et la mayonnaise prend ! Une belle présence, des musiciens excellents, sûrs d’eux et ça se ressent dans le public qui se laisse transporter. Carl se dévoile et ça fait plaisir à voir/entendre : il a gagné en prestance, en maturité et en aisance. Lui qui me semblait à l’époque plus en retrait et réservé, prouve ce soir qu’il ne faut jamais se fier à sa première impression. Ce soir, il prend possession de la scène et nous capte tout du long, il impose son univers… Ce soir, je lui trouve même un air de Matthew Bellamy et il me bluffe. Ce soir Cellar Twins nous balance un bon rock alternatif dans LEUR style, LEUR univers celui dans lequel ils performent et, derrière cette réussite, il y a un travail incroyable ainsi qu’une volonté d’y parvenir malgré les doutes et les épreuves.

Serait-ce donc cela le secret d’une mayonnaise réussie ? Moi j’en suis ressortie convaincue !

La scène locale nous offre parfois de jolies surprises et de belles pépites, c'est ainsi que je l'aime ...  La machine Cellar Twins poursuit son ascension et nous présage un avenir plus que prometteur !

Est-ce que le death est mort ?

Telle est la question posée par l’organisateur après l’évènement.

J’aimerais répondre à cette question, mais avant, je vais te parler un peu de ma soirée et de cette affiche du warm-up pour le prochain Mass Deathtruction plus qu’alléchante : Immolation accompagné de Ragnarok, Monument of Misanthropy et Embryo.

Allez quoi !! Immolation au Belvédère !!!! Qui aurait pu un jour imaginer voir cette légende new-yorkaise dans cette petite salle namuroise ?

J’arrive tôt et une dizaine de personnes attendent l’ouverture des portes. La salle est assez vide, un beau stand de marchandising bien achalandé pour les 4 groupes est dressé non loin du bar, la terrasse est déjà ouverte et les toilettes sont réparées de la veille.

Le temps de commander une bière et les Italiens d’Embryo s’emparent déjà de la scène. Ce groupe met clairement la barre assez haute dès le début malgré un public clairsemé. Les 35 minutes de leur set me semblent trop rapides : c’est carré, puissant, sans faute. Une putain de claque pour moi. Le chanteur officiel du groupe n’ayant pas pu faire la tournée pour raisons familiales, c’est Vitali Mats (Alkemy, Misantrophia) qui le remplace au dernier moment. Chapeau ! On a l’impression qu’il partage la scène avec eux depuis des années ! On y voit que du feu, on ne remarque même pas le câble de son micro lorsqu’il se détache…

Après un rapide changement de plateau, c’est au tour de Monument of Misanthropy, groupe Austro-Franco-Anglais et son brutal death. Cette tournée marque la renaissance du groupe avec son nouveau line-up. Le set est composé en majeure partie de l’album « Anger Mismanagement », mais nous avons l’honneur de 2 nouveaux titres ainsi que d’une reprise de Morbid Angel « Fall From Grace ». Rien de neuf musicalement parlant, mais clairement efficace et parfaitement maîtrisé comme j’aime ! C’est bon, c’est rapide, pêchu, violent et ça t’explose à la gueule !

Les éléments se déchaînent avec les Norvégiens de Ragnarok… et les premiers pogos aussi. Ça force l’ambiance, mais là, ça part un peu en vrille. Heureusement, tout se calme rapidement et je profite mieux du concert. Le set est composé d’anciens morceaux comme « Pagan Land » et saupoudré de sang neuf avec « Chaptel of Shadows » ou « The Great Destroyer ». Servez ça avec deux onglets récupérés… c’est dire si j’apprécie le moment.

Avec leurs 30 ans de carrière et toujours une présence incroyable, les New-Yorkais d’Immolation imposent le respect. Une heure de prestation pour nous emmener avec eux dans leur voyage discographique, escale sur d’anciens titres tels « Those left behind », direction vers de plus récents comme « Destructive currents ». Note à moi-même : Me placer à quelques centimètres de Robert Vigna me fait prendre des risques inconsidérés, à chacun de ses mouvements le manche de sa guitare frôle mon visage.

