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30.06.22 18:33

05.03.22 - In Theatrum Denonium

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C’est dans le très classieux théâtre de Denain que nous avions rendez-vous le 05 mars dernier pour le festival d’un jour In Theatrum Denonium organisé par l’association Nord Forge. Un cadre chic pour une musique qui ne l’est pas toujours et ce pour notre plus grand plaisir. Mais le décalage entre l’endroit et ce qui y était proposé a clairement eu l’effet escompté pour ce 6e acte qui arrivait à point nommé après une édition 2021 reportée pour des raisons sanitaires qu’il n’est plus nécessaire de détailler. Compte-rendu.   

Ce sont les Grenoblois d’Aluk Todolo qui entamaient les hostilités. Une excellente idée pour débuter puisque le trio instrumental français emmène son public dans son univers où se mélangent en permanence noirceur, lourdeur mais aussi douceur. Fort de passages qu’on devine en totale improvisation, le rock occulte du groupe se montre maîtrisé de bout en bout. L’ambiance qu’il parvient à distiller sur scène est énigmatique. Avec un effet aussi simple qu’une ampoule trônant au milieu de la scène pendant le set, et avec laquelle le guitariste s’amusera en fin de concert, les 3 musiciens ouvrent le festival par une sorte de rituel auquel le spectateur peut s’inviter s’il le souhaite.  

L’une des bonnes idées de la soirée aura été de faire jouer The Path Of Memory juste après, dans la petite salle située à l’étage et réservée au merchandising. Projet d’un vétéran de la scène black suisse, leader du groupe Borgne, The Path Of Memory nous donne rendez-vous pour une prestation intimiste orientée neo dark folk à la Death In June avec quelques bougies pour seul éclairage. Un moment suspendu et envoûtant qui ne manque pas de charmer un public amassé en nombre dans mais aussi hors de cette pièce pour grappiller quelques notes depuis le couloir.      

Retour à la réalité. Les Suisses de Bölzer ayant dû annuler leur venue, ce sont les Nordistes de Hats Barn qui auront eu la lourde tâche de les remplacer au pied levé et de fouler les planches du théâtre pour distiller leur black metal crasseux. Si les décors et la mise en scène un peu kitchs ne laissent aucun doute sur la teneur musicale, celle-ci est on ne peut plus classique et malheureusement pas toujours parfaitement exécutée. Ajoutez à cela de multiples problèmes de son (pauvre batteur) et vous obtenez un côté bancal qui se fait ressentir tout au long du set. Le côté « true » voulu par le groupe (notamment par un chanteur dégoulinant de faux sang ou de corpse paints et portant fièrement chaînes et ossements sur lui ou sur son pied de micro) ne sauvera pas la prestation d’un certain ennui. Pas génial donc. 

On attendait beaucoup mais pas autant de la formation suivante, Seth. Si les qualités des Bordelais sont connues et reconnues aussi bien en studio depuis leur premier album « Les Blessures de l’Âme » (1998) que sur scène, le groupe nous a encore une fois prouvé qu’il était un des piliers du black français. Fort d’une setlist faisant essentiellement honneur à leur dernier album en date, « La Morsure du Christ », Seth a ravi son public en offrant un concert majestueux, d’une précision quasiment chirurgicale sans être une simple reproduction de ce qu’il propose sur album. Les titres se voyaient dotés d’une réelle plus-value. Et même si une partie de la mise en scène finale voyant une muse à moitié nue se délecter d’un calice de sang aurait pu être passable, force aura été de constater que la forme générale et les différents jeux de lumières amenaient une réelle ambiance soufflant le chaud et le froid. Une réussite presque totale. 

Pour la mise en place et le soundcheck, la tête d’affiche du soir, Taake, a fait évacuer la salle. Avec le retard pris dû à leur vol, cela aura malheureusement eu pour effet pour eux d’écrémer dès le départ une partie du public ayant préféré regagner ses pénates ou simplement écluser quelques verres au bar. Quoiqu’il en soit, l’assistance qui s’est présentée avait pris rendez-vous pour un concert de pur black metal des familles assaisonné de punk comme savent si bien le faire les Norvégiens. Ce côté punk qui sera d’ailleurs un peu plus présent qu’à l’accoutumée cette fois-ci de par l’état du chanteur qui aura, dans une certaine mesure, assuré le show à lui tout seul. En effet, dans un état second voire carrément troisième, peut-être dû aux longues heures d’attente à l’aéroport, le leader Hoest assure certes ses parties vocales d’une manière plus que correcte mais semble se demander à plusieurs reprises où il est, s’écroule parfois sur les moniteurs de retour ou encore manque de flageller aussi bien les spectateurs du premier rang que ses musiciens en jouant allègrement avec le câble de son micro. Musiciens qui d’ailleurs ne trouvent pas toujours ça drôle comme en témoigne de temps à autre l’attitude de l’un des guitaristes. Quoiqu’il en soit, le concert se passe et on se console en se disant que le côté parfois foutraque de la chose fait partie du style et du côté « je m’en foutiste » d’un musicien à la carrière longue comme le bras, ayant collaboré avec la moitié de la scène culte norvégienne et n’ayant plus rien à prouver à qui que ce soit. À la sortie de la salle, certains des fans de Taake sont absolument conquis, d’autres, comme nous, se disent que même si ça tenait la route, un peu moins d’alcool dans le sang aurait probablement délivré un surplus d’énergie qui n’aurait pas été déplaisant. 

Malgré tout cela, notre bilan du 6e acte du In Theatrum Denonium (le premier pour nous) se veut positif. Un cadre décalé mais efficace, une organisation des plus sympathiques et sérieuses et de très belles surprises musicales nous font dire que nous y reviendrons sans déplaisir. 

Texte : GuiGui et Greg

Informations supplémentaires

  • Salle: Théâtre Municipal de Denain
  • Ville: Denain
  • Pays2: France
  • Crédit photos: GuiGui
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