16.01.20 13:04

15-18.08.19 - Motocultor

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Pour sa treizième édition, le Motocultor s’articule désormais sur quatre jours. Le jeudi est une journée plutôt spéciale centrée sur le thème celtique permettant de mettre des groupes régionaux en valeur. Durant cette période on retrouvera un village médiéval et des stands artisanaux. Les trois autres reprennent comme toujours des groupes divers et variés qui vont rythmer la cadence d’un festival mouvementé par les dégâts de la météo.

Jeudi :

Le festival débute sous la Massey Ferguscene avec Corus Corax qui va lancer la rythmique celtique du jour. Les Allemands nous partagent leur musique de Neo Folk Metal dynamique et prenante sous une bonne humeur communicative. Les sept musiciens sont vêtus de tenues de guerriers de l’époque accentuant cette thématique médiévale. Les sonorités des percussions, de la cornemuse et des flûtes sont d’une vigueur énergique efficace. La foule est réceptive et transportée dans une ambiance festive captivante. Corus Corax inaugure idéalement cette première journée sous des ondes positives.

On se dirige vers la Dave Mustage et on observe un détail : l'ajout d’une allée centrale qui servira dans la soirée pour la prestation d’Excalibur. Pour le moment, on retrouve les Occitans de Stille Volk qui vous nous enchanter dans leur univers. Leur folk médiéval est accompagné de chants et d’instruments populaires (cornemuse, vielle à roue, mandoline…). La musique reste simple, plaisante, entraînante et crée une sorte d’ambiance intimiste. Parmi ces morceaux traditionnels, on trouve ceux du nouvel album “Milharis”. Stille Volk réussit à captiver le public, conquis par cette prestation, dans une atmosphère singulière et planante.

Un des pères de la culture bretonne, Alain Stivell est venu nous partager les coutumes de la région, escorté de sa harpe et de ses musiciens. Ils nous font vivre les classiques bretons sous des airs de Rock Celtique dynamique en communion avec un public très diversifié. On y retrouve tous les âges, des jeunes comme des moins jeunes et pas uniquement des metaleux. Cet artiste est complètement en accord avec le thème de cette journée permettant de faire découvrir le festival à un nouveau public. Un moment de partage se crée entre les musiciens qui nous transportent avec leurs chants traditionnels devant un public ravi. Alain Stivell fait honneur à la Bretagne et emporte la sympathie de la foule qui acclamera l’hymne “Tri Martolod” à tue-tête (dont Eluveitie ,qui jouera plus tard la soirée, s’est inspiré pour son fameux “Inis Mona”).

On accueille sur la Dave Mustage le grand opéra celtique d’Excalibur fonde par Alan Simon, c’est la tête d’affiche et l’événement de la veillée qui suscite et attire toutes les curiosités. Ce projet ambitieux regroupe plus de cent vingt artistes, il se compose de nombreux invités prestigieux de formation celtique et rock, avec des membres de groupes comme Supertramp, Saga, King Crimson, Pentangle et Fleetwood Mac… On embarque dans plus de trois heures de représentation accompagnées d’un orchestre, de danseurs, d’une chorale d’enfants et des chœurs. Les petits plats sont mis dans les grands pour nous offrir un événement très spécial en festival.

Ce concert de trois heures est divisé en deux parties. La première célèbre les vingt ans d’Excalibur au travers une setlist survolant l’entièreté des projets et spectacles d’Alan Simon: L’histoire se déroule devant nos yeux et oreilles attentives qui vont, personnellement et comme beaucoup d’autres, décrocher petit à petit. On constate que cette prestation n’échappe pas à des soucis et un manque de rigueur. Ce concert grand et ambitieux s’avère cacher des vices un peu trop visibles. On observe qu’au fil de son déroulement, c’est décousu et mal organisé donnant un résultat brouillon. Ce qui bien sûr ne remet pas en cause la virtuosité des musiciens présents qui se relient au fur et à mesure de l’histoire tout en profitant de cette longue avancée de scène pour être mis en avant.  La seconde partie “The Origins”, dernier album d’Excalibur en date, évoque la légende du Roi Arthur. Cette seconde prestation plus théâtrale est constituée d’actes différents, on retrouve le chanteur d’Ange, Christian Décamps dans le rôle d’un grimé rythmant les interludes entre chaque morceau. Cependant cette partie est moins dynamique et prenante, on apparaît vite lassé, il est difficile de capter vivement l’intérêt et l’attention surtout pour les plus courageux qui sont présents depuis le tout début du set. Pourtant un tel événement mériterait d’être vu dans d’autre condition dans une salle en place assise pour capter avec plus de facilité le spectateur dans cette aventure.

