14.12.20 11:03

THE BATES - "Unfucked Live"

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Cette chronique cristallise plusieurs remarques transversales faites au cours de nombreuses critiques passées de votre serviteur. Pour Die Grüne Welle et Serum 114, je questionnais par exemple la scène punk allemande, d’apparence très intéressante, mais très méconnue au détriment des deux mastodontes britanniques et américaines (et chez nous, un peu franco-belge aussi). J’évoquais lors de de multiples chroniques de post-punk ou de prog telles que pour San Leo, Plight Radio ou Threestepstotheocean la longueur des morceaux, au point d’affirmer qu’il serait plus simple de parler de « passage » préféré plutôt que de titre. Enfin, dans ma récente chronique sur le dernier né de Bearings, les nombreuses « écoles » du punk étaient rappelées, avec le côté fun, revendicatif, référentiel, nerveux ou émotif. Et c’est avec un certain amusement que les pensées se bousculent à ce sujet : vingt titres, dont certains ne font qu’à peine plus d’une minute. Un exemple parfait de la scène punk allemande. Et surtout : un style résolument old-school et pour cause : il n’y avait que ça à l’époque. Car après cette intro bien trop longue, il faut mentionner le plus singulier et remarquable de cette ressortie : l’originale a vingt-sept ans ! Et le groupe lui-même n’existe plus depuis presque deux décennies. Et c’est sans doute là que l’idée d’une ressortie prend tout son sens : vouloir célébrer un groupe potentiellement oublié, remettre au goût du jour une musique que toute une génération ignore. Et le fait qu’il s’agisse d’un live, en pleine pandémie et alors qu’un show punk est une véritable expérience entre blagues vaseuses, échanges de chopes et côtes cassées… y’a un côté doux-amer qui se mêle à la nostalgie. Il convient d’éviter l’hypocrisie en reconnaissant que oui, là aussi comme pour Bearings, ça traite beaucoup d’amour… Mais absolument pas de façon analogue ! Chez The Bates, on parle plutôt de filles. De celle que l’on déteste, celle dont l’amitié est moins bien que le béguin, mais mieux que le vide, celle qu’on aimerait se faire… Loin du côté un peu larmoyant des groupes plus pop qui suivront. Y’a des chansons s’apparentant à de grosses vannes. D’autres qui permettent de se la péter en gueulant très vite pendant une minute trente presque sans reprendre son souffle, ou de jouer de la guitare bardée de grosse disto, juste pour voir. En ce sens, les vingt morceaux sont très variés et s’enchaînent rapidement et logiquement, rien à redire. On pourra même chipoter un peu en se disant qu’avec des titres d’une ou deux minutes, ça fait un peu court le concert… Mais l’énergie est si communicative qu’on sera juste heureux de voir un tel vestige subsister et ressortir aujourd’hui. Et si cette chronique copieuse ne semble s’adresser qu’à ceux souhaitant revivre des souvenirs ou aux curieux, désireux de  découvrir à quoi ressemble le punk allemand, on veut adjoindre une troisième catégorie : les kepons tout court. The Bates se payent même le luxe (contrairement à leurs compatriotes susmentionnés) de chanter majoritairement en anglais. Alors aucune excuse pour ne pas redécouvrir ce groupe culte, et ses tout de même DIX albums.

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Punk Rock
  • Pays: Allemagne
  • Maison de disque: Glitterhouse Records
  • Date de sortie: 04.12.20
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Ale