Alors, avec 75 entrées pour une affiche aussi alléchante, on peut légitimement se demander si le death est mort… Sinon, que s’est-il passé ce soir ?

Il y en avait pourtant pour tous les goûts, le melo-death d’Embryo, le brutal de Monument Of  Misanthropy, le black chez Ragnarok ou du death old school avec Immolation.

Certes chacun peut trouver une excuse : c’était dimanche, je bosse demain, j’avais plus de sous, mon fils est malade, il y a eu un éboulement la veille à la Citadelle et j’avais peur, c’est trop loin, y avait pas de préventes et je ne voulais pas me déplacer inutilement, mon nerf d’Arnold est coincé et mon kiné me conseille de ne plus headbanger ….

Alors, dis-moi, toi, ce que tu en penses ? Le death est-il mort pour de bon ?

Si tu espères comme moi que non, plus d’excuses bidon et ramène ta tronche le 7 décembre à Wavre pour le Mass Deathtruction.

Ce samedi 16 novembre, j’assiste à la 11e édition de la Guerre des Gaules. Le champ de bataille semble presque désert, seuls quelques légionnaires de première ligne s’affairent. Je l’ignore encore, mais une fois de plus le Centre Culturel de Chênée tremblera bientôt dans une lutte sans merci.

Les Verviétois de Black Strike lancent le premier assaut en éclaireurs. Il n’y a pas énormément de monde dans la salle, mais bon, nous sommes midi et il ne faut pas trop nous presser nous les belges hein ! Leur style musical me fait penser à du Deftones revisité… ça passe sans éclat ni dégât.

Le combat prend un nouveau tournant lorsque, l’ennemi- public endormi à coup de metal fritcore, le régiment Baraka en profite pour asséner leur premier coup : le traditionnel lancé de Carapills aura raison d’une partie des fans. Ben oui, comme dirait César :  « Fortissimi sunt Belgae SAUF quand il y a une Cara !!!! »

Les Français de Think Of A New Kind (T.A.N.K.) vont devoir remettre un peu de discipline dans les rangs. Le set sera composé entre autres d’extraits de leur 4e album qui sortira début 2020.

Je pense que passer d’un French-can-core à un death metal mélodique assomme un peu le public qui s’en trouve moins réceptif. L’ambiance retombe un peu et je trouve ça dommage.

Qu’à cela ne tienne, les hostilités reprennent vigueur et la salle est déjà de 2/3 comble lorsqu’apparaissent d’horribles créatures à la peau grise et putride. L’armée d’Aktarum se jette au combat sans la moindre hésitation. Le groupe de folk metal aura ainsi l’honneur et le privilège des premiers slams de la foule. 50 minutes d’un set puissant démontrant une fois encore qu’Aktarum reste LE grosbill de la scène Trollmetal.

Retour au calme avec les Booze Brothers. On se situe plus dans l’irish trad version rock que dans le punk celtique. C’est plus léger et j’ai ressenti leur prestation comme une zone tampon qui maintiendrait une certaine dose d’ambiance tout en permettant aux troupes de reprendre leur souffle le temps d’une bière…ou deux.

Alors, Smash Hit Combo, c’est MA grosse claque de la journée ! L’arme absolue de la Guerre des Gaules : une bombe hardcore venue de Colmar qui t’explose au visage. Ça jump et slam de partout c’est juste la folie (même les enfants s’y mettent). De la première note à la dernière, je reste au front, bouche bée devant tant d’énergie. Double raison de faire la fête : leur dernier concert avant l’enregistrement du prochain album et l’anniversaire de Baptiste le guitariste. Alors, pourquoi s’en priver ?