Ces prestations d’Excalibur, laissent un sentiment mitigé … Le projet donne bien sur papier, mais sur scène on constate qu’il est délicat de coordonner tous ces éléments et artistes présents. Cependant, le concept reste ambitieux et le rendu fut respectable. Peut-être se limiter à la première partie pour célébrer les vingt ans d’Excalibur aurait rendu l’événement plus digeste.

La soirée se termine sous la Massey Ferguscene avec une foule compacte qui attend avec impatience le seul groupe Metal de la journée… Les Suisses d’Eluveitie sont toujours aussi imparables et efficaces avec leur mélange de Death et Folk Metal percutant. Le concert s’ouvre avec “Ategnatos”, titre éponyme du nouvel album qu'ils sont venus nous présenter. Le contraste entre les hurlements de Chrigel s’harmonise à la délicatesse et puissance de la voix de Fabienne. La setlist est bien équilibrée entre les titres les plus durs “King”, “Deathwalker” (…) et les plus doux “Epona” ou encore la ballade “Artio” sur laquelle Fabienne va nous offrir une prestation remplie d’émotion, sans oublier le surprenant “L'Appel des Montagnes” chanté en français. On constate que tous ces changements de line-up laissent place sur scène à une cohésion et une bonne humeur conviviale, alors que dans la fosse, on se donne à cœur joie dans les mosh-pit et les slams. Le set se conclut sur le traditionnel “Innis Mona” face à une foule qui chante en choeur, la boucle est bouclée pour la journée celtique !

Vendredi :

Après avoir joué sur la scène du camping hier soir, Mars Red Sky nous offre leur second concert cette fois-ci matinal sur la Dave Mustage. Le trio français joue un Stoner psychédélique puissant et mélodique nous transportant dans une ambiance planante. Ils profitent pour nous interpréter une nouveauté, “Collectors”, issue de leur prochain opus “The Task Eternal”. Un réveil en douceur dans une atmosphère conviviale qui permet de commencer cette seconde journée sur de bonnes ondes.

On continue avec les Suédois de Mustatch qui vont nous proposer un mélange explosif de Rock’N’Roll et d’Hard-Rock. Leur musique pêchue est à l’image de ses interprètes totalement survoltés et débordants d’énergie. Un dynamise communicatif se partage avec le public grâce à ces morceaux prenants taillés pour le live. Une prestation qui va mettre tout le monde d’accord, on s’amuse autant sur scène que dans la foule. Mustatch a frappé fort avec son Hard-Rock efficace et une vitalité bouillonnante.

Un changement total d’ambiance s'opère sur la Massey Ferguscène avec les Lituaniens d’Au-Dessus. Ils font partie de la catégorie des groupes (post) Black-Metal à capuche et sont signés sur le label “Les Acteurs de l’Ombre”, quelques indications qui laissent présager la couleur sombre de leur performance. Vêtus de noir et encapuchonnés, Au-Dessus amène un jeu de scène froid et statique, ne délivrant aucune émotion et communication pour nous permettre de nous imprégner de leur univers. L’atmosphère est lourde et délivre des ondes d’une noirceur plombante nous transportant ailleurs. On voyage dans une ambiance assez particulière très envoûtante sous des riffs et des hurlements tantôt sombres et malsains tantôt mélodiques. Au-Dessus dispense une prestation saisissante dans une sphère obscure qui aura pour effet de marquer nos esprits.

