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23.10.21 14:21

BLACK SABBATH - "Technical Ecstasy 2021 Remaster"

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J’affirme souvent que tout l’intérêt d’un remaster peut provenir d’une envie de remettre au goût du jour d’anciens classiques, ou parfois d’offrir une seconde chance à un album sous-estimé ou mal-aimé. Dans le cas de Technical Ecstasy, le deuxième scénario est plus probable, tant la réception de l’album fût tiède à l’époque (et personne ne semble vraiment s’être levé pour lui redorer le blason depuis… et ça fait quarante-cinq ans quand même !). On peut le dire : même chez les fans absolus de la légendaire formation, on retient cet album davantage pour son artwork atypique, pondu par le non-moins mythique collectif Hipgnosis, qu’à ses titres. Quid après plus de quatre décennies ?

Il faut bien le dire, les fans avaient toutes les raisons du monde d’être déçus. Exit le doom, le macabre, le pesant, le lugubre : seul un écrin de poésie noire subsiste pour nous rappeler les premières armes du groupe qui a tout débuté et plonger le monde du rock dans la pénombre. Bien sûr, Sabbath ne se limite pas à une sensation de malaise et des textes lugubres, portés par un groove inimitable lors des bridges. La voix caractéristique d’Ozzy et le talent virtuose des trois instrumentistes sont parfaitement préservés, donnant un résultat qualitativement irréprochable. Non, ce qui dérange, c’est bien la forme. Et ça n’a pas tant changé avec le temps hélas.

Les contemporains autant que les pros s’accordent pour dire que la peur aurait gagné le groupe, alors que le punk explosait et que l’incroyable innovation de leurs premiers opus se tassait doucement. Les poussant donc, logiquement, à vouloir se moderniser… Au point de trahir leur son, leur essence, leur fanbase. Le fait d’avoir désormais autant de recul rend l’épisode « Technical Ecstasy » d’autant plus incompréhensible et dénotant avec le reste de leur discographie, pourtant très plurielle et riche en rebondissements. De nombreuses prises de paroles intervenues par la suite font état d’un groupe bien au fait sur la déception liée à cet album en particulier… Après, certains parleront d’excuses ou d’effet de masse. De l’eau à bien coulée sous les ponts depuis en tout cas, en atteste cette ressortie d’ailleurs.

La vérité, comme souvent, se situe un peu dans l’entre-deux. Non, Technical Ecstasy n’est pas un mauvais album ou un album raté. Non il n’est pas dénué d’intérêt, de sens ou de bons moments. En fait, son apparente légèreté est aussi une force, et le groove classique de Sabbath opère toujours bien, rendant le tout à minima sympa à écouter. Les thématiques abordées sont surprenantes et gardent une plume aiguisée. On retiendra même « It’s Alright » chantée par Bill Ward, rare exemple d’une chanson interprétée par un batteur ! Le résultat est loin d’être mauvais ou même médiocre, et pour un fan de Sabbath, c’est déjà une petite raison de retenter une écoute. « Dirty Women » est un autre titre mémorable, avec quelques riffs plutôt cools et un rythme bien péchu et aux relents plus hard. Son bridge est vraiment top !

Que dire encore pour clore cette chronique ? Sans doute rementionner qu’un remaster en 2021 d’un album si mésestimé atteste que le groupe entend faire la paix avec lui-même, ou alors qu’il n’a de toutes façons plus rien à perdre et s’en moque donc éperdument. Peut-être est-ce ainsi qu’il faut l’appréhender ? Avec l’intention d’une (re)découverte qui, comme d’autres après lui, ne laissera pas forcément de souvenirs impérissables, mais nous fera dire que ce n’était finalement pas si mal que cela. À mes yeux, Technical Ecstasy est l’équivalent du Turbo de Judas Priest : souvent justifiés par une sortie trop hâtive ou une envie de changer d’air mal exploitée, on dira plutôt qu’ils ont tenté de faire quelque chose d’autre qui ne leur ressemblait pas. Intéressant pour l’histoire, assez quelconque au sein d’une discographie à la fois si vieille et si fournie.

Informations supplémentaires

  • Points: 3.5/5
  • Genre: Heavy Metal
  • Pays: Royaume-Uni
  • Maison de disque: Rhino Records
  • Date de sortie: 01.10.21
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Ale