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28.11.19 16:13

Sabaton

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Depuis vingt ans, Sabaton évoque les conflits, batailles et guerres qui ont marqué notre histoire. Leur nouvel album “The Great War” est un album lourd de conséquences, sombre et épique, retraçant un sujet important de notre histoire : la Première Guerre mondiale.  Joakim Brodén nous en dit plus : il nous parle de la promotion à Verdun ainsi que sa passion pour l’histoire :

Pour commencer, revenons à cette aventure étonnante et un peu folle entre Knotfest et Hellfest. Quels souvenirs en gardez-vous? C’était inattendu pour toutes les personnes présentes et pour nous. Mais on y a pris beaucoup de plaisir. Lors de la seconde soirée, j’étais vraiment honteux de ma voix : en effet, on fait cela depuis vingt ans et je ne l’avais jamais perdue comme ça.  Cela m’a surpris, d’habitude, même si je ne peux pas parler, je peux encore chanter.  Je ne sais pas ce qui n’a pas fonctionné cette fois. Néanmoins, je suis heureux et fier d’être avec des gars comme Tommy et Chris qui ont assuré au chant. À l’heure actuelle, je suis toujours déçu de n’avoir pas vu Manowar, car je le voulais vraiment.

Comment expliquer le fait que Sabaton ait été choisi pour remplacer ManowarJe pense que c’était parce que nous étions sur place et comme nous sommes le groupe qui se rapproche le plus musicalement de Manowar… Toutefois, je n’en suis pas certain et je ne peux donc rien affirmer. En plus, les autres groupes qui étaient à l’affiche étaient déjà tous partis. Nous, nous avions prévu de rester un jour de plus au Hellfest pour les médias et aussi pour regarder Manowar, forcément nous étions encore là. On a dû faire vite, car nous devions nous rendre au Graspop et il fallait que nous rechargions nos batteries.

Pendant certains festivals tels que le Knotfest et Hellfest, vous avez joué avec le chœur du “Great War”, cela devait être une expérience vraiment incroyable pour vous et pour le public. Est-ce que ce chœur sera présent durant votre prochaine tournéeIls ne seront pas présents pour la tournée à venir, mais pour le Wacken c’est sûr. Nous verrons ce que le futur nous amènera. Nous aimons beaucoup travailler avec ces gars. Ils ne viendront probablement pas dans tout ce qu’on va faire pour des raisons évidentes : ces gars ont plus de vie que nous en avons (rires). Ils n’aimeraient pas être dans un bus de tournée ou dans un aéroport deux cents jours sur l’année. Je ne pense donc pas qu’on puisse les avoir avec nous lors de tous nos concerts. Travailler avec eux, c’est vraiment bien, et j’aimerais encore faire quelque chose avec eux dans le futur. Mais comme dit précédemment, nous n’avons pas d’autres plans avec eux pour le moment à part le Wacken.

Parlons maintenant du nouvel album “The Great War! Cet album évoque la Première Guerre mondiale, pourquoi avoir choisi ce sujet? Est-ce parce que cette guerre a célébré son centième anniversaire l’année dernière ou y a-t-il d’autres raisonsLa Première Guerre mondiale est avec nous depuis l’école. Nous avons commencé à faire des recherches pour ''Art Of War'' en 2008, lors de la création de l’album. Pär et moi, on a lu tellement d’histoires à propos de cette guerre. Nous avons pensé que nous devions faire un album complet qui ne parlerait que d'elle, car il y a tellement de choses à dire. Toutefois, à ce moment-là, cela n’avait pas beaucoup de sens de choisir ce thème pour ''Art Of War'', puisque nous recherchions un conflit ou une bataille précise. C’était toujours dans ma tête depuis un long moment et encore plus en 2014, où cela faisait cent ans que la guerre avait débuté, et en 2018, où l’on célébrait les cent ans de la fin de la bataille. Il y a un an et demi, nous avons décidé qu’il était temps de faire cet album et on a commencé l’enregistrement le 11 Novembre !

Si je ne me trompe pas, c’est donc la première fois que vous faites un album concept pour parler de la même guerre sur un album entierNous avons fait “Carolus Rex” qui parle de l’Empire de Suède sur cent ans. Mais ça ne parlait pas d’une guerre unique. Il s’agissait de conflits différents. Ce n’est donc pas un album concept, c’est plutôt une suite chronologique. Du coup, tu as raison, ce n’est pas la même guerre sur tout un album.