Le Stoner semble être mis à l’honneur sous toutes ses formes durant cette journée. On retrouve sur la Massey Ferguscène les Grecs de 1000 Mods avec leur Stoner psychédélique énergique et prenant. L’ensemble est efficace sous des riffs captivants et mélodiques qui délivrent de bonnes ondes et une intensité communicative. 1000 Mods propose des titres d’une durée prolongée de plus de cinq minutes, de fait la setlist paraît assez courte et on ne voit pas le temps défiler, on aurait voulu en entendre plus.

Sous la tente de la Dave Mustage, il y a de l’affluence pour accueillir les vétérans du Thrash Metal, Death Angel. Ils vont livrer une prestation très efficace, énergique et qui balance la sauce avec une puissance scénique impressionnante. Trente ans de carrière retranscrits au travers une setlist variée entre “Voracious Soulse”, “ Thrown to the Wolves” ou encore “The Moth” pour le plus grand bonheur de tous. Les Américains n’oublient pas leur dernier album “Humanicide” dont le titre éponyme conclut le set. Death Angel est une valeur sûre du Thrash Metal Old School et nous offre une prestation de qualité qui a su nous ravir et nous convaincre par son intensité vivifiante.

Le prochain concert m’amène à mon premier passage par la Supositor Stage, la seule des trois scènes non couvertes, un détail qui aura son importance au vu des caprices de la météo qui vont nous tomber dessus dans la soirée …

Tribulation connaît une ascension depuis la sortie de leur album “Down Bellow” et se relève être la curiosité et la découverte live de beaucoup de monde. On est plongé dans leur univers mêlé de Black et Death mélodique prenant toute son ampleur dans leur esthétisme gothique. Les musiciens sont maquillés, habillés en noir et blanc et mènent un jeu de scène aux mouvements désarticulés, apportant tout son charme à leur prestation. Les regards sont surtout rivés sur Jonathan Hultén, guitariste androgyne, il se livre à une danse remarquable tel un ballet très hypotonique. Tribulation crée une atmosphère troublante, psychédélique et sombre qui nous envoute.

On est reparti sous la Dave Mustage avec les Suédois de Soilwork qui sont venus défendre leur nouvel album “Verkligheten”. Leur Death Mélodique puissant et efficace nous séduit grâce à ses mélodies faciles, ses bons riffs et ses refrains entêtants. Une prestation de qualité bien exécutée charmée par leur aisance scénique surtout par Björn qui nous offre une belle palette de son coffre vocal dans les growls et la voix claire. Soilwork met tout le monde d’accord par la beauté et l’accessibilité de son Death Mélodique redoutable et émouvant.

On assiste à un changement radical de style et d’ambiance à la Supositor Stage alors que la pluie commence doucement à tomber avec The Casualties, les incontournables du Punk old school. En service depuis trente ans les punks n’ont pas dévêtu leurs crêtes et on en prend toujours de la graine avec leur énergie saisissante et leurs messages percutants. Leur nouveau chanteur David Rodriguez s’impose naturellement sur la scène tout comme les titres de leur dernier album "Written In Blood”. Le set se conclut sur leur fameux “We Are All We Have”, un hymne punk par excellence.

Alors que les conditions climatiques se dégradent, il y a de l’affluence à la Supositor Stage pour venir découvrir Gaahl dans son récent projet Gaahl’s Wryl. Son Black Metal atmosphérique va prendre une tout autre dimension et un côté mystique sous cette pluie battante. On est surtout captivé par la prestance très théâtrale et imposante de Gaahl, il restera stoïque de longues minutes sous l’averse lorsque le set se retrouve coupé à plusieurs reprises par les trombes d’eau qui noient le matériel technique. Le déluge continue à s’abattre et malgré tous les efforts mis en place la prestation sera interrompue avant la fin. Cependant, la foule est restée comme subjuguée par cette prestation hors du temps.

Il est temps de se mettre à l’abri sous la Dave Mustage et de prendre une bonne dose de fantaisie avec Nofx et leur formule efficace de Punk aux influences rock et reggae, comblé d’humour. Comme à son habitude Fat Mike fait son entrée dans une robe ridiculement remarquable. Le set est entremêlé de blagues qui défilent tout comme leurs morceaux dans une solide ambiance communicative. Nofx amuse la foule, on passe un bon moment sans prise de tête.

