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19.02.22 18:03

LE TUNNEL DE L’ENFER - "A Tribute To Daylight"

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Le concept de « concept album » est généralement une lame à double-tranchant. Que l’on soit fan du principe ou pas, il y a toujours un risque de lasser son public en traitant des mêmes thèmes, surtout si on reste musicalement sur quelque chose de constant aussi. « Le Tunnel De l’Enfer » nous prouve qu’il n’y a pas grand-chose à craindre. Déjà parce que leur EP fait environ la durée de deux chansons alors qu’il en compte sept (ça m’apprendra à vouloir du punk à l’ancienne !), mais aussi et surtout parce qu’ils sont pratiquement un groupe-concept, basé sur les films d’actions à l’ancienne, bien burnés, aux one-liners de brutasses bien ringardes et aux explosions nombreuses.

L’idée est loin d’être neuve, et on pourrait même dire que les années 2010s se sont efforcées de jouer sur cette corde nostalgique spécifique. Expendables au cinéma (quand ce n’était pas la continuation de franchises héritées de cette époque, Terminator ou Rambo en tête). Broforce ou la présence de Robocop en jeux vidéo. Et c’est sans compter les croisements avec la synthwave, néons et autres mouvements plus esthétiques, où l’on se retrouve alors avec des Kung Fury, des Far Cry Blood Dragon et j’en passe…

Ici pourtant, on a quand même l’impression de quelque chose de réellement neuf. D’une part, le groupe s’intéresse ici au film « Daylight » (ou « Le Tunnel de l’Enfer » au Québec… malin !) qui n’est pas forcément le métrage le plus connu du bon vieux Stallone. Mais en plus, ils chantent le film dans une cacophonie fracassante, dégoulinante même, qui ne nous accorde que de courtes accalmies lorsqu’ils emploient des voix samplées… Pour mieux nous retabasser derrière, évidemment ! Cela en fait un produit finalement assez difficile à évaluer franchement : peut-on juger des chansons si courtes, voire un album si court ? La musique proposée est austère pour le non-initié, mais c’est presque là le but avoué. Le groupe nous crache presque au visage, sans que l’on comprenne bien ce qui nous arrive, et on en redemande volontiers ! Le faut-il vraiment cependant ? Pas sûr que l’on tiendrait un album entier face à une telle cavalcade auditive… C’est bon, c’est puissant, c’est éreintant. Mais fiou, que ça fracasse !

Pour couronner le tout vis-à-vis de ce projet atypique, ce dernier est né et a évolué sous le prisme du covid… Ce qui signifie, dans les grandes lignes, que chacun s’est enregistré chez soi. Pour ensuite façonner ce drôle de patchwork bouillonnant à distance. Alors oubliez ce « 4/5 » : cet EP est inclassable et in-chroniquable. Il est un concentré de rage pure. Par contre, pas de doute : si les ingrédients sont connus, on n’avait rarement entendu quoique ce soit de ressemblant. Et rien que pour cela, y tendre une oreille prudente peut valoir la peine. Sans doute moins pour les fans de Sly que les keupons à la crête grisonnante qui veulent slamer sans interruption pendant la durée de cuisson d’une pizza surgelée. Et il y a peut-être que chez nous qu’on percevra ça comme un compliment !

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Punk Rock
  • Pays: France
  • Maison de disque: Minga Records
  • Date de sortie: 24.01.22
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Ale