Vous avez fait la promotion de l’album à Verdun même, c’était important pour vous d’y aller? Et quels souvenirs et expériences en gardes-tuPour nous Verdun c’est une bataille importante de la Première Guerre mondiale et peu importe tout ce qu’on a lu sur le sujet nous devions y aller. Pour diverses raisons, nous n’avions jamais eu l’occasion de nous y rendre. Du coup, on y est allé et nous avons voulu le montrer aux journalistes du monde entier. Il y avait même des personnes qui sont venues d’Inde pour ça. Nous trouvions, d’un point de vue logistique, que Verdun était un très bon endroit, car il y avait plein de possibilités. Nous avons pu avoir des hôtels pour que tout le monde puisse dormir et il y avait plein de lieux que nous pouvions visiter. Nous voulions en montrer le plus possible, mais surtout découvrir tout cela pour nous. Nous sommes donc arrivés trois jours avant les journalistes. Des personnes ont ensuite écouté l’album et on a fait des interviews. D’autres journalistes se sont rendus dans les musées, les mémoriaux, les champs de bataille… On désirait qu’ils découvrent tous ces endroits. De mon point de vue, Verdun était un choix parfait.

Cet album est disponible en trois versions : ''Normal'', Historyet ''soundtrack édition''. Pourquoi avez-vous fait ce choix plutôt original ? La version normale, c’est juste du Heavy Metal et c’est logique. La seconde c’est l’édition “History”, je recommande à tout le monde de l’écouter en premier, car elle permet de planter le décor. Si tu n’as pas encore écouté l’album écoute l’édition “History”,  une voix va te guider et te donner des informations et faire la narration. Cette voix met en scène chaque morceau et te permet de connaître quels conflits et quelles batailles sont évoqués. Grâce à cela, tu n’as pas besoin de lire les paroles et de te focaliser dessus pour savoir ce qu’il se passe. Je trouve que cette édition est l’idéale pour écouter l’album. A contrario, si tu es dans une soirée avec des amis, que tu fais un barbecue et que tu ne veux pas entendre ce que je dis, il faut choisir la version normale. La version soundtrack est orchestrale, un peu comme une bande-son de film. Si tu es plutôt fatigué, choisis cette édition.

Je pense qu’il est important pour toi que les auditeurs sachent ce que les paroles évoquent… Oui, mais je pense que c’est différent pour chacun. Certaines personnes écoutent Sabaton vraiment pour le côté historique, ce qui est une bonne chose, car j’adore ça. Nous passons beaucoup de temps sur l’écriture des paroles. Pour d’autres, c’est pour écouter la musique, boire des bières et chanter en même temps. Je ne vois pas quelle alternative est meilleure que l’autre. Si tu te préoccupes de la musique et des paroles, c’est clair que j’adore ça, car on le fait aussi. Mais si tu es plutôt du style à juste écouter la musique et à chanter en même temps, c’est aussi très bien. C’est juste que tu manques ta chance d’écouter un extra de Sabaton.

Est-ce que la version “History” rejoint le concept de votre chaîne YouTube Sabaton HistoryLa chaîne Sabaton History c’est un rêve qui est enfin devenu une réalité. Pär et moi, on en parlait depuis dix ou quinze ans, on se disait que ce serait génial de faire des documentaires sur chacune de nos chansons. Ce que nous faisons, c’est d’essayer de couvrir un conflit en un album d’Heavy Metal d’une quarantaine de minutes. Essayer de couvrir ''The Great War'' en 40 minutes, ce n’est pas faisable. Verdun, c’est neuf mois et vingt-sept jours de bataille et j’essaye de raconter tout ça en trois ou quatre minutes, ce n’est pas possible non plus. Notre musique ne peut être plus qu’un teaser, comme une bande-annonce de film. Ce que nous faisons sur notre chaîne ''Sabaton History'', c’est donner des informations sur comment sont créées les chansons. Ce sont des épisodes qui durent environ dix à quinze minutes avec généralement une petite introduction comprenant des anecdotes de studio, des souvenirs ou une histoire drôle. Ensuite, c’est dix minutes d’Histoire pure narrée par des Historiens, par des chercheurs. Nous adorons l’Histoire, mais nous ne sommes pas des professeurs. Nous sommes passionnés, nous ne sommes pas des experts. Grâce à cette aide, à chaque épisode, j’en apprends encore beaucoup. Peu importe les recherches, les livres qu’on a lus, les vidéos et documentaires visionnés, c’est à chaque fois du nouveau pour nous lors de la création des épisodes. Et j’adore ça ...