On retourne dans la réalité du déluge à la Supositor Stage, l’attente sera longue pour Watain après vingt minutes de retard dû aux conditions techniques difficiles, on est rassuré quand on voit s’éclairer la scène de toute flamme. La pyrotechnie est un élément central qui illumine leur performance et la transforme en un grand rituel, prenant une dimension particulière sous cette pluie qui continue de s’abattre. Première fois que j’assiste à un concert de Watain est c’est une vraie claque visuelle et sonore, qui sera malheureusement de courte durée: c’est complément noyée et gelée que je décide de partir avant la fin du show et de faire une croix également sur Turbonegro qui sera le dernier concert de cette soirée …

Jour 3 :

Après les intempéries de la nuit précédente, la météo est plus calme, cependant le site s’est transformé en une mare de boue. On commence cette journée dans la Dave Mustage sous les rites chamaniques des Russes de Nytt Land. Ils nous transportent dans une atmosphère épique et planante sous l’influence de leurs instruments traditionnels, d’une voix féminine arienne aux vastes envolées lyriques et d’une voix masculine tribale. Dans la lignée de Wardruna et Heilung, c’est le style de musique très ambiante qui nous emmène dans une sorte de transe. Un peu de douceur qui fait plaisir dès le matin.

Un petit détour s’impose sur la Supositor Stage pour découvrir le groupe à l’identité anonyme Undead Prophecies, sous leurs costumes de grande faucheuse, ils sont venus défendre leur nouvel album “Sempiternal Void”. Leur Death Metal old school délivre une puissance massive. C’est efficace et le public arrivé par curiosité les découvrir se laisse porter dans leur monde obscur.

Sous la Dave Mustage, les Canadiens de Cancer Bats vont tout ravager sur leur passage avec leur Punk hardcore. C’est explosif, énervé et énergique pour le grand bonheur du public qui se donne à fond dans ce joyeux bordel.

La Supositor Stage va accueillir un groupe des plus “what the fuck” avec Gronibard. Réputé pour leur non-sérieux, on s’attend à un concert complément barré. Dès leur arrivée remarquée sur scène, la couleur est donnée avec des déguisements ridicules: un habillé en princesse ou un autre à moitié à poil … Leur Grindcore va faire résonner une belle déconnade dans la fosse où les mosh-pit sont nombreux et où on voit voler des objets de toutes sortes comme du PQ … La performance frôle le grand n’importe quoi quand une bataille de boue éclate entre le groupe et le public se donnant à cœur joie. Il est sûr qu'on ne s’attendait à rien de sérieux avec Gronibard, on est venu s’amuser et cette bataille de boue restera mémorable vu l’état déplorable de la scène après leur passage. On adhère ou pas à ce genre de groupe décalé et complément déjanté.

Je préféré me diriger sous la Massey Ferguscène dans une atmosphère totalement contraire avec Wolvennest qui nous emmène dans un univers sombre avec un Post rock ambiant teinté de Doom et Sludge. La scène est décorée comme un autel orné de bougies et de crânes, le tout embrumé par de l’encens accentuant un côté intimiste et gothique. Leurs thématiques obscures s’accordent avec leur musique prenante, lourde et mélodieuse avec Sharon qui apporte une voix envoûtante. Une pointe d’originalité vient appuyer leurs sonorités avec un instrument mystérieux : le thérémine. Un soupçon de magie et une ambiance ensorcelante nous charment, Wolvennest fait partie de mes belles découvertes live.

Une bonne partie de l’après-midi est consacrée aux découvertes: on commence par la puissance et technicité du Brutal Death des Brésiliens de Krisiun qui vont faire vibrer la Supositor Stage. On passe ensuite à la Dave Mustage pour une trouvaille des plus plaisante avec les Suédois de Freak Kitchen qui vont nous partager dans la bonne humeur leur Heavy Metal singulier à la pointe progressive.