Surfant sur cette vague de vitalité, Les Black Tartans reprennent l’assaut avec leur bon gros punk celtique super entraînant. J’adore leurs prestations en général car à chaque fois il y a une véritable interaction avec leur public. Ici encore, on finit sur la scène à chanter et à danser.

Au final, 600 personnes sont présentes pour la double tête d’affiche de cette journée.

Le combat s’achève avec les Parisiens de No One Is Innocent telle une lutte symbolique envers notre société. Des textes qui te touchent l’âme, même si j’avoue ne pas accrocher musicalement parlant.

Les Bad Religion à la sauce bretonne de Tagada Jones clôturent en beauté cette journée de guerre, la foule est toujours déchaînée, mais les 2x75 minutes des deux dernières prestations ont raison de moi et me semblent un peu longues la fatigue se faisant sentir.

Ce festival m’a vraiment plu alors qu’au départ je ne savais pas trop à quoi m’attendre.

L’organisation au top et j’ai été particulièrement impressionnée par le professionnalisme de l’équipe technique toujours au taquet et un running order respecté à la minute pour les neuf groupes en lice.

Ce samedi 16 novembre, j’ai survécu à la guerre et j’ai pris mon pied…. Que dire de plus ?

À l’année prochaine !

Qu’est-ce qu’un groupe de Ska, un de celtic punk et un de rock tzigane ont en commun ?

Dans le but de répondre à cette question, je me suis rendue le samedi 9 novembre dans notre belle capitale wallonne pour assister à la dernière date de la mini tournée de Camping Sauvach.

J’arrive au Belvédère, cette sympathique petite salle de concert nichée sur les hauteurs de la Citadelle. De manière générale, j’aime les petites salles mais j’aime particulièrement cette salle pour l’accueil sympathique de l’équipe et le cadre verdoyant.

La soirée débute avec Hastièrois de Super Hérisson qui nous proposent un ska rock festif et entraînant alors que la salle est presque déjà comble. Bon, de base, ce n’est pas mon style musical et je ne connaissais absolument pas le groupe mais les 45 minutes de prestation m’ont bien plu. Et ça avait l’air d’être pareil pour le public. Je me suis même surprise à chantonner les refrains, allez, en français, c’est plus simple même si on ne connaît pas les paroles !

J’avais vraiment hâte de revoir les Krakin Kelly’s et d’entendre en live les titres de leur dernier EP « Irish Tribute ».

Le show débute par « Promised Land », le titre qui les a fait connaître sur la toile. La salle est comble. Mon attente ne fût pas vaine avec quatre titres de leur dernier EP joués et, oh surprise, en plein milieu de la prestation, un titre inconnu, « Golden Youth » en avant-goût de la sortie du prochain album en mars prochain.

Une super prestation comme toujours et le public partageait cet avis. Le groupe a dû se prêter au jeu du rappel, la foule scandant « United… United !!! » à la fin du set. Ils en voulaient encore et ils l’ont eu pour le plus grand plaisir de tous.

La soirée se termina par les manouches de Camping Sauvach qui vont nous embarquer pour la dernière fois dans leur caravane.

Cinq ans après la dissolution du groupe, ces gais lurons avaient décidé une courte reformation le temps d’une mini tournée d’été. Une dernière fête pour dire adieu dignement aux fans de la première heure : un vrai dernier concert.

La fête fût magistrale et le public en voulait toujours plus !  Allez « dansez ! » jusqu’au petites heures, amis campeurs, la musique résonna tel « du vent dans les plumes » « des oiseaux de nuit » dans ce « petit monde » de saltimbanques. Le concert était sold out, le public en nombre s’était bougé les fesses pour soutenir la scène locale et ça fait vraiment plaisir à voir.

Donc pour répondre à ma question initiale, qu’est-ce qu’un groupe de ska, un de celtic punk et un de rock tzigane ont en commun ? Ma réponse sera : Ils fédèrent la bonne humeur, ils génèrent l’émotion et ils donnent un sens au mot « fête ».