Je trouve que “The Great War” est plus épique. Est-ce dû à ce conceptEn choisissant le sujet de la Première Guerre mondiale, il nous a semblé plus évident que cet album devait être plus sombre, plus atmosphérique et épique. Surtout que cette guerre est pour moi, un moment très sombre dans l’histoire humaine. Donc, cela devait se ressentir dans la musique et dans l’atmosphère de l’album : depuis la composition des chansons, des paroles, de la production jusqu’au son en studio. Un titre comme l’avant-dernier de l’album ‘' The End Of The War To End All Wars''est une chanson qui parle d’un moment important donc cela la rend épique et je pense que l’édition ''History'' rend cela encore plus important.

Sabaton célèbre son vingtième anniversaire, qu’en pensez-vous rétrospectivement? On peut considérer Sabaton comme un pionnier du genre Heavy Power MetalC’est une bonne question (rires), je n’en ai aucune idée. Pour notre vingtième anniversaire, on ne savait pas ce que nous voulions faire, en fait. On a essayé de se mettre à la place des fans de notre groupe en se disant : qu’est-ce qu’on attendrait de notre groupe préféré pour ses vingt ans ? Nous voulions en parler en musique. Donc, nous avons pensé à faire une chanson et de trouver un moyen de la rendre gratuite. Nous nous sommes demandé quel sujet devait être abordé. Nous avons demandé à nos fans de nous soumettre des idées d’histoire. Nous avons choisi le sujet le plus demandé, c’était sur Bismarck. Nous avons ensuite écrit la chanson et créé un clip. Nous l’avons mise en ligne sur YouTube pour qu’elle soit accessible à tous. C’est donc cela que nous avons fait pour notre anniversaire. Mais je pense que ça n’a pas plu à tout le monde. Les gens étaient énervés, car ils ne pouvaient pas l’écouter sur Spotify, Apple Music ou Deezer. Mais c’était offert ! Nous avons donné une chanson et une vidéo. Nous avons ensuite changé cela et maintenant, ce titre est aussi disponible sur les plateformes.

Et le fait que je vous demande si vous êtes un pionnier du Heavy Power Metal, car je ne pense pas qu’un autre groupe fasse la même chose que Sabaton de parler d’histoire dans l’ensemble de vos chansons. Oui, pour nous, c’est tellement évident. À l’époque, il y a vingt ans lorsque nous étions un petit groupe et que nous écrivions des paroles, on ne trouvait pas ça amusant alors qu’il était nécessaire de le faire. Mais quand nous avons commencé à chanter au sujet de l’histoire militaire, ça a pris du sens, c’était logique et c’était intéressant pour nous. L’écriture signifiait quelque chose, car il y a tellement d’histoires incroyables dans le passé, que ce soit au niveau de la Suède, de l’Amérique, de la France, de l’Allemagne… Il y a tellement de faits historiques passionnants dans le monde entier qui ont été oubliés. Nous nous sommes dit : et pourquoi ne pas être le groupe qui chante sur ces sujets plutôt que de chanter sur des thèmes comme la bière, la moto, la drogue, le sexe ou des choses comme ça ?

Pourquoi avoir choisi de parler d’Histoire ? C’est une passion pour toi ? Oui c’est vraiment une passion. Comme je l’ai dit, nous ne sommes pas du tout des experts, nous avons juste de bonnes connaissances sur les sujets que nous évoquons dans nos chansons.  Et bien sûr un peu plus sinon nous ne pourrions pas faire ça. Mais j’adore lire sur le sujet de l’Histoire et pas uniquement sur l’Histoire militaire. C’est tellement logique de mélanger l’Histoire militaire à du Heavy Metal pour des raisons évidentes. Donc oui, l’histoire est une passion, mais je ne suis pas un expert.

Pour conclure, vous serez en tournée en Europe l’année prochaine, qu’est-ce que nous pouvons attendre? Les décors de scène que vous nous aviez proposés durant les festivals vont changer ? Les décors vont être les mêmes, mais nous allons les améliorer et les développer. Nous allons élaborer une maquette que nous pourrons amener dans les grands festivals et dans les salles de taille moyenne également. Nous allons avoir un champ de bataille de la Première Guerre mondiale sur scène. Nous serons limités par les contraintes de la scène telles que : quelle taille, quel poids et surtout combien d’énergie pouvons-nous consommer. C’est la première fois que nous avons un budget pour faire cela. Mais si nous sommes fauchés, ça va aussi, on peut le faire aussi (rires)

Lu 1794 fois Dernière modification le 28.11.19 17:48