Sous la Dave Mustage, le dépaysement est garanti avec les Islandais de Sólstafir qui nous font voyager dans leurs terres désertiques et sombres. Une escapade qui commence peu à peu avec “Ótta” et nous laisse s’évader vers une musique atmosphérique, contrastée de douceur et de lourdeur, chargée en émotions déchirantes grâce au chant particulier d’Addi. Même si parfois sa voix manque de rigueur, elle est appuyée par les autres musiciens, dont Ragnar Zolberg, présent en remplacement à la basse. Un instant suspendu dans le temps se concluant avec le percutant “Goddess of the Ages” où Addi vient à la barrière partager un ultime moment en communion avec le public.

On poursuit avec Trust qui va faire résonner son Hard Rock engagé: en service depuis quarante ans la bande de Bernie et Nono continue d'écumer les scènes. Leur prestation ne m’a pas du tout convaincue, elle est centrée sur leur dernier album “Dans le même sang”, fade au premier abord et ça se ressent en live. Les grands classiques semblent être mis au placard, juste l’exception pour “Antisocial” qui va finir par réveiller la foule, venue, il faut bien l'avouer

chez certains pour entendre ce morceau culte …

Malgré des conditions météo chaotiques … On attaque un autre cru avec les festivités finlandaises de Korpiklaani, et leur Folk Metal imbibé de bonne humeur et d’alcool va mettre tout le monde d’accord. La scène est aux couleurs de leur album “Kulkija qu’ils sont venus célébrer, sans oublier leurs classiques “Beer Beer” et “Vodka”. Un set doublement efficace et une belle ambiance communicative vont transporter la fosse dans une vague jovialement festive.

Alors qu’on assiste à un vrai déluge, entre averses et vent, digne d’une tempête, je pars m’évader à la Massey Ferguscène sous la douceur des mélodies d’Anathema. Leur Rock progressif est un mélange de tonalités planantes et entrainantes remplies d’émotions fortes qui vont prendre une dimension toute particulière avec le son de la pluie qui s’abat durant tout le set. Vincent Cavanagh est d’humeur bavarde ce soir et à notre surprise il s’exprime dans un français approximatif et va sortir toute sorte de banalités : “fuck la pluie, fuck le Bretix” …. Revenons sur la prestation qui est accentuée avec les écrans diffusant des images ou vidéos de paysages qui renforcent ce côté immersif. La voix de Lee Douglas apporte toujours son charme supplémentaire dans cette douceur qui s’entremêle à la pluie battante et ce mélange va être des plus marquant sur “A Natural Disaster”. Cette émotion et subtilité pure va nous faire vibrer durant tout le set qui se conclura en beauté sur “Untouchable, Part 1”. Anathema fait vivre un moment rempli de passion comme à son habitude, on est conquis. On apprendra notamment qu’un album est en cours de préparation pour 2020.

Jour 4 :

La nuit fut courte et certaines tentes, tonnelles ou toute autre panoplie du bon campeur n’auront pas tenu le choc durant cette soirée très agitée par un climat capricieux. On retrouvera le site du festival dans un terrain vague de boue, mais c’est avec plaisir qu’on voit enfin le beau temps revenir pour attaquer cette dernière journée !

Le réveil va être des plus percutants avec Get The Shot, ils vont tout retourner sur leur passage et secouer la foule avec leur Hardcore accentué de Thrash. Jean-Philippe Lagacé (chant) ne reste pas en place et dans cette énergie débordante il saute et se balade de long en large sur scène en enchaînant les allers-retours à la barrière et motive le public dans ce rythme effréné. On ne sait plus où donner de la tête dans ce concentré de puissance délivrée par cet Hardcore efficace. Dans la foule les mosh-pit frappent fort, on assiste même au slam d’une tente Quechua (rescapée très probablement du camping) et un immense circle-pit. Get The Shot a tout retourné sur son passage, on commence fort ce début de journée.

Sous la Massey Ferguscène, on participe à la curiosité du jour avec Vampillia et leur Metal expérimental qui va retenir toute mon attention avec une musique qu’on peut classifier de Post hardcore complètement déchaîné de violence et de douceur. Les éléments traditionnels (guitares, batterie, basse) se mélangent aux sonorités de violons, clavier et le chant hurlé de Mango, créant une musique contrastée. Cette dissonance auditive est intéressante et déstabilisante, je reste dubitative durant tout le set à savoir si j’aime réellement ce que j’entends. Chaque morceau a une construction percutante et complètement désarticulée, nuancée de violence et de délicatesse. L’invité surprise du jour Neige (Alcest) venu prêté son chant hurlé pour quelques morceaux rajoutant un vrai plus. Quant à Mango, ce personnage est aussi haut en couleur que sa musique il est totalement déchaîné sur scène et se laissera porter par le public alors que la prestation n’a même pas débuté, il fait une entrée remarquée en hauteur sur un pilier du chapiteau. Pour conclure, Vampillia livre une prestation des plus percutantes et originale qui fait sensation.

Sous la Dave Mustage, on se prépare à assister à l’étrange cirque de Pensées Nocturnes, leur Black Metal avant-gardiste résonne avec une pointe de festivité malsaine accompagnée d’instruments en cuivres trombones, trompette … Vaerohn (chant) va nous transporter dans cet univers macabre et à la rythmique sombrement folle. Il est conseillé pour les phobiques de Clown de prendre leurs distances. La troupe joue grandement sur la mise en scène avec des éléments rappelant le cirque dans les moindres détails: de leurs costumes à leurs maquillages ou des corpse paint effrayants.  Les sonorités sont dissonantes et pourtant la rythmique est efficace, énergique et surtout très joviale. La horde de Pensées Nocturnes offre un spectacle orignal, sombrement décadent et festif qui nous saisit.

On change complètement d’ambiance et de style sous la Massey Ferguscène: les Islandais The Vintage Caravan vont frapper fort avec leur Rock classique et psychédélique inspiré des années 70’s. Le trio va balancer avec puissance des sonorités rock remplies de bonnes ondes issues principalement de leur dernier album “Gateways”. Les musiciens, malgré leur jeune âge, font le show et transportent avec aisance la foule dans leur dynamisme et bonne humeur communicative. L’impact se crée, la musique est pêchue, forte et prenante, The Vintage Caravan séduit avec efficacité.

Toujours sous la Massey Ferguscène, les Italiens de Ufomammut vont nous faire vibrer avec leur Doom aux nuances de Sludge psychédélique. Le trio nous envoute avec le bourdonnement de leurs riffs dans une ambiance lourde et oppressante. Même si le groupe a déjà vingt ans d’existence, je découvre seulement leur univers et ce que j’entends me satisfait, c’est percutant et captivant.

Le chapiteau de la Dave Mustage est plein à craquer pour accueillir l’OVNI de cette programmation tant attendu : Henri Dès. Du haut de ces soixante-dix-hit-ans il a créé son groupe Henri Dès & Ze Grands Gamins avec son fils Pierrick Destaz (batterie) et Raphaël Ortis (guitare) pour revisiter sa discographie dans un registre électrique plus rock/Metal. Alors que le concert n’a même pas commencé, la foule s’impatience et acclame “Henri, Henri, Henri” comme une vraie rock star ce qui en dit long sur l’ambiance électrisante qui va suivre. Les festivaliers sont dans un délire des plus total et on va battre tous les records de pogos à profusions, de slammeur des petits et grands et des chenilles-pit (c’est comme les circle-pit mais en plus fun)! On chante à pleins poumons ces morceaux cultes de notre enfance : la mélasse”, “Ohé le bateau”, “La Petite Charlotte” ou encore “Les bêtises à l’école” …  Et on retombe dans nos jeunes années avec une atmosphère complètement hystérique, festive et contrastée par cette musique plutôt soft mais qui a transformé le pit en un vrai champ de bataille. Henri Dés restera sans voix face à l’ovation qui lui sera réservée à la fin de cette prestation remarquable. Le pari est réussi, Henri Dès & Ze Grands à fait revenir une horde de metalleux en enfance dans une ambiance complément déjantée.

Retour à la brutalité sur la Supositor Stage avec Aborted qui va tout déchirer sur son passage avec leur Brutal Death Metal violent et puissant. Les Belges sont venus défendre leur dernier et excellent album “TerrorVision” dont la scène est habillée à son effigie. L’introduction retentit et on enchaîne les morceaux dans une énergie explosive aux riffs ravageurs. Sven de Caluwé (chant) délivre beaucoup d’intensité et interagit avec une foule complément déchaînée se donnant à fond et qui déclenchera un circle-pit tout autour de la régie. La prestation est puissante et violente, on ne voit pas les morceaux défiler dans cette furie, Aborted a frappé fort.

Sous la Dave Mustage, les Suédois d’Avatar sont très attendus pour leur grand Freak-show. Nous assistons au dernier concert de l’ère d’Avatar Country en Europe et le groupe est très enthousiasme de partager ce moment avec nous. Le charismatique Johannes Eckerström se comporte en vrai maître de cérémonie et va se mettre l’assistance dans la poche en partageant son humour et sa bonne humeur communicative. Leur musique puissante et joviale rythme avec efficacité, ce grand spectacle millimétré et cadré, mais totalement burlesque. On est transporté dans le pays d’Avatar avec une setlist qui nous ravit par ses incontournables : “Hail the Apocalypse”, “Paint Me Red” ou encore “Bloody Angel”, chantée en cœur par le public. Dans cette énergie fougueuse, Avatar nous en met plein les yeux et les oreilles, on a hâte de les revoir avec leur nouvel album en préparation pour 2020.

La soirée se poursuit et on va frapper fort avec Hatebreed venus célébrer leurs vingt ans sur scène. L’ouverture est des plus fracassantes sur l’incontournable "Destroy Everything” qui va marquer la rythmique vigoureuse et saisissante dégagée par leur Hardcore. En ce début de concert déjà bien agité, on assiste à un slam d’une personne dans une poubelle … Jamey Jasta (chant) déborde d’énergie et va communiquer avec le public pour les faire bouger et sauter aux rythmiques dans cette énergie redoutable. Hatebreed délivre une prestation retentissante du pur Hardcore “in your face” qui a tout retourné sur son passage.

La fin du festival approche et la journée se termine dans une des ambiances les plus festives avec Carpenter Brut, qui va nous transporter sous les sonorités de sa sombre Synthwave. Je prends du recul pour profiter des jeux de lumière et des lasers qui accentuent le côté hypnotique donnant toute sa dimension à la prestation appuyée avec la diffusion sur l’écran d’extrait de films gore, rétro et des paroles des morceaux. Le set est carré et envoi du lourd. On est transporté dans cette expérience électrisante, dans une ambiance des plus bouillonnante. On se défoule et danse à cœur joie sur “Leather Teeth” ou encore “Le Perv” et on chante à tue-tête sur “Beware The Beast” et “Cheerleader Effect”. La prestation va se conclure à son apogée et en hystérie collective avec la reprise de “Maniac” (Michael Sembello) transformant la fosse en un karaoké géant reprenant ce titre culte à pleins poumons. Carpenter Brut a électrisé la fosse dans une ambiance survoltée. C’est, sous ces ondes de joie et de bonne humeur, que s’achève parfaitement cette édition du Motocultor. (Même s’il reste le passage de Bloodbath sur Dave Mustage pour les plus éveillés et téméraires)

Cette treizième édition rencontre un franc succès avec 45 000 personnes présentes sur les quatre jours. Malgré une météo qui a mis les festivaliers à rude épreuve et quelques soucis d’organisation, le négatif est vite oublié pour se centre sur le positif. Le Motocultor a réussi à nos offrir une programmation riche avec des groupes de style divers et variés. Le format quatre jours sera encore au rendez-vous l’an prochain avec l’annonce d’Heilung pour le jeudi promettant une nouvelle journée à thème … On remet ça en 2020 pour la quatorzième édition !

Informations supplémentaires

  • Ville: St Nolff
  • Pays2: France
Lu 1294 fois Dernière modification le 16.01.20